Lors de la Journée internationale des langues des signes le 23 septembre dernier, l’Assemblée nationale a annoncé qu’elle utiliserait dorénavant la langue des signes québécoise (LSQ) durant la période de questions et réponses orales. Denise Thibault et Karina Grégoire occupent respectivement les rôles de directrice générale et de directrice adjointe du Service régional d’interprétariat de l’Est du Québec (SRIEQ). Bien que cette nouveauté exige beaucoup de travail de la part de leurs interprètes, les directrices sont fières que les personnes sourdes et malentendantes soient plus incluses.
Selon Mme Thibault, cette décision adoptée à l’unanimité représente un grand pas en avant pour les personnes sourdes et malentendantes qui s’intéressent à la politique et à l’actualité. Auparavant, les interprètes n’étaient invités qu’une seule fois par année à l’Assemblée, à l’occasion de la Semaine québécoise des personnes handicapées. Mme Grégoire considère que c’est l’avènement de la pandémie qui a contribué à cette avancée.
« L’arrivée des points de presse a été le moment décisif, car ils ont sensibilisé la population à l’importance du métier d’interprète. Sans cette sensibilisation, je ne pense pas que les périodes de questions de l’Assemblée auraient été interprétées en LSQ », ajoute Mme Thibault.
Comme il s’agit d’un nouveau projet, les quatre femmes interprètes qui ont été sélectionnées pour travailler à l’Assemblée nationale redoublent actuellement d’efforts. Elles doivent apprendre tous les termes politiques et tous les noms des députés, en plus de devoir les reconnaître lorsqu’ils prennent la parole. Elles se rencontrent une fois par semaine afin de se donner une rétroaction et de convenir du vocabulaire à utiliser. La directrice adjointe reconnaît l’important travail de préparation que les interprètes ont à faire en amont de la période de questions.
« Ce qui nous aiderait vraiment, c’est d’avoir la préparation de tous les discours en avance. Ce serait moins stressant pour les interprètes, car elles auraient le contexte et elles pourraient se préparer en conséquence », soutient Mme Grégoire. Heureusement, les deux directrices peuvent compter sur des employées motivées, professionnelles et qui aiment relever des défis.
Du chemin à parcourir
Même si le métier d’interprète jouit enfin de la reconnaissance qu’il mérite, Mme Thibault considère qu’il reste encore du travail à accomplir. En effet, les périodes de questions sont uniquement disponibles en ligne et elles ne passent pas à la télévision comme c’est le cas avec les points de presse. Or, certains de ses clients sourds n’ont pas accès à Internet. Elle aimerait donc que les périodes de questions soient plus accessibles.
Qui plus est, la directrice générale du SRIEQ estime que les personnes sourdes et malentendantes ne sont pas suffisamment incluses en ce qui concerne les élections. À sa connaissance, les soirées électorales ne sont pas interprétées dans leur entièreté, et ce, en dépit du grand intérêt politique de plusieurs de ses clients.