Matchs de la Ligue nationale de hockey (LNH), du baseball majeur, du soccer de la MLS, de la Ligue nationale de football, combats de boxe; l’offre sportive de la télévision québécoise est principalement tournée vers les exploits des athlètes masculins. «En ce moment, ce qu’on constate, oui les femmes participent beaucoup, mais on ne les voit pas», explique Camille Michon, étudiante à la maîtrise en psychopédagogie et auxiliaire de recherche à la Chaire Claire-Bonenfant.

La chaire d’études féministes, basée à l’Université Laval, estime difficile de comparer l’intérêt de la population pour les sports masculins et féminins, car la représentation du sport féminin est trop faible, dit Mme Michon.

Camille Michon, étudiante à la maîtrise en psychopédagogie et auxiliaire de recherche à la Chaire Claire-Bonenfant, croit qu’il y a un lien à faire entre la diffusion des compétitions féminines et la participation des jeunes filles à une activité sportive. (Crédit photo : Flore Bibeau)

Elle reconnaît par contre que les médias proposent une offre «presque équitable» lors de grands événements sportifs, comme les différentes Coupes du monde et les Jeux olympiques.

Néanmoins, d’après une étude de 2014, moins de 5% de la couverture sportive canadienne portait uniquement sur le sport féminin. À titre comparatif, les hommes ont obtenu environ 40% de l’attention médiatique sportive.

Ces chiffres se reflètent également dans la presse écrite québécoise. Par exemple, en 2013, Le Devoir a consacré plus de 70% de ses articles de sports à des hommes, alors qu’un peu plus de 5% avaient pour sujets des femmes.

En France, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) note pour sa part une augmentation du contenu sportif féminin sur les ondes françaises. De 7% en 2012, le CSA estimait cette proportion entre 16 et 20% en 2016.

«Le sport professionnel s’est presque juste développé autour du sport masculin», explique Marilou St-Pierre, auteure d’un mémoire de maitrise sur les pratiques professionnelles genrées chez les journalistes sportifs et d’une thèse sur les journalistes sportives. «Les médias vont parfois débourser des millions de dollars pour obtenir le droit de diffusion des matchs sportifs professionnels. Lorsqu’on fait un investissement de 12 millions de dollars, on veut rentabiliser cet investissement.»

Sports populaires et parité

Parmi les sports pratiqués par des femmes et qui sont les plus regardés, on retrouve le tennis et le golf. Camille Michon fait remarquer que ces sports ont atteint une «certaine» parité relativement aux salaires et aux prix. «Les femmes et les hommes vont recevoir les mêmes montants d’argent et la même visibilité aussi au niveau des commanditaires», poursuit-elle.

À l’inverse, au hockey, la parité salariale est loin d’être atteinte. Depuis l’an dernier, les joueuses de la Ligue canadienne de hockey féminin sont rémunérées. Elles peuvent toucher entre 2000$ et 10 000$ par saison. Dans la LNH, le salaire moyen est de 3 millions de dollars, selon le magazine Forbes.

«On arrive avec des olympiennes comme Caroline Ouellet ou Charline Labonté, qui sont maintenant retraitées, mais elles devaient avoir des emplois à côté pour pouvoir y arriver. Leur pratique sportive ne leur permet pas de gagner leur vie. Les choses ont changé depuis les dernières années, mais avant, les Canadiennes de Montréal devaient débourser de l’argent pour pouvoir pratiquer leur sport, et on parle d’athlètes de haut niveau ici», résume Marilou St-Pierre.

De plus, pour l’auxiliaire de recherche Camille Michon, les contacts et la violence aident à la popularité du sport masculin, «mais pourtant, cela ne devrait pas être le cas. C’est vraiment une question de société», affirme-t-elle. «Dans la société, nous n’accepterions jamais que deux hommes dans la rue se battent à mains nues. On ne valoriserait pas ça. Alors qu’à la télévision ou lors d’un match, on s’attend à ce genre de comportements.»

Mme Michon croit également qu’il y a un lien à faire entre la diffusion de compétitions féminines et la participation des jeunes filles à une activité sportive grâce à la promotion de figures modèles. «Si on prend un jeune garçon de 11 ans et on lui demande son plus grand rêve, il y a presque une chance sur deux qu’il réponde qu’il veut être joueur dans la LNH. Si on pose la question à une jeune fille, si elle n’a pas le modèle devant elle, comment peut-on espérer qu’elle y rêve», compare l’étudiante.

La question de la catégorisation entre les hommes et les femmes dans les sports peut aussi apporter des problèmes chez certaines personnes. Certaines d’entres elle ne peuvent entrer dans l’un ou l’autre de ces groupes, comme on peut l’entendre dans ce reportage.