Maya Jegen, professeure au département de sciences politiques à l’Université du Québec à Montréal (Courtoisie de l’UQÀM).

Maya Jegen, professeure au département de sciences politiques à l’Université du Québec à Montréal, souligne la dimension politique de l’exemption: «Les libéraux voient que dans les sondages, leur popularité baisse. Ils savent aussi que dans les provinces atlantiques, ils ont 24 sièges sur 32. Évidemment qu’ils aimeraient bien les garder pour les prochaines élections,  ce qui expliquerait notamment que cette exemption a été accordée dans une optique de gains électoraux ».

Toutefois, le calcul politique était mal avisé. En effet, les partisans en faveur de la mesure pour des raisons environnementales expriment leur déception, tandis que ceux qui la remettent en question ont maintenant une opportunité pour la critiquer librement. Même au sein des provinces de l’Atlantique, la période d’exemption de trois ans pourrait inciter les citoyens à voter pour le Parti conservateur afin de la rendre permanente.

« C’est clair que c’était un geste politique, après je me demande si c’était si intelligent sur le plan politique », remarque Maya Jegen. 

Malgré tout, Mme Jegen recommande de ne pas conclure sur disparition imminente de la tarification fédérale du carbone. Bien que la politique ait été affaiblie par les événements récents, elle subsiste. D’ici les prochaines élections, le défi des libéraux réside dans leur capacité à communiquer efficacement. S’ils souhaitent défendre leur mesure, ils devront prouver aux Canadiens la valeur environnementale ainsi que la crédibilité de la tarification du carbone, et ce, malgré les obstacles créés par l’exemption. 

Mais au fait, comment s’applique-t-elle, cette taxe carbone?