Le Docteur Vincent Fradet, urologue-oncologue et chercheur épidémiologiste en prévention du cancer de la prostate au CHU de Québec, dénonce les coupes budgétaires des gouvernements dans la recherche scientifique. «C’est très inquiétant, car on est en train de tuer notre capacité future à innover, à trouver et à guérir», soupire le DFradet.

Il raconte que depuis l’arrivée des conservateurs au pouvoir à Ottawa, les coupes se sont succédées dans les ministères et les centres de recherche. «Or, voilà que le gouvernement du Québec se met de la partie», fulmine-t-il. «Je pensais, en votant pour le Parti Québécois, mettre en place un gouvernement plus progressiste qui verrait l’importance de la recherche, mais en fait, c’est le contraire qui se produit», ajoute le chercheur.

Bien que le gouvernement du Québec a annoncé en début d’année avoir «trouvé» 26,5 millions de dollars pour amortir le choc de la coupe budgétaire originale de 63 millions de dollars, le Dr Fradet dénonce la disparition des programmes destinés à soutenir les jeunes chercheurs. «Ça rend la tâche très difficile pour nous, car c’est un milieu très compétitif», affirme-t-il. 

Le Dr Fradet explique qu’historiquement, le taux de succès d’obtention de fonds de recherche était d’environ 25%. «Ça créait une équation stable qui permettait de planifier», explique-t-il. «Aujourd’hui, nous sommes à 13% et même les chercheurs sénior n’arrivent plus à faire fonctionner leurs laboratoires», déplore-t-il. «La pression sur le système est énorme et les taux de succès ont plantés, ce qui rend la vie des jeunes chercheurs d’autant plus compliquée», de poursuivre le Dr Fradet.

«C’est ce contexte qui rend désormais les fonds caritatifs essentiels», souligne le chercheur en marge de la soirée Bingo en Brun, organisée par le groupe des OQP (Organisés, Qualifiés, Professionnels). L’objectif des 14 membres de ce groupe de jeunes professionnels issus des milieux d’affaires est d’amasser 20 000 $ pour soutenir les travaux du Dr Fradet.

Pour Catherine Lapierre, membre des OQP, il s’agit d’une manière originale et dynamique de faire du réseautage d’affaires tout en servant une noble cause. « Pour nous, donner de l’argent pour donner de l’argent, ça ne nous disait rien», explique-t-elle. «Là, on supporte un projet qui est concret, avec des gens d’ici, pour des gens d’ici», ajoute-t-elle. 

Selon le chercheur, les montants amassés peuvent sembler petits, mais en réalité ils sont critiques. «L’an passé, les fonds levés par les OQP ont permis de financer une étude pilote complète», explique-t-il. «C’est majeur, car ça permet à mon équipe de montrer ses capacités et de se positionner pour décrocher des subventions», précise-t-il.

«Faire de la recherche scientifique, c’est donc en quelque sorte devenir un quêteur», illustre le Dr Fradet. «Souhaitons que nous puissions renverser cette tendance avant qu’il ne soit trop tard», conclu-t-il.