L’écologie est un sujet de plus en plus au centre des débats dans les élections à travers le monde. Durant la campagne électorale, les cinq partis québécois se sont exprimés tour à tour sur le thème des taxes sur l’essence. Les avis divergent, mais que peut-on conclure de ces propositions lorsqu’on les compare à d’autres pays européens ?   

Face à l’inflation et à la hausse mondiale des prix liés à l’énergie, le thème des taxes sur l’essence et sur les véhicules est revenu plusieurs fois sur la table durant la campagne électorale. L’un des projets se présente directement comme une aide au citoyen selon le chef du parti, Eric Duhaime : le PCQ souhaite suspendre les taxes sur l’essence.

Afin d’analyser le potentiel de cette mesure, comparons-la avec des mesures similaires en Europe, plus particulièrement dans les deux principaux pays francophones : la France et la Belgique.

Tout d’abord, il est intéressant de comprendre comment le prix de l’essence est défini au Québec. Selon le site du ministère de l’énergie et des ressources naturelles du Québec, cinq facteurs rentrent ainsi en compte : le prix du pétrole brut, le raffinage, la marge brute du détaillant et du distributeur, les taxes fédérales et les taxes provinciales. Parmi celles-ci, le gouvernement québécois ne peut donc changer que les taxes provinciales.

C’est ainsi que le parti conservateur propose sa mesure de suspendre les taxes afin de lutter face à l’inflation et la crise économique actuelle. Selon le président du parti Eric Duhaime, suspendre les taxes provinciales baisserait non seulement le prix des carburants mais également celui des denrées de la vie de tous les jours puisque le transport de ces denrées se fait dans la plupart des cas par transport routier.

Dans les pays francophones européens, des mesures similaires ont récemment été prises mais elles n’étaient pas aussi radicales. En Belgique par exemple, le gouvernement a baissé les accises (droit à la consommation) d’environ 17,5 centimes par litres. Une diminution de 9,5 centimes est encore possible pour le gouvernement mais une fois celle-ci appliquée, il serait impossible de descendre plus bas puisque l’Union Européenne fixe un plancher minimum sur les taxes à appliquer aux carburants. Seul un accord de baisse entre tous les ministres des finances de l’Union Européenne pourrait encore baisser ce seuil minimum.

En France, une remise sur le prix des carburants de 15 centimes (avec taxes) au litre avait également été appliquée entre les mois d’avril et d’août 2022. Cette mesure a depuis été prolongée et dorénavant, elle est de 30 centimes au litre pour les mois de septembre et octobre, et 10 centimes au litre pour les mois de novembre et décembre. Des chiffres à relativiser puisqu’ils s’appliquent en euros et non en dollars canadiens.

Que ce soit en Belgique ou en France, ces mesures coûtent cher au gouvernement plus qu’aux industries du pétrole, puisque celles-ci ne sont pas impactées par les diminutions ou hausses des taxes des pays. Une réduction des taxes est donc envisageable au Québec, mais une suspension totale semble presque irréaliste. D’autant que des mesures de soutien à la population avaient déjà été mises en place récemment (chèques de 500 dollars par exemple).

Au-delà du fait que le projet semble réaliste ou non, il semblerait selon le cabinet du ministre de l’Économie actuel du Québec, que baisser les taxes profiterait plus aux entreprises pétrolières qu’aux consommateurs.

Enfin, Eric Duhaime avait été pointé du doigt par le président de Québec Solidaire G. Nadeau-Dubois, critiquant le fait qu’une telle mesure inciterait les gens à consommer encore plus d’essence et à utiliser davantage leurs véhicules. Une constatation justifiée surtout dans un contexte où l’écologie prend de plus en plus de place dans la scène politique internationale.

La mesure de Eric Duhaime et du PCQ semble donc non seulement en déconnexion avec la réalité des choses, mais elle semble surtout complètement ignorer les réalités écologiques et les efforts que plusieurs pays à travers le monde essayent de faire depuis des années, parmi lesquels le Canada.