Depuis le début du mois de mars dernier, les différents membres de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) ont eux aussi connu de nombreuses embuches. Annulation des séries éliminatoires, début de saison retardé et mise en place d’une bulle protégée pour disputer des parties, voici ce à quoi ont dû faire face les joueurs, le personnel d’entraineurs et dirigeants de la LHJMQ . Toutefois, malgré ces nombreux obstacles le développement et la santé des joueurs dont restés la préoccupation première de l’organisation précise Natasha Llonens, directrice des services aux joueurs dans la LHJMQ.

 

Dès l’arrêt des activités au mois de mars dernier, les membres de l’organisation de la LHJMQ ont fait au meilleur de leurs connaissances pour bien s’adapter à cette nouvelle réalité explique Natasha Llonens. Elle ajoute que ce fut énormément d’adaptation, autant pour les joueurs que pour les responsables, alors que tous faisait face à une situation inédite. Du côté scolaire, Madame Llonens s’est assurée qu’au printemps dernier, qu’aucun joueur ne se retrouve en difficulté à l’école; pour plusieurs d’entre eux, l parcours scolaire est très particulier et ils ne peuvent pas se permettre de prendre du retard.

« Il y a eu énormément de discussions avec les directeurs d’école, mais également avec les responsables scolaires des équipes, pour s’assurer que chaque joueur puisse finir son année, et ce, même s’il s’agissait de cours en laboratoire. » — Natasha Llonens

Pour faire face aux contraintes de la pandémie, la direction de la LHJMQ a dû mettre en place de nombreux nouveaux comités pour s’assurer d’outiller efficacement les joueurs et les entraineurs pour favoriser le développement sportif et scolaire du joueur. Parmi ceux-ci, la directrice des services aux joueurs dans la LHJMQ évoque des comités au niveau médical, scolaire, hockey et des transports pour s’assurer d’une mise en place d’un protocole efficace en vue de la saison 2020-2021.

« Le travail que nous avons fait durant l’été à porter fruit, alors que la santé publique a accepté notre retour au jeu en raison du travail acharné de nos différents comités mis en place. » — Natasha Llonens

Cependant, Madame Llonens est consciente que tout n’a pas été parfait. Par exemple, elle estime que pour les prochaines bulles protégées, comme celle organisée à Québec du 17 au 27 novembre dernier, il sera dorénavant important de laisser plus de liberté aux joueurs, alors que tout était hautement planifié. Ceci a pu représenté un élément très négatif pour leurs études, surtout dans un contexte de fin de session.

« Même si l’expérience de la bulle fut fort profitable certains éléments seront à améliorer. Il sera important de laisser davantage de temps aux joueurs. Tout était planifié et ils n’avaient aucun contrôle sur leurs choix. Pour leur étude, de nombreux joueurs m’ont rapporté que la situation était loin d’être évidente. » — Natasha Llonens

Elle croit également qui si le tout était à refaire à partir du début, certains éléments seraient à changer. Pour sa part, elle mettrait plus de temps sur la motivation et la santé mentale des joueurs, au lieu de mettre énormément de temps sur la santé physique de ceux-ci.

« On a beaucoup suivi les tendances de la société en général. Au départ, on a mis énormément d’emphase sur la santé physique, mais on aurait dû mettre autant d’effort sur la santé mentale de nos joueurs. » — Natasha Llonens

Dure réalité pour les joueurs

De leur côté, rien n’a été évident non plus pour les joueurs qui ont dû faire face à de nombreux défis. Comme le précise Xavier Bourgault, attaquant vedette des Cataractes de Shawinigan, ne pas avoir la chance de participer aux séries éliminatoires a été énormément difficile. Les séries éliminatoires représentent des moments cruciaux pour le développement d’un joueur d’âge junior et pour Xavier, il s’agissait d’une première occasion pour lui de faire ses preuves lors du bal printanier.

« Mon équipe et moi connaissions une excellente saison. Même si nous étions classés sixièmes de notre conférence, peu de points nous séparaient de la deuxième place et une fois entrée en séries, tout peut arriver. » — Xavier Bourgault

La saison morte n’a pas été plus facile, alors que, pour de nombreux joueurs, l’accès à de l’équipement d’entrainement a été très difficile, puisque certaines installations sportives étaient inaccessibles en raison des contraintes établies par la Santé publique dans les premiers mois de la pandémie. Pour Xavier Bourgault, la situation a été loin d’être évidente. Il a dû s’acheter de l’équipement d’entrainement, mais rien de comparable à ceux que lui offraient les Cataractes de Shawinigan en temps normal.

« Ça n’a pas été un été facile… Au départ, je n’avais aucun équipement pour m’entraîner et aucun accès aux patinoires. Durant l’été, j’ai été m’entraîner dans un centre d’entraînement privé à Montréal. J’avais également accès à des rencontres avec mon préparateur physique et à du temps de glace en solitaire. » — Xavier Bourgault

Xavier Bourgault a connu une excellente deuxième saison dans la LHJMQ, amassant 33 buts et 38 mentions d’aide pour un total de 71 points en seulement 63 matchs. (Crédit photo: LHJMQ.ca)

Quant à cette saison en cours, elle représente une année cruciale pour celui qui a amassé 12 points en 10 matchs avant l’arrêt des activités le 3 décembre dernier. En effet, c’est l’année de repêchage dans la LNH pour ce jeune talent de l’Islet. En date du 27 octobre, Xavier Bourgault était classé dans les 31 meilleurs espoirs en vue du prochain repêchage de la LNH selon le Bureau central de dépistage du circuit Bettman. Quant à son rang de repêchage, Xavier Bourgault préfère ne pas se faire trop d’attentes. Toutefois, son rêve d’être repêché en première ronde est toujours bien présent et il fera tout ce qu’il pourra pour le réaliser :

« C’est certain que lorsque je regarde des joueurs européens et américains évoluer, c’est difficile. Toutefois, je suis chanceux de pouvoir évoluer dans la seule ligue active au Canada. Être repêché en première ronde est un rêve de jeunesse pour moi et je sais que je peux y arriver. » — Xavier Bourgault

Des débuts particuliers pour les Olympiques de Gatineau

Pour les Olympiques de Gatineau aussi, les défis furent nombreux. Comme le mentionne Jean-François Fortin, directeur du développement des joueurs chez les Olympiques de Gatineau, en plus de faire face à une nouvelle réalité avec la pandémie, l’organisation des Olympiques a été rachetée. Ainsi, plusieurs membres de l’organisation ont aussi du faire leurs premiers pas dans l’industrie du hockey de développement, ce qui n’était toutefois pas le cas pour Jean-François Fortin qui avait l’expérience dans la LHJMQ.

« Malgré la nouvelle organisation, j’ai  de l’expérience dans la LHJMQ alors que j’ai ici le même rôle avec l’Armada de Blainville-Boisbriand pendant sept ans. Pour nous, les choses n’ont pas vraiment changé. Ce sont les joueurs qui ont été impactés par la pandémie. » — Jean-François Fortin

L’organisation n’a pas eu le droit de faire des évaluations physiques des joueurs durant l’été par l’équipe de développement des Olympiques de Gatineau. La plupart des rencontres se donc faites par téléphone. À plusieurs reprises durant l’été, le directeur du développement des joueurs est allé directement rencontrer le joueur pour faire un suivi de son entrainement et ses parents qui ont un rôle important dans le développement de leur enfant.

« Souvent, lorsque l’on demande à un joueur s’il y a des questions, la réponse est souvent non, mais lorsque l’on commence à parler aux parents, ceux-ci n’ont pas le même constat. Il est important d’avoir une bonne entente avec le joueur et les parents pour le bon développement du joueur. » — Jean-François Fortin

Depuis le début de la saison, Jean-François Fortin affirme qu’autant les futurs joueurs que les actuels membres de l’organisation ont accès à des équipements d’entrainement de qualité. La réalité vécue par la majorité de la population québécoise, qui est de ne pas avoir accès à une patinoire et à un gym, n’impacte pas les joueurs de la LHJMQ présentement ajoute le directeur du développement des joueurs des Olympiques..

« Pour les joueurs présentement, le plus gros problème c’est qu’ils ne peuvent pas jouer de match. C’est lors des matchs qu’ils font parler d’eux et présentement ils ne peuvent pas en jouer… »Jean-François Fortin

Dans les dernières semaines, les Olympiques de Gatineau ont été l’une des sept équipes qui ont eu la chance de disputer quelques matchs dans la bulle protégée de Québec. Pour Jean-François Fortin, cette expérience fut profitable pour les joueurs autant sur le plan physique que sur le plan mental. Ancien joueur dans la LNH, Jean-François Fortin croit que l’important présentement est de jouer au hockey pour garder le rêve toujours bien actif. Avec la bulle protégée, les joueurs ont eu la chance de le raviver.

« Dans le passé, j’ai eu la chance de jouer dans la LNH. Si je devais vivre ce que les joueurs de la LHJMQ vivent, je ne suis pas certain que je me serais rendu aussi loin… »Jean-François Fortin