Les données révélées par trois rapports produits cette année[1] ne présentent, selon M. Poirier, rien de bien nouveau. « Ça vient confirmer des éléments qui étaient déjà ressortis en 2013 » et qui concluaient que l’air de Limoilou contient une quantité alarmante de contaminants. Les taux de particules fines et respirables (PM2,5) ainsi que de nickel sont particulièrement préoccupants, selon les différents indicateurs.
Poirier dénonce le manque de littérature scientifique sur la relation entre les nombreux contaminants identifiés. L’interaction des agents polluants entre eux crée en effet ce qu’il appelle une soupe toxique. « Tout est analysé en silo », déplore-t-il.
Même s’il n’y a pas vraiment d’informations nouvelles, la publication de ces données fait tout de même réagir. « Ça a quand même amené les différents acteurs à se positionner plus activement autour de la question », soutient M. Poirier. Le plan d’action proposé par la Ville en août dernier est en ce sens généralement bien accueilli par le milieu. Des actions concrètes de l’administration portuaire et du gouvernement provincial se font cependant toujours attendre.
La situation entraîne des effets indéniables sur la santé des citoyens. La prévalence des maladies cardiovasculaires, les décès prématurés et une espérance de vie moins grande que dans les autres quartiers sont des exemples parlants. « Tout cela est déjà bien documenté », affirme M. Poirier, soulignant que le principe de précaution n’a jamais été respecté dans ce dossier.
Population déjà vulnérable
Ce n’est pas nouveau : le quartier de Limoilou est ciblé par des projets qui impactent la santé d’une population déjà vulnérable. « Les décideurs publics choisissent sciemment de mettre des installations problématiques dans un secteur où la population est moins en mesure de se défendre. »
La solution réside donc selon M. Poirier dans des initiatives citoyennes à la portée des résidents. Parmi celles-ci, il mentionne le grand effort de plantation d’arbres matures qui s’est entamé pour aider au verdissement du quartier. L’organisme communautaire Emprises-espaces urbains a planté pas moins de 102 arbres cette année, dans un des secteurs les plus affectés par la contamination.
Le président du conseil de quartier rappelle que l’important reste toujours de maintenir une pression constante sur les instances décisionnelles, et de ne jamais désespérer.