Solenn Etienne, Tahiry Hachet, et Ines Mebu ont déjà fait leur preuve au sein du milieu ultra concurrentiel de la danse à New York. Elles ont intégré, il y a deux ans, la prestigieuse école de danse, The Alvin Ailey School

Une école qui charme ses élèves par son passé

Au cœur de la lutte pour les droits civiques, Alvin Ailey, un jeune homme noir issu d’une famille extrêmement démunie dans le Texas ségrégationniste, a fondé sa compagnie exclusivement composée de danseurs noirs en 1958, devenant ainsi l’une des premières à atteindre un niveau aussi élevé.

Le chorégraphe Alvin Ailey

Souvent louée pour avoir contribué à populariser la danse moderne à l’échelle mondiale, la compagnie représente une fierté nationale.

En 2008, le Congrès américain l’a désignée comme « un ambassadeur culturel des États-Unis dans le monde ». Le créateur de la compagnie a lui-même été honoré à titre posthume en 2014 par la Médaille de la liberté, la plus haute distinction civile américaine, décernée par Barack Obama.

Soixante-cinq ans après la création de la compagnie, les valeurs du chorégraphe créateur encourageant la diversité au sein de sa compagnie, continuent d’attirer de nouveaux étudiants-athlètes du monde entier.

Découvrez dans ce reportage le portrait de 3 Françaises qui ont tout quittées pour exercer leurs passions en intégrant The Alvin Ailey School. Pouvoir monter sur les plus grandes scènes de Manhattan leur semblait être de l’ordre de l’imagination il y a encore peu de temps.

De la Basse-Terre en Guadeloupe à la scène du New York City Center 

Solenn Etienne- danseuse à la Alvin Ailey School

Solenn Etienne est inscrite à la Ailey School de New York depuis septembre 2021. Ses premiers pas dans le monde de la danse ont eu lieu en Guadeloupe, à l’Espace danse Wargnier (Basse-Terre). Bien qu’elle ait découvert sa passion pour la danse à l’âge de 9 ans, cela ne l’a pas empêchée d’obtenir avec succès son Bac S, mention Très bien, quelques années plus tard. Déterminée à poursuivre un double cursus mêlant danse et études scientifiques, Solenn entame ses études supérieures à Paris. Cependant, elle se rend vite compte que les exigences élevées de ces deux domaines nécessitent un choix. Ainsi, Solenn fait le pari de la danse, un art qui lui offre la possibilité de s’épanouir.

En 2022, à peine un an après son admission à l’école, Solenn se voit offrir l’opportunité de participer au gala d’ouverture de l’Alvin American Dance Theater, la compagnie fondée par Alvin Ailey. Intégrer cette compagnie est l’objectif suprême pour les danseuses de l’école aspirant à une carrière aussi prestigieuse que celles des membres de la première compagnie.

Festa Barocca- Spectacle d’ouverture au New York City Center

Solenn se remémore avec un large sourire le gala d’ouverture auquel elle a participé devant les 2700 spectateurs du New York City Center, un théâtre mythique de la ville. « C’était une pièce de couleur, un classique Italien, très festif, le cadre était très demandant, on répétait avec un membre de la première compagnie, il fallait être extrêmement assidu.»

Tahiry Hachet, d’une petite ville de province aux buildings de New York

Tahiry Hachet – danseuse à la Alvin Ailey School

Vivre de sa passion entraîne des sacrifices profonds, Tahiry accorde une grande importance à sa famille. Elle a tout de même fait le choix de quitter le cocon familial à 16 ans. Repérée par son potentiel, elle intègre l’école Rich Odums à Paris, spécialisée dans les danses afro-américaines. Après deux ans passés dans l’établissement, elle rejoint le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse à Paris. Le début d’une vie d’artiste entre spectacles, auditions et stages.

En février 2022, elle passe une audition en Italie pour postuler à l’école de danse Alvin Ailey. Sélectionné, elle s’envole pour l’autre côté de l’Atlantique dès le mois de septembre.

« C’est avant tout une question de travail et de motivation », décrivait la danseuse originaire d’une petite ville de province frontalière avec la Suisse. Elle s’est retrouvée du jour au lendemain, dans les studios vitrées de la Alvin Ailey School donnant une vue imprenable sur les gratte-ciel de New York. Comme Solenn, en novembre 2022, elle monte sur la scène du New York City Center pour le spectacle Festa Baroqua.

La question cruciale du financement dans l’une des villes les plus chères au monde 

Le certificat en 3 ans que suivent les danseuses coûte environ 15 000 $ par année. Des frais si importants que la plupart des étudiants étrangers ont recours à des prêts. Il existe cependant une grande diversité de bourses d’études permettant à certaines étudiantes de compenser leurs dépenses.

Ines Mébu, a intégré le groupe de danse du Metropolitan Opera. Avant cela, elle a dansé deux ans à la Alvin Ailey School. Lors de sa première année, elle a disposé d’une bourse spécifique accordée à un élève par an. Ainsi, l’intégralité ces frais de scolarité et son loyer en résidence ont été couverts. Les élèves de l’école disposant pour la plupart de logement à prix réduit en déboursant entre 600 et 900$.

Une véritable aubaine, s’ils n’avaient pas la possibilité de disposer de logement en résidence dans Manhattan à prix réduits, ils seraient contraints d’aller habiter loin de leur école, une simple chambre coûtant en moyenne 3000$ sur l’île.

Sans le soutien financier de la famille ou de bourse, il peut paraître pratiquement impossible d’envisager d’intégrer l’école. Les solutions résident souvent dans la chance, Tahiry a réussi à trouver une chambre dans une maison à Harlem dans laquelle elle est fille au-pair. Ainsi, elle n’a pas à payer de loyer et peut même profiter d’un petit salaire contre la garde d’une petite fille.