Chaque nouveau conclave apporte son lot de questions quant à la raison d’être du Vatican.   Même si les journalistes sont massés à la place Saint-Pierre, signe d’un intérêt encore évident, son influence est accueillie avec scepticisme de l’autre côté de l’Atlantique. Malgré tous les maux qui rongent le Saint-Siège, une seule personne reste toujours aussi populaire au Québec : le pape François.

«Le style François est apprécié. Il a trouvé le ton pour s’exprimer sur tous les sujets, et ça, c’est très difficile pour n’importe qui, église ou non», affirme d’entrée de jeu le directeur des communications de l’Église catholique de Québec, Jasmin Lemieux-Lefebvre. Attablé sous une immense affiche, «Dieu réunit ceux qui s’aiment», l’homme se fait un devoir de répondre à toutes les questions sur le diocèse qu’il représente, et ultimement sur le Saint-Siège.

«François est arrivé tout de suite en montrant qu’il ne resterait pas dans la résidence pontificale, mais dans un humble appartement, ça a marqué beaucoup de personnes», explique l’ancien étudiant de l’Université Laval. Une popularité que ne peut nier Gilles Routhier, le doyen de la faculté de théologie et de sciences religieuses, aussi à l’Université Laval. « C’est un type qui je pense, parmi les leaders mondiaux actuellement, a le plus de popularité au Québec, plus qu’Obama encore», énonce le doctorant en théologie.

Malgré la popularité de son chef dans la Belle Province, le Vatican a un long chemin de croix devant lui avant de recevoir l’absolution des Québécois.  Les scandales qui ont ébranlé le Saint-Siège ne sont pas près d’être oubliés. «Ça a pu nourrir l’espèce de soupçon que l’on pourrait avoir, révèle Gilles Routhier. À partir du moment où il y a des fuites, on parle d’un secret, ça entretient l’idée qu’ils ont des choses à cacher et ça ne doit pas être beau.» De son côté, Jasmin Lemieux-Lefebvre reste lucide devant la réputation de la curie romaine. « Quand on parle du Vatican, c’est souvent par le prisme de scandales. Après des années où le message revient de façon cyclique, ce qu’on entend quand on en parle c’est soit “richesse” ou “déconnecté”»

Reste que le Vatican et ses mystères passionnent encore les habitants de ce côté de l’Atlantique. Un intérêt que Gilles Routhier décrit comme étant ambivalent. «Il y a en même temps un attachement, un intérêt et une affection et il y a aussi une méfiance et parfois même une certaine agressivité, donc on est dans une période où les sentiments sont mêlés», nuance-t-il. Le porte-parole de L’Église catholique de Québec compte sur le pape François pour tourner la page sur les péchés du passé. « Les soubresauts qu’il y a eu au Vatican, les scandales financiers, on aimerait se dire que c’est quelque chose du passé. [Le pape François] a tout mis en place pour que, dans les prochaines années, on puisse voir et sentir ces changements-là», affirme Jasmin Lemieux-

Visite papale

La dernière visite d’un pape dans la province remonte à celle de Jean-Paul II, en 1984. À l’époque, sa venue avait enflammé le pays tout entier. Une flamme que tentent de raviver le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, et le maire de Montréal, Denis Coderre. Les deux personnalités politiques espèrent saluer le pape François en personne lors du 375e anniversaire de la métropole montréalaise, dans 2 ans. Gilles Routhier a pourtant quelques réticences. « Il va avoir 79 ans au mois de novembre, justifie-t-il. 2017, ça le met à 80 et quelques années, il va quand même se ménager un peu parce qu’il mène un train de vie fou.»

Nul n’est prophète en son pays, même pas le directeur des communications de l’Église catholique de Québec, Jasmin Lemieux-Lefebvre, qui garde pourtant espoir. «Je ne rejette pas du tout du revers de la main la possibilité qu’il vienne, mais c’est une mince possibilité. On va le savoir six mois à un an avant, déclare-t-il. Si ce n’est pas en 2017, ce ne sera que partie remise. Le pape reviendra au pays un jour ou l’autre et on sera prêt à l’accueillir», conclut-il, sourire en coin.