Le 16 octobre dernier, Bill Lee, le commissaire de la Ligue Frontier, l’une des plus grosses ligues de baseball indépendant en Amérique du Nord, faisait l’annonce de l’arrivée des Capitales de Québec au sein de leur circuit dès la saison 2020. Plusieurs défis attendent l’équipe d’ici le début de la saison, comme le mentionne le gérant de l’équipe Patrick Scalabrini.

En plus des Capitales, la Ligue Frontier accueillera quatre nouvelles équipes lors de la saison 2020 à savoir les Aigles de Trois-Rivières, les Jackals du New Jersey, les Boulders de Rockland et les Miners de Sussex County, toutes des formations qui évoluaient dans la Ligue Can-Am en 2019. Il n’y a que les Champions d’Ottawa qui n’ont pas fait le saut de la Ligue Can-Am vers la Ligue Frontier et l’équipe a été dissoute.

Plus d’équipes, plus de déplacements

Lors de la saison 2019, les Capitales ne voyageaient jamais plus loin que dans le New Jersey. Les choses changeront grandement cette année avec des voyages plus longs dans des États du Midwest américain comme l’Illinois et le Missouri. Pour le Missouri on peut parler de plus de 20h d’autobus.

 « L’an dernier, on voyageait en autobus pour nos parties sur la route. On le fera encore cette année, mais on prévoit des déplacements en avion pour aller affronter les équipes les plus éloignées », mentionne Jean Grignon-Francke.

Par contre, Patrick Scalabrini voit du positif dans cette situation. En effet, les longs déplacements permettront aux Capitales de faire moins d’allers-retour entre Québec et les États-Unis. Lors des dernières saisons, l’équipe pouvait se rendre à Rockland dans l’État de New York pour une série de trois rencontres, avant de revenir à la maison pour trois autres matchs, pour retourner dans le New Jersey.

 « Nous débuterons la saison avec neuf matchs sur la route cette année à Érié, à Washington et puis au New Jersey. Une ligue à six équipes nous aurait obligés à faire plusieurs aller-retour entre Québec et ces villes au lieu de pouvoir voyager simplement entre elles », remarque Patrick Scalabrini.

Jean Grignon-Francke ne craint pas l’impact financier de ces voyages en avion ne feront pas mal financièrement sur l’organisation des Capitales puisque l’association avec la Ligue Frontier permettra aux Capitales de toucher des revenus plus importants que dans les saisons précédentes, en raison de la redistribution des revenus de la ligue.

Une ligue intéressante pour les joueurs qui rêvent à la MLB

La Ligue Frontier possède un autre avantage important selon Scalabrini et Grignon-Francke : plusieurs joueurs ayant joué dans cette ligue sont plus tard retournés dans les ligues majeures. Cette situation se veut intéressante pour le gérant de l’équipe qui possède maintenant des arguments supplémentaires pour attirer des joueurs de qualité dans sa formation.

« La plupart des joueurs qui espéraient passer du circuit indépendant vers les club-écoles des équipes du baseball majeur choisissaient toujours la Ligue Frontier puisque les recruteurs étaient beaucoup plus présents dans cette ligue que dans la Ligue Can-Am », explique Scalabrini.

Jean Grignon-Francke mentionne toutefois que le calibre de jeu est assez semblable entre la Ligue Can-Am et la Ligue Frontier. La principale différence réside dans le fait que la Ligue Frontier est une ligue de jeunes joueurs puisque toutes les équipes doivent avoir un certain nombre de recrues au sein de leur formation.

« Puisque les jeunes joueurs voudront démontrer le meilleur d’eux-mêmes dans le but de se faire remarquer par des recruteurs, on assistera à un meilleur spectacle sur le terrain en raison de cette volonté de performance », croit Jean Grignon-Francke.

À la fin du mois de novembre, les Capitales ont procédés à une échange majeur avec les Aigles de Trois-Rivières en échangeant deux joueurs vedettes. Québec voulait par dessus tout obtenir les services du Québécois David Glaude.

Comme Francis Pouliot, un amateur de baseball qui se rend au Stade Canac plusieurs fois par saison pour aller encourager les Capitales, certains partisans se réjouissent de cette situation. « Toujours voir les cinq mêmes formations affronter les Capitales devenait un peu redondant. Voir plus d’équipes à Québec permettra aussi de connaître des nouveaux joueurs qui vont peut-être se rendre jusque dans la MLB un jour » mentionne-t-il.

Jean Grignon-Francke croit d’ailleurs que les « mordus » de baseball verront une différence significative dans le spectacle offert par la Ligue Frontier. Par contre, un partisan moyen ne verra peut-être pas de changement, mais appréciera tout de même ce qu’il verra au Stade Canac en 2020.

Les Capitales de Québec disputeront leur premier match à domicile le 26 mai face aux Otters d’Evansville. (Crédit photo : Louis-Michel Lelièvre)

Un transfert nécessaire pour le baseball à Québec

Selon Patrick Scalabrini, le gérant des Capitales de Québec, le fonctionnement d’une ligue de six équipes comme la Ligue Can-Am pouvait devenir problématique si l’une des équipes connait des ennuis de toutes sortes. Dans le baseball professionnel, il y a des parties chaque jour, ce qui oblige donc chaque ligue à compter sur un nombre pair d’équipes.

Dans la conférence de presse annonçait la venue des Capitales dans la Ligue Frontier, Bill Lee, le commissaire de cette ligue s’est montré très heureux de l’arrivée de la formation au sein de son circuit. Il explique que cette fusion entre les deux ligues renforce la position de la Ligue Frontier comme la meilleure ligue de baseball indépendant, mais favorise également le développement du baseball indépendant en général en Amérique du Nord.

Selon Jean Grignon-Francke, directeur des opérations baseball et des relations médiatiques chez les Capitales de Québec, l’idée de joindre une ligue avec plus d’équipes ou de simplement agrandir la ligue dans laquelle les Capitales jouaient trotte dans la tête des dirigeants depuis quelques années.

« Plus il y a d’équipes, plus la ligue est forte. C’était une décision pour assurer la pérennité de l’équipe, pour s’assurer que le baseball indépendant reste important au Québec », explique Grignon-Francke.

Patrick Scalabrini aborde dans le même sens en mentionnant qu’en joignant une ligue profitant d’une plus grande visibilité, les Capitales pourraient mettre la main sur de meilleurs joueurs et proposer un meilleur spectacle pour les partisans présents au stade Canac.

Patrick Scalabrini, le gérant des Capitales, est confiant que les Capitales pourront remporter les grands honneurs de la Ligue Frontier dès 2020. (Crédit photo : Louis-Michel Lelièvre)

Pas nécessairement d’impact pour Baseball Québec?

De son côté, Jean-François Charles, agent de communication chez Baseball Québec, ne croit pas que le transfert de ligue des Capitales de Québec amènera de nombreux impacts pour le baseball amateur au Québec. Il mentionne notamment que le baseball est en santé dans la région de Québec et les jeunes joueurs de baseball mineur sont tout heureux de pouvoir assister à des parties, peu importe l’adversaire du jour.

 « Ce qui pourrait toutefois avoir un impact, c’est dans l’éventualité où les Capitales puissent signer un joueur très connu du baseball majeur grâce à la Ligue Frontier », croit Jean-François Charles de Baseball Québec.

Si par exemple, à la fin de sa carrière dans la MLB, Russell Martin décidait de venir finir sa carrière à Québec, tous les amateurs de baseball de la province auraient la tête tournée vers Québec pour cette raison. Rappelons que l’ancien lanceur étoile de la MLB Éric Gagné a effectué un cours passage avec les Capitales en 2009.

Charles admet toutefois que les joueurs québécois qui s’aligneront dans l’une ou l’autre des équipes de la Ligue Frontier profiteront d’un calibre de jeu intéressant et peut-être passeront-ils à un niveau suivant. Cela pourrait faire rayonner le baseball québécois à plus grande échelle.