Alors que la Cour suprême du Canada a autorisé l’aide médicale à mourir plus tôt ce mois-ci et que la loi 52 s’apprête à entrer en vigueur d’ici la fin de l’année, les questions entourant l’euthanasie et le suicide assisté refont plus que jamais surface dans l’actualité. Jeudi dernier 19 février au pavillon Félix-Antoine-Savard de l’Université Laval, l’Institut d’éthique appliquée a présenté une conférence au sujet de l’euthanasie et de l’aide médicale à mourir.

Comparaison avec d’autres pays

Jocelyne Saint-Arnaud, professeure associée à la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal, a comparé les lois en vigueur dans deux pays qui ont légalisé cette pratique au  début des années 2000, soit les Pays-Bas et la Belgique. Dans ces deux pays, les pratiques d’euthanasie et d’aide au suicide sont encadrées et plusieurs études ont été réalisées pour comprendre l’étendue des conséquences de celles-ci. C’est donc en comparant les résultats de ces études que Madame Saint-Arnaud a analysé les enjeux éthiques de cette pratique tels que le respect de l’autonomie, le partenariat patient-médecin, la bienfaisance et l’équité.

Respect de l’autonomie

À la lumière de l’analyse de ces enjeux éthiques, Madame Saint-Arnaud a pu tirer quelques recommandations, afin de prévenir les dérives qui pourraient survenir à la suite de l’application de la loi concernant les soins de fin de vie. «Maintenant que la loi est votée, s’il y a des dérives, il faut essayer de les limiter.» a-t-elle affirmé. L’une des principales recommandations évoquée par la conférencière concerne le respect de l’autonomie de la personne. Pour y arriver, tous les critères d’accès à ce soin devront être respectés (personne majeure et apte à consentir, en fin de vie, atteinte d’une maladie grave et incurable, déclin irréversible de ces capacités, etc.) La professeure a également recommandé que la loi devra respecter l’autonomie des médecins, surtout dans le contexte où ceux-ci feront face à beaucoup de pression pour répondre à la demande.

Définitions nuancées

Madame Saint-Arnaud a tenu à apporter des nuances quant aux termes utilisés. «L’aide au suicide, c’est lorsque la personne elle-même pose l’acte, le médecin lui fournissant le moyen.» a-t-elle précisé. Elle rappelle d’ailleurs l’histoire très médiatisée de Sue Rodriguez, dont la requête de légalisation du suicide assisté avait été rejetée il y a de cela 22 ans.  L’euthanasie consiste plutôt en un acte intentionnellement effectué pour  mettre fin à la vie d’une personne pour alléger ses souffrances et seul un médecin peut le faire. Il est donc plus que jamais pertinent de bien comprendre l’étendue de ces termes, à l’aube d’un tel changement pour la société québécoise.