QUÉBEC — Environ soixante-dix personnes ont manifesté dans une marche silencieuse contre la répression des personnes marginalisées, ce mardi 22 octobre, dans les rues du Vieux-Québec.
«On nous bourre de contraventions, on nous endette, on nous enfonce encore plus au lieu de nous aider à nous en sortir,» a expliqué Nancy Roy, initiatrice de la marche. Les personnes marginalisées estiment être en proie à des règlements municipaux jugés discriminatoires. Ils sont quotidiennement confrontés à l’interdiction de mendier, de flâner, de se trouver dans un parc entre 23h et 5h, et même de s’abriter. «La judiciarisation entraîne de lourdes conséquences pour les personnes visées» a déclaré Nancy Roy, avant d’ajouter que « cela représente un obstacle supplémentaire à leur inclusion sociale.»
Un grand nombre de solutions ont été évoquées et les manifestants ont insisté sur l’urgence de les mettre en place dans la ville de Québec. «L’humiliation, l’exclusion et le rejet social ne sont pas une solution,» a ajouté Sébastien Harvey, porte-parole de cette manifestation.
Il a beaucoup été question de l’importance de la création d’un drop in, qui est un abri ouvert à davantage de personnes, quels que soient leurs problèmes de dépendance ou de santé mentale. «Un drop in donnerait un abri à tous ceux qui ne peuvent pas répondre aux critères d’admissibilité des refuges actuels,» a expliqué Sébastien Harvey.
Par ailleurs, le porte-parole mise également beaucoup sur l’ouverture d’un site d’injection supervisée (SIS). Ce projet avait déjà été validé fin 2011 par la Cour suprême du Canada, mais il est depuis lors resté lettre morte. Les SIS réduisent considérablement les risques d’overdose et offrent de meilleurs conditions d’hygiène afin d’éviter des infections et contaminations. D’autre part, contrairement aux croyances répandues, les SIS n’encouragent pas les gens à consommer des drogues. Leur rôle premier est d’offrir un soutien aux personnes et d’aider celles qui désirent s’en sortir.
Une clinique communautaire étudiante
Sébastien Harvey a tenu à souligner l’importance non négligeable du projet de Clinique communautaire étudiante de santé de l’Université Laval. Cette initiative a été lancée en 2011 par le Département de médecine sociale et préventive de la Faculté de médecine de l’Université Laval. S’inspirant d’expériences d’étudiants dans le Canada anglais, ce projet se développerait donc en milieu de défavorisation matérielle et sociale.
L’objectif premier sera d’apporter des soins aux personnes marginalisées qui n’ont pas accès aux services actuels. Il s’agit également d’une opportunité pour les étudiants en sciences de la santé de se former dans la pratique avec une vision de santé globale. À l’heure actuelle, un comité est en train de rédiger le modèle de soins et services. Cette proposition sera alors soumise à la fin novembre 2013 à l’ensemble des partenaires, pour un lancement espéré en 2014.