La joueuse de tennis canadienne Bianca Andreescu se démarque de façon considérable grâce à ses victoires à la Coupe Rogers et plus récemment à L’US Open. Avec ces performances, Tennis Québec espère que cette nouvelle popularité incitera les jeunes à essayer le tennis.

Martijn Kentie, conseiller marketing pour Tennis Québec, espère que le succès de Bianca Andreescu pourrait sans doute inciter les jeunes à commencer à jouer au tennis. Kentie fait d’ailleurs de faire la tournée des municipalités pour les inciter à créer des ligues ou des événements liés au tennis.

À cette occasion, ce dernier a récemment observé une augmentation d’intérêt de la part des municipalités pour construire des terrains de tennis, instaurer des ligues ou mettre sur pied des programmes de tennis pour les jeunes.

Le conseiller en marketing pour Tennis Québec pense que la demande en hausse est reliée aux résultats d’Andreescu. Toutefois, il précise qu’il faudra attendre un an pour voir les réels impacts de l’athlète canadienne sur le territoire Québécois.

« Il est encore trop tôt pour avoir des données en chiffres parce que c’est trop récent », affirme-t-il.

Selon Alexandro Allison-Abaunza, le tennis récréatif connaîtra sans doute une augmentation, la situation est moins certaine pour le tennis de compétition qui demande beaucoup plus d’organisation. (Crédit photo : Louis-Michel Lelièvre)

D’une autre part, il observe que la popularité du tennis féminin ne cesse d’augmenter : « depuis deux ans, il y a une hausse au nombre de billets vendus et également au nombre de commanditaires qui s’intéressent aux tournois féminins », explique Kentie.

Il ajoute que le nombre de spectateurs présents pour la Coupe Roger à Montréal ne cesse d’augmenter d’année en année. « Le tennis suscite encore beaucoup, beaucoup d’intérêt pour la population québécoise », affirme le conseiller.

Par ailleurs, le doctorant en sociologie sportive à l’Université Laval, Alexandro Allison-Abaunza, constate qu’il est inévitable pour la population de s’associer à des figures locales ce qui va rendre le sport très populaire.

« J’imagine qu’avoir des athlètes québécoises, canadiennes peut avoir un effet positif pour les ventes au guichet parce que les gens vont inévitablement s’identifier à une fille de notre coin qui défend les couleurs nationales » explique Alexandro Allison-Abaunza.

Selon lui, plusieurs facteurs doivent être pris en compte pour évaluer les effets de cette athlète sur la société québécoise. «On va s’intéresser aux impacts directs qui sont souvent les impacts sur la participation. On veut voir si l’importance d’un héros national au niveau national ou au niveau de sa médiatisation va avoir un effet sur les taux de participations dans le sport », explique monsieur Allison-Abaunza.

Pourtant, il précise qu’il est difficile de déterminer un lien direct ou un lien de cause à effet entre l’apparition d’un héros national dans un sport et les taux de participations à ce sport. Différents éléments vont plutôt être en cause : l’inscription d’un jeune, le temps d’adaptations à savoir si le jeune aime le sport, le financement, etc.

Les performances d’un athlète au niveau international n’influencent d’ailleurs pas nécessairement le taux d’inscriptions des jeunes joueurs. Des chercheurs allemands ont d’ailleurs étudié ce phénomène qu’ils ont nommé le “Boris Becker Effect”, qui est expliqué brièvement dans la vidéo ci-dessous.

Il est trop tôt pour déterminer l’effet des performances d’Andreescu sur les inscriptions de jeunes joueurs de tennis. Jérôme Dubé, entraîneur de tennis depuis cinq ans, avoue avoir su une grande augmentation d’inscription suite aux performances du Canadien Denis Shapovalov durant l’été 2017 alors qu’il avait défait Rafael Nadal en sol montréalais.

Depuis l’inauguration du centre d’entraînement professionnel en 2007, Tennis Canada a comme stratégie d’investir davantage sur le développement de l’élite. En effet, selon Valérie Tétreault, directrice aux communications de Tennis Canada, investir dans la haute performance permet l’expansion de joueurs à plus haut niveau.

« Probablement que ça inciterait plus de gens et de jeunes à choisir le tennis plutôt qu’un autre sport », explique-t-elle.

Elle aussi précise qu’il sera possible de voir si cette stratégie portera fruit dans les prochaines années. Selon une étude produite par Tennis Canada en 2018, le tennis ne cesse de prendre de l’expansion au Québec. En effet, le rapport démontre que le tennis serait en deuxième rang derrière le hockey au Québec.

Selon les données de Tennis Canada, plus de 30% des canadiens qui jouent au tennis ont moins de 18 ans. (Crédit photo : Tennis Canada)

Un modèle pour les jeunes 

Les succès de Bianca Andreescu peuvent avoir un effet positif sur la pratique sportive des jeunes filles ou d’adolescentes par le modèle qu’elle représente, selon Alexandro Allison-Abaunza.

 « Avec la manière dont Andreescu se comporte sur le terrain, on voit qu’il y a un respect de l’image, un respect d’autrui et respect du règlement », estime Allison-Abaunza.

De son point de vue, les jeunes filles peuvent percevoir Bianca Andreescu comme une héroïne, ce qui pourrait leur donner de l’intérêt pour débuter le tennis.

D’ailleurs, l’entraîneur de tennis Jérôme Dubé s’attend à voir le nombre de filles augmenter lors de ses cours dès l’été prochain.

« Ça ne devient nécessairement pas un automatisme de voir de voir des jeunes filles aspirer à faire leur place dans un sport qui est perçu comme étant majoritairement masculin », exprime Kentie. Mais, une jeune fille peut être influencée de débuter un sport en percevant une fille exceller comme Bianca Andreescu.

Madame Tétreault de Tennis Canada décrit elle aussi Andreescu comme un bon modèle. « Elle sait déjà malgré son jeune âge qu’elle peut être une ambassadrice incroyable pour son sport au Canada », affirme-t-elle. La connaissant depuis longtemps, la directrice en communication ajoute que l’athlète travaille fort lorsqu’elle s’entraîne. Selon elle, Andreescu prouve aux jeunes qu’il est possible de s’entraîner au Canada à longueur d’année, de pouvoir faire les différents programmes de Tennis Canada et atteindre les plus hauts niveaux.

Mais qui est Bianca Andreescu?

Native de Mississauga en Ontario, la joueuse de tennis Bianca Andreescu est devenue la coqueluche du tennis mondial durant la saison 2019. Après une victoire qui est passé sous le radar à Indian Wells en mars, la jeune joueuse de 19 ans a remporté la Coupe Rogers devant ses partisans à Toronto en défaisant Serena Williams en finale après que celle-ci ai dû abandonner en raison d’une blessure.

La vie fait parfois bien les choses puisqu’au tournoi suivant, devant les partisans américains de Williams, les deux femmes ont encore croisé le fer lors de la finale du US Open. Le résultat fût cependant le même et Andreescu a remporté par le fait même son premier tournoi du Grand Chelem. Cette victoire a donné une énorme visibilité à la jeune canadienne qui a fait le tour des grands plateaux de télévision tant au Canada qu’aux États-Unis. Une avenue a même été nommée en son honneur dans sa ville natale de Mississauga.