Avant tout, il importe de rappeler ce que sont les Jeux du Canada. Il s’agit de la plus grande compétition multisports au pays. Elle regroupe des athlètes amateurs provenant des dix provinces et des trois territoires du Canada. 

Le lancement de ces Jeux d’hiver se fera le 26 février 2027, à Québec. On s’attend à recevoir 3000 athlètes de 22 sports différents. La dernière édition a eu lieu en 2023 à l’Île-du-Prince-Édouard. Les Jeux d’hiver ont lieu en alternance avec les Jeux d’été qui se tiendront cette année à Saint-Jean de Terre-Neuve. 

La tenue des Jeux du Canada 2027 à Québec s’est confirmée sur le tard. En 2021, les Jeux avaient retenu la candidature de Whitehorse, au Yukon. Toutefois, un manque de financement de la part du gouvernement fédéral a conduit le Yukon à retirer sa candidature. Finalement, le 18 avril 2023, Québec se porte officiellement candidat pour être ville hôtesse des Jeux d’hiver du Canada 2027.

Nouvelle phase

Deux ans après l’attribution des Jeux à Québec, la préparation des Jeux du Canada 2027 entre dans une nouvelle phase, soit celle de promotion de l’événement. Le but est de faire connaître la compétition à la population de la ville. 

La société organisatrice des Jeux prévoit se déplacer dans plusieurs événements, comme le pentathlon des neiges le samedi 15 février dernier, pour informer les gens et préparer le terrain. 

La promotion de la compétition sera également faite pendant des activités de loisirs de la ville. Les prochaines étapes seront cruciales dans le processus de préparation. Il faut trouver des bénévoles et du financement. 

(Photo : Ville de Québec)
Jean-François Gosselin, conseiller municipal à Québec et responsable du projet des Jeux du Canada 2027 (photo : Ville de Québec).

« Il y a un 10 millions de dollars de financement privé qu’on doit aller chercher », indique Jean-François Gosselin, conseiller municipal et responsable des Jeux du Canada dans le comité exécutif de la Ville de Québec

Nouveau centre de curling 

L’un des plus gros projets reliés aux Jeux du Canada 2027 est la construction d’un nouveau centre multifonctionnel de curling : 39,5 millions de dollars, entièrement financés par la Ville de Québec. La préparation du terrain a déjà débuté à la convergence de la rue des Rocailles et du boulevard Pierre-Bertrand et le processus d’appel d’offres est en cours. « L’objectif est d’ouvrir le centre à l’automne 2026, donc on pourra faire le rodage avant les Jeux du Canada », déclare Gosselin. 

L’édification d’un tel bâtiment était une promesse électorale de l’administration de Bruno Marchand. L’échéancier de la construction a été accéléré pour que les clubs de curling de la ville, Jacques-Cartier et Victoria, puissent notamment le tester avant les Jeux et bénéficier des services du centre. 

« Ce sera sans contredit le beau centre pour accueillir du curling en Amérique du Nord. Tout le monde était unanime là-dessus », affirme Gosselin, qui prétend même que les fédérations de curling des autres provinces devraient être « jalouses » de Québec, puisque le nouveau centre surpassera en qualité celui de Chilliwack (Colombie-Britannique), la référence au Canada présentement. 

C’est un centre qui va faire la fierté de tout l’est du Canada

— Jean-François Gosselin

Ce centre comprendra plusieurs fonctionnalités qui le rendent unique. La ville a investi dans l’innovation en incluant une toiture verte, un bon système de gestion des eaux, l’accessibilité universelle pour les personnes à mobilité réduite, des trottoirs chauffants. L’édifice s’adresse également aux gens qui ne pratiquent pas le curling, puisqu’il comptera aussi de grands espaces communs, des salles polyvalentes, des salles de yoga et de pilates, ainsi que des vélos stationnaires. 

(Photo : Ville de Québec)
Le nouveau centre de curling de Québec comptera huit allées (photo : Ville de Québec).

Si le centre de curling reste un projet d’infrastructure majeur de ces Jeux, des investissements moins élevés sont également prévus sur certains sites déjà existants pour d’autres disciplines.

Selon l’ex-chef de l’Opposition à la Ville de Québec, l’édition 2027 des Jeux du Canada sera historique. D’abord, Québec est « une ville hivernale et sportive », avec plusieurs passionnés qui seront là comme partisans ou comme bénévoles. Avec des paysages pittoresques et des quartiers touristiques, ces Jeux vont se distinguer des précédents. 

La Vieille-Capitale accueillera les Jeux 60 ans après la toute première édition, disputée elle aussi à Québec. « C’est un bon clin d’œil qu’on fait à l’histoire en ramenant [les Jeux du Canada] en 2027 à Québec », souligne Gosselin. Des anciens athlètes de 1967 ont contacté l’organisation des Jeux pour participer à ce clin d’œil historique. 

115 M$ de retombées 

Selon les prévisions de la Ville de Québec à deux ans de la compétition, l’événement générera des retombées économiques de 115 millions de dollars. Selon Jean-François Gosselin, il s’agit d’un chiffre plutôt conservateur qui a été revu à la baisse après les 200 millions de dollars estimés précédemment en se fiant sur les Jeux à l’Île-du-Prince-Édouard. 

En effet, après une compétition comme les Jeux du Canada, les villes d’accueil en ressortent transformées grâce aux retombées économiques engendrées par l’événement. Difficile de faire un bilan avant, mais les projections restent optimistes : du 26 février au 15 mars 2027, plusieurs touristes devraient affluer dans la région de la Capitale-Nationale. Les retombées économiques seront donc très grandes sur l’industrie de l’hôtellerie et de la restauration. De plus, plusieurs amateurs de sport se rendront sur les sites de compétition pour assister aux différentes disciplines. On attend 3000 athlètes provenant du Canada d’est en ouest pendant cette période, sans compter aussi les entraîneurs, les accompagnateurs et les partisans de partout au pays. 

Évidemment, l’organisation d’un événement de la sorte, accueillant les meilleurs athlètes amateurs du pays, établit Québec comme une véritable ville de sport. Cette 31e édition marque le retour des Jeux dans la capitale québécoise qui les avaient vus naître en 1967. 

Le calibre des Jeux du Canada sera très relevé, et ce, peu importe la discipline. «C’est vraiment le niveau élite», assure Jean-François Gosselin. «Souvent, ce sont des athlètes qui vont venir aux Jeux du Canada, et qui, par la suite, vont participer aux Jeux olympiques». 

(Photo : Jeux du Canada)
Les compétitions de patinage de vitesse auront lieu au Centre de glaces Intact Assurances (photo : Jeux du Canada).

Faire bouger les gens

Pour Jean-François Gosselin, l’objectif derrière la candidature de Québec comme ville hôte, c’est de faire bouger les gens. « On veut être la ville la plus active au Canada ». Il veut que cette compétition contribue à améliorer la santé physique et mentale des résidents de la Ville de Québec. De plus, il souhaite que les gens s’initient aux sports méconnus des Jeux pour les découvrir et ensuite assister aux compétitions. 

Pour Laurent Dubreuil, patineur de vitesse originaire de Québec, les Jeux du Canada représentent le plus haut niveau de compétition. À travers les années, les meilleurs sportifs canadiens sont passés par cette compétition. 

Pour certains athlètes, ce sera le point marquant de leur carrière

— Laurent Dubreuil

(Photo : Comité olympique canadien)
Laurent Dubreuil est excité de voir les Jeux du Canada arriver dans sa ville natale (photo : Comité olympique canadien).

Médaillé d’argent aux Jeux olympiques de Pékin 2022, il a été une figure emblématique des Jeux du Canada en 2011 à Halifax, en remportant cinq médailles. Il suivra avec attention les épreuves de patins au Centre de glaces Intact Assurances. « Je vais tenter d’y être, c’est certain! Les Canadiens verront à quel point nos installations se distinguent par leur professionnalisme ». 

Il faut dire que, depuis quelques années, le Centre de glaces accueille de nombreuses compétitions de haut calibre, comme des Coupes du monde, des championnats canadiens et des championnats juniors.

Impact environnemental

Pour l’instant, l’organisation des Jeux du Canada à Québec ne semble pas avoir de plan pour le développement durable, mais « quelque chose est en préparation », assure Jean-François Gosselin. L’impact environnemental causé par le transport sera limité par le fait que plusieurs compétitions sont situées au centre-ville. 

(Photo : Université de Sherbrooke)
Patrice Cordeau, directeur du service aux Jeux du Canada de 2013 (photo : Université de Sherbrooke).

Pour réussir sur le plan environnemental, l’organisation de Québec devrait fortement s’inspirer de ce qui a été fait à Sherbrooke en 2013, lors de la dernière édition des Jeux du Canada au Québec. À l’époque, la société hôtesse, la ville et les deux universités (Sherbrooke et Bishop’s) ont réussi à coorganiser l’édition des Jeux la plus verte de l’histoire. « Ça a été une grosse fierté le volet éco-responsable à Sherbrooke », déclare Patrice Cordeau, vice-recteur adjoint au développement durable de l’Université de Sherbrooke. 

Ça n’a pas toutefois été une tâche facile : « Le défi a été de convaincre la société hôtesse des Jeux de prendre le virage de l’écoresponsabilité et du développement durable ». Une fois la société hôtesse convaincue, le plan d’action écoresponsable à la fois structuré et précis a permis à l’événement de passer à l’histoire sur le plan environnemental. 

Les Jeux du Canada de Sherbrooke en 2013 ont été le premier événement sportif au monde à être certifié équitable par FairTrade Canada, ce qui a été souligné dans le Wall Street Journal. Ils ont également reçu la mention d’événement carboneutre. 

Comment y arriver? Ça passe par plusieurs actions concrètes. D’abord, créer des partenariats avec des acteurs capables de mettre l’accent sur le développement durable. C’est comme ça que Desjardins et Cascades ont été convaincus de donner beaucoup d’argent à l’événement. L’eau potable du réseau de l’Estrie a fait l’objet de plusieurs tests et d’actions pour minimiser l’achat de bouteilles d’eau en plastique et favoriser l’usage de gourdes réutilisables. 

Ça a pris aussi environ 300 bénévoles dédiés au développement durable sur chaque site de compétition. Il y avait des équipes vertes sur le terrain qui étaient présentes pour promouvoir l’écoresponsabilité et sensibiliser les gens sur le terrain. 

Patrice Cordeau et d'autres responsables du développement durables des Jeux du Canada 2013 ont bien réussi leur mission verte. (Photo : Enviro-accès)
Patrice Cordeau et d’autres responsables du développement durables des Jeux du Canada 2013 ont bien réussi leur mission verte (photo : Enviro-accès).

Les bénéfices sont là : sur les 125 millions de dollars de retombées, 90% ont encouragé l’économie locale. L’organisation a offert des tarifs préférentiels pour les fournisseurs locaux de la région et de la province. L’organisme à but non lucratif, nommé Festival et événements verts de l’Estrie (FEVE), a même été l’un legs régionaux de ces Jeux pour l’organisation d’événements écoresponsables. 

Patrice Cordeau dit ne pas avoir eu de contacts avec l’organisation des Jeux du Canada de 2027. Il souhaite fortement qu’elle s’inspire de ce que son équipe et lui ont réalisé : « Souvent, les gens disent que le développement durable coûte et que ça ne vaut pas la peine. Nous, on l’a pris à l’inverse. » Il conseille grandement d’impliquer l’Université Laval dans l’organisation des Jeux pour bénéficier de son expertise en développement durable. Il reste un peu plus de deux ans à l’organisation des Jeux du Canada 2027 pour suivre cette recommandation.