Changements de mode de vie, diversification des moyens de transport et modification des habitudes d’écoute, les défis pour les stations de radio seront nombreux au cours des prochaines années avec la génération née au XXIe siècle. Malgré l’incertitude face aux auditeurs de demain, l’industrie de la radio de Québec se rassure en affirmant que la radio parlée est adaptée aux jeunes adultes d’aujourd’hui, les 18 à 34 ans.

Pourtant, selon le rapport de surveillance des communications 2015 : secteur de la radiodiffusion du CRTC, le temps d’écoute de la radio chez les jeunes adultes est beaucoup moins élevé que pour le reste de la population. Alors que les 35 ans et plus consacrent en moyenne 19h par semaine à la radio, les adultes de 18 à 24 ans l’écoutent seulement durant 11,4h. Les 25 à 34 ans l’écoutent 15,4h en moyenne chaque semaine.

Malgré ce constat, Pierre Martineau, directeur de la programmation du FM93, croit que l’offre de radio parlée de la Vieille Capitale est adaptée à cette tranche d’âge. «La radio parlée de Québec est adaptée aux jeunes adultes parce que, contrairement à la radio musicale, je crois que la radio parlée constitue un super bon divertissement lors des déplacements en voiture. Tu peux t’informer, mais aussi te divertir avec la radio parlée», estime-t-il.

La proximité avec l’auditoire à Québec permet à la radio de s’adapter au marché selon l’animateur du matin à Énergie 98,9, Stephan Dupont. À son avis, avec cinq stations qui offrent un contenu parlé le matin, les jeunes adultes ont suffisamment d’alternatives répondant à leurs besoins.

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Selon Pierre Martineau, le véritable défi des stations parlées de Québec est de trouver des sujets qui vont plaire à un large public même si leur cible demeure les 25 à 54 ans. «Je dirais que ça devient difficile de trouver des sujets en lien avec l’actualité qui vont toucher autant quelqu’un de 21 ans que de 51 ans.», concède Pierre Martineau. «Je dirais qu’on est beaucoup plus dans le 40-45 ans que vers le 24 dans les sujets choisis», ajoute-t-il.

Claude Thibodeau, consultant en communication et ancien propriétaire de stations de radio, ne peut concevoir que les jeunes adultes ne s’intéressent à aucun des sujets proposés dans l’offre de radio parlée de Québec.

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Qu’est-ce qu’écoutent les jeunes adultes ?

La radio musicale obtient encore la majorité de l’écoute des jeunes adultes. Le sondage Numéris de l’automne 2015 dans le marché central de Québec révèle que WKND 91,9, une station musicale, obtient le cinquième des parts de marché et se classe en première position chez les adultes de 18 à 34 ans.

Les stations parlées Énergie 98,9, le FM93 et CHOI Radio X réussissent à aller chercher 35% des parts de marché commerciales dans ce groupe cible. Énergie 98,9 est la radio parlée la plus écoutée auprès des jeunes adultes avec 16,2% des parts de marché se classant ainsi en deuxième position. La nouvelle radio hydrique (parlée le matin et musicale le reste de la journée) BLVD 102,1 (anciennement CKOI) arrive en troisième position avec près de 14% de l’écoute.

Les podcasts

Les jeunes auditeurs se tournent vers les podcasts quand ils sont intéressés par un sujet ou une entrevue qu’ils n’ont pu écouter en direct. Le FM93 place d’ailleurs la plupart des entrevues réalisées dans la journée sur son site internet. Les liens sont aussi publiés sur la page Facebook de la station.

Pour Claude Thibodeau, les podcasts sont adaptés à la nouvelle réalité quotidienne de l’ensemble de la population, pas seulement celle des jeunes. « Le rythme de vie des gens actifs commande aujourd’hui que, s’ils ont manqué quelque chose, ils doivent avoir une deuxième chance d’écouter dans un format de diffusion qui leur convient», précise-t-il.

Selon Stephan Dupont, les podcasts doivent être bien découpés pour permettre aux auditeurs d’aller chercher le moment d’une émission qu’ils veulent écouter.

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L’utilisation des médias sociaux par les radios de Québec

Selon le directeur général de Québec numérique, un organisme qui met «de l’avant la vie numérique de la communauté métropolitaine de Québec», Pierre-Luc Lachance, les stations de radios de Québec sous-exploitent les médias sociaux. Ces derniers sont mal intégrés dans leurs stratégies pour aller chercher l’écoute des jeunes auditeurs.

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Pour les animateurs de radio, Facebook et Twitter permettent d’obtenir les réactions des auditeurs sur les sujets abordés en onde. «Les  médias sociaux ont un impact aujourd’hui dans le sens où les animateurs ont un feedback beaucoup plus rapide d’une partie de la population», croit Claude Thibodeau.

Ces plateformes numériques deviennent en quelque sorte une «alternative» aux lignes ouvertes. Pour Pierre-Luc Lachance, les médias sociaux pourraient remplacer les lignes ouvertes diffusées à la radio. «Sur les médias sociaux, il y aurait tellement moyen de tempérer les opinions des auditeurs et de corriger les erreurs de langage », estime-t-il.

Claude Thibodeau précise cependant que les gens les plus actifs sur les pages des stations de radios ne sont pas représentatifs de «monsieur madame tout le monde».

«Ceux que l’on voit le plus là-dessus, ce sont les plus forts en gueule, ceux qui occupent l’espace, ceux qui parlent plus forts et ceux qui veulent toujours avoir raison. Tout le monde n’est pas comme ça» – Claude Thibodeau