QUÉBEC – Avec la transformation récente du 102,1, la Ville de Québec compte désormais cinq radios parlées en matinée. La concurrence des autres plateformes de diffusion, les quotas de musique francophone, les sondages et la diversité de la propriété sont des facteurs qui expliquent que de plus en plus de stations de Québec délaissent la musique pour un format parlé.

Après plus de cinq ans de diffusion dans un format Top 40 sous la bannière CKOI, le 102,1 a changé d’identité en septembre dernier pour devenir BLVD 102,1 (prononcé boulevard), une station hybride proposant une émission matinale 100% parlée. Même si la musique demeure au coeur de la programmation dès 9h, la station de Leclerc Communication vise désormais un nouveau public (25-54 ans). Elle espère faire des gains majeurs d’écoute avec sa nouvelle émission du matin.

Avec la métamorphose d’Énergie 98,9 il y a un an et demi, BLVD 102,1 devient la cinquième station de Québec à se lancer dans le marché de la radio parlée. Dan Caron, directeur de la programmation de BLVD 102,1 et de WKND 91,9, explique les changements apportés au 102,1.

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L’attrait pour le format de la radio parlée à Québec s’explique principalement par le fait que les deux tiers de l’auditoire de Québec écoutent ce genre d’offre le matin. Cependant, selon le secrétaire général du Centre d’études sur les médias, Daniel Giroux, il y a plusieurs autres facteurs qui ont un impact sur le nombre de radios parlées dans la Vieille-Capitale.

Bien que les stations bénéficient du virage vers la radio parlée, Roger Laurendeau, consultant en radio et ancien directeur de la programmation pour Rock Détente, émet toutefois un bémol. Il explique le morcellement possible des parts de marché avec l’arrivée de nouveaux joueurs dans ce créneau.

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Les vrais concurrents de la radio

Sous l’appellation CKOI, le 102,1 visait un public de 18 à 34 ans. Comme l’explique Dan Caron, les jeunes délaissent de plus en plus la radio et se tournent vers de nouvelles plateformes de musique en ligne comme Spotify et Songza, leur permettant une liberté d’écoute complète. C’est entre autres pour cette raison qu’un changement de format a été opéré au 102,1.

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«Le concurrent principal de la radio, c’est le temps que les gens passent à écouter de la musique autrement qu’à la radio», estime Daniel Giroux du Centre d’études sur les médias. Il cite en exemple les listes de musique qui peuvent être faites par les gens sur leur téléphone mobile ou encore les services de musique en continu sur le web.

Monsieur Giroux affirme également que les plateformes numériques permettent de rejoindre un public aux goûts plus spécialisés. Selon lui, la radio ne peut malheureusement pas rivaliser avec ces nouveaux joueurs, car elle se doit de proposer un produit grand public afin d’attirer le plus grand nombre d’auditeurs possible pour les annonceurs.

Un éventuel retour des jeunes vers la radio?

Dan Caron se questionne à savoir si la radio répond aux attentes de la jeune génération d’auditeurs. «Est-ce que les jeunes consomment vraiment la musique francophone à la hauteur de ce qu’on leur offre et qu’on doit leur offrir ? Peut-être qu’on ne leur offre pas le produit auquel ils s’attendent. Donc, ce produit-là, ils vont le chercher ailleurs», suggère-t-il.

Depuis la fin des années 80, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) impose la diffusion de 65% de contenu musical en français aux stations de radios francophones canadiennes. Toutefois, cette réglementation ne cible pas les plateformes d’écoute de musique en ligne et les nouvelles façons de consommer la musique.

M. Laurendeau croit qu’il faut être prêt à faire des compromis pour cibler la génération qui a grandi avec la technologie. «Je pense que c’est difficile de viser [la tranche d’âge] 18-34. Ça peut sûrement se faire, mais il faut que tu acceptes d’avoir des petites parts de marché», précise-t-il. Il ajoute que les jeunes sont encore au poste, mais qu’ils n’écoutent plus la radio sur de longues périodes. Bien qu’ils ne constituent pas le principal public visé, certains jeunes auditeurs sont également intéressés par la radio parlée à son avis.

Le CRTC va d’ailleurs se pencher sur les règles de musique de langue française à la radio dans un contexte de concurrence numérique lors d’une audience publique à Québec le 16 novembre prochain. «Les Canadiens apprécient toujours la radio commerciale, mais plusieurs, plus particulièrement les jeunes, la délaissent pour écouter et découvrir de la musique sur d’autres plateformes», explique l’organisme dans un communiqué.