Autrefois réservés aux athlètes de haut niveau, les suppléments alimentaires ont fait leur entrée dans le quotidien de millions de sportifs amateurs. Aujourd’hui, près d’un Canadien sur deux en consomme. Mais au-delà des effets promis par les fabricants, des risques existent.

La mode est aux suppléments alimentaires. Dans les salles de gym, les sportifs ne quittent plus leur boisson protéinée et s’affichent avec leur supplément préféré sur les réseaux sociaux. Les promesses sont alléchantes mais la réalité est plus complexe, car cette consommation n’est pas sans risques. En septembre 2018, Santé Canada a mis en garde les sportifs canadiens sur les dangers que représente le 2,4-dinitrophénol, une molécule très populaire utilisée pour brûler les graisses et prendre de la masse musculaire. Rien que pour le premier semestre 2018, cette molécule a déjà causé cinq morts au Royaume-Uni.

« De plus en plus de personnes meurent en prenant de la DNP. Ne croyez pas aux mythes – aucune dose n’est sans danger » (Crédit photo : Public Health England)

Même si tous les suppléments alimentaires sont loin de présenter de tels dommages, un dosage inadapté fait courir un risque au consommateur. Germain Thériault, médecin du sport à la clinique de l’Université Laval et médecin chef de l’équipe des Rouge et Or, est particulièrement critique à l’égard des boissons énergisantes très prisées par les sportifs : « Il y a un revers de la médaille. Ces produits accélèrent beaucoup le rythme cardiaque. Des effets pervers ont été documentés entre autres par les cardiologues qui voient des jeunes qui en ont consommé beaucoup et qui souffrent de tachycardie (augmentation anormale de la fréquence cardiaque, ndlr). Ça peut aller jusqu’à des arrêts cardiaques. » Dans un rapport de 2010, l’Association québécoise des médecins du sport avait déjà formulé des mises en garde au sujet de la consommation de boissons énergisantes.

 

Un supplément pour chaque sportif

Mais pour le Dr Germain Thériault, l’utilisation de suppléments alimentaires n’est pas récente : « Ça fait longtemps que les joueurs de hockey prennent des boissons énergisantes qui stimulent leur fonction cardiaque, pour être plus éveillé, plus agressif aussi. »

 

(Crédit infographie : Irina Lafitte)

Il existe plusieurs grandes familles de suppléments alimentaires :

      • Suppléments de récupération (boissons électrolytes, gels, poudres enrichies en glucides…)
      • Suppléments de protéines (créatine, poudres de protéine, acides aminés…)
      • Suppléments d’endurance (gels, boissons et barres énergétiques…)

Les suppléments sont vendus sous des formes variées : gélules, barres, poudres, gels ou boissons. Conçus pour être consommés avant, pendant ou après l’effort, ces produits sont utilisés par les athlètes pour gagner de la masse musculaire, récupérer après l’effort, perdre du poids, gagner en énergie ou en endurance. La nutritionniste Catherine Lepage tempère : « Il y en a beaucoup dans les magasins sportifs mais la plupart d’entre eux ne sont pas supportés par la science. Il faut faire attention à ceux qu’on va choisir. »

 

(Crédit audio: Mélanie Merlin)

Selon la nutritionniste, « la prise de masse musculaire est un terme utilisé pour vendre et accrocher les gens lorsqu’ils commencent à s’entraîner ».

À coups de slogans chocs, le marketing de ces dernières années a réussi à pousser les sportifs à consommer de plus en plus de suppléments alimentaires. Dans leurs messages publicitaires, ces entreprises mettent en avant les vertus supposées de leurs produits : « booster naturellement les performances » pour Diana Food ou « suppléments strictement testés » pour Fusion. Quel que soit le support, la stratégie de ces marques est bien rodée :

(Crédit vidéo : Mélanie Merlin)

Mais comme l’explique Catherine Lepage, une alimentation équilibrée est souvent suffisante pour répondre aux besoins d’une personne : « Il faut voir ça comme une pyramide. La base doit être solide, il faut s’assurer une bonne alimentation et un entraînement adapté en amont. »