QUÉBEC – L’Association régionale de soccer de Québec (ARSQ) a décidé qu’elle n’ira pas de l’avant avec son projet d’implanter une franchise de la Première ligue de soccer du Québec dans la région de la Capitale-Nationale en 2015.

En janvier dernier, lors d’une conférence de presse sur l’annonce du changement de nom de Dynamo de Québec, équipe féminine semi-professionnelle déjà implantée à Québec depuis plusieurs années, le directeur-général de  l’ARSQ et du Dynamo de Québec, M. Jean-Pascal Ladroue, avait évoqué  que le projet d’amener une franchise masculine dans la région était à l’étude et qu’il allait possiblement se concrétiser en 2015.

Or, l’étude réalisée par l’ARSQ s’est montrée peu concluante. D’ailleurs, au cours des dernières semaines, plusieurs rumeurs ont circulé dans le milieu du soccer quant au possible abandon du projet de la Première ligue de soccer du Québec (PLSQ). La nouvelle a finalement été confirmée à l’Exemplaire par M. Ladroue.

« J’ai assisté à huit matchs cet été. Sincèrement, il y a plus de monde dans les estrades lors d’un match senior masculin AAA à Beauport ou à Charlesbourg. Également, pour l’instant, je n’ai pas de valeur ajoutée comme en senior masculin AAA où j’ai un championnat canadien au bout de la ligne. En PLSQ, il n’y a rien », a expliqué Jean-Pascal Ladroue sur les grandes lignes de son enquête.

Le circuit a été créé en 2012 par la Fédération de soccer du Québec. Il s’agit d’une ligue entièrement québécoise de troisième division nord-américaine, principalement implantée dans la région de Montréal. C’est le plus haut niveau de soccer à se disputer dans la province après l’Impact de Montréal qui évolue en Major League Soccer (MLS).

S’appuyant sur les informations recueillies par l’ARSQ, Samir Ghrib, entraîneur-chef de l’équipe de soccer masculine du Rouge et Or, tire dans le même sens que M. Ladroue. « Il est en effet plus prudent de ne pas y aller. Chaque année, il y a des équipes qui débarquent de la ligue, elle qui manque d’ailleurs beaucoup de stabilité ».

Seulement six équipes ont participé au championnat cette année, puisque trois formations, St-Léonard, Boisbriand et Brossard, ont claqué la porte en raison du budget élevé des opérations des équipes.

La contrainte financière est d’ailleurs un aspect majeur dans la décision de M. Ladroue et de l’ARSQ. Les joueurs qui évoluent en PLSQ reçoivent des salaires, ce qui serait une nouvelle approche pour le soccer dans la région de Québec.

« Moi, j’amènerais une toute nouvelle chose dans ma région. J’amènerais la rémunération de joueurs de soccer. C’est un changement de mentalité. Puis, on parle encore de dollars. Il faut savoir où on peut aller puiser cet argent-là sans toujours demander plus d’argent aux membres. À Montréal, ils ont Saputo. Ici, nous n’avons pas encore cet investisseur majeur », a expliqué le directeur général de l’ARSQ.

Pas de plan B à l’horizon

Il faut rappeler que Québec a tenté à plusieurs reprises d’obtenir une équipe de la Premier development league (PDL), mais à chaque fois, la Fédération de soccer du Québec et l’Association canadienne de soccer ont bloqué le projet. Il s’agit d’un circuit à plus grande envergure puisqu’il comporte des équipes des autres provinces ainsi que des États-Unis.

« La PDL correspondrait plus au marché de Québec, à l’image du Dynamo féminin qui évolue dans la W-League. Québec est une ville universitaire, le sport scolaire est fort à partir du secondaire. Une saison plus courte que celle de la PLSQ, qui s’étend d’avril jusqu’au début novembre, correspondrait mieux à la région de Québec », a souligné Samir Ghrib.

La Fédération de soccer du Québec et l’Association canadienne de soccer expliquent ce refus parce qu’ils essaient de mettre en place une ligue semi-professionnelle exclusivement canadienne. Ils souhaitent permettre aux joueurs du pays de goûter à du soccer de haut niveau, toujours dans l’objectif de hausser le niveau de jeu.

Du soccer professionnel un jour?

La montée en popularité du soccer à Québec permettra-t-elle à la région d’accueillir une formation professionnelle un jour? M. Ghrib met un gros bémol.

« Peut-être dans la NASL ou dans la USL pro. Il faut aller par étapes. Car le défi est d’attirer les gens au stade et de les fidéliser. La culture des fans est à faire », a-t-il précisé.

De son côté, Jean-Pascal Ladroue croit que le tout dépendra du financement. Il croit aussi que tout ce qui sera fera autour de l’équipe au niveau marketing aura un gros impact sur la présence des spectateurs dans les gradins.

Du côté des partisans de soccer de Québec, il y a beaucoup de scepticisme quant à la venue du soccer professionnel à Québec. « Si on pense en terme de business, il est impensable que ça fonctionne. Il n’y a pas assez d’amateurs maniaques qui se déplacement pour voir un match de 90 minutes. C’est dommage, mais c’est la réalité de la région », a expliqué Sylvain Huot, partisan de longue date du ballon rond.

Quoi qu’il en soit, il faudrait d’abord commencer par voir évoluer du soccer semi-professionnel dans la région avant de parler d’implanter les ligues majeures.