Pour répondre aux craintes grandissantes sur la sauvegarde de l’environnement, plusieurs spécialistes insistent sur l’importance de plusieurs approches comme la mise en place d’une économie circulaire ou bien du recyclage. Claudia Déméné, enseignant au département de design et spécialiste de la consommation responsable à l’Université Laval, croit que la récupération ainsi que la possibilité de donner une deuxième vie à un produit demeurent, malgré les années, l’un des moyens les plus efficaces pour combattre la pollution environnementale.

La professeure affirme qu’encore aujourd’hui le recyclage demeure essentiel pour le devenir écologique de la planète, alors que cette pratique favorise le respect du principe des 3R-V, « réduire, réemployer, recycler et valoriser », énoncé lors de la première célébration du Jour de la Terre en 1970. Les compagnies offrant une seconde vie à de nombreux produits, ont un impact plus que considérable sur le plan environnemental, ajoute l’enseignante dont les recherches sont axées sur le domaine de la consommation responsable. Ces entreprises permettent entre autres de réutiliser un produit qui aurait été mis aux vidanges par un consommateur et ainsi avoir un effet à la fois sur le plan environnemental, social et économique.

« Ces compagnies permettent essentiellement de réduire la quantité de déchets produits, de repousser la fin de vie d’un déchet et de mettre de l’avant le surcyclage au lieu du souscyclage. » – Claudia Déméné

En plus de leur utilité environnementale, les établissements, qui offrent une deuxième vie à certains déchets et matières recyclables, incitent les autres entreprises de repenser leur  modèle d’affaires pour le bien de la planète, ajoute la chercheure. En effet, dans le passé, plusieurs entreprises pensaient à offrir un produit où la performance et la beauté étaient mises de l’avant, alors qu’elles tentent désormais de vendre un service avant tout précise Madame Déméné. Avec ce nouveau modèle d’affaires, ces établissements contribuent à maximiser l’importance du cycle de vie d’un objet en plus d’avoir un impact considérable sur l’environnement en réduisant le gaspillage affirme Mme Déméné.

« L’un des exemples les plus évidents de ce modèle d’affaires repensé est celui du système de vélos en libre-service BIXI. Au lieu de vendre un vélo, BIXI Montréal tente de vendre un moyen de transport qui sera fiable et durable à long terme et qui aura du même coup un impact plus que salutaire sur l’environnement. » – Claudia Déméné

L’économie circulaire un autre option pour assurer une planète en santé

Charles Leclerc, coordonnateur du secteur Air, Changements climatiques et Énergie chez Réseau Environnement, admet que le recyclage demeure très importante pour la survie de la planète, mais qu’il ne s’agit pas du point principal à mettre de l’avant dans les prochaines années.Dans les faits, M. Leclerc rejoint Mme Déméné sur le fait que le principe des 3R-V est essentiel pour le bienêtre de la planète. Toutefois, contrairement à l’enseignante en Design, il affirme que les deux premiers «R», réduire et réemployer, sont les plus importants, alors que se sont eux qui ont le plus grand impact environnemental. Selon lui, tout le monde peut réduire sa consommation d’un produit ou bien le réemployer, mais ce ne sont pas toutes les matières qui peuvent être réutilisées ou recyclées.

« Certains plastiques ne sont pas réutilisables alors que ceux-ci contiennent des produits chimiques contrairement aux objets à base d’aluminium. » – Charles Leclerc

M. Leclerc croit également que les entreprises gouvernementales devraient plutôt opter pour une économie circulaire comparativement à une économie linéaire pour assurer une économie verte, plus axée sur l’écologie que sur la vente d’un produit. Les bénéfices de l’économie circulaire sont nombreux selon M. Leclerc. Pour le coordonnateur chez Réseau Environnement, l’économie circulaire permet entre autres de créer de la richesse, de garder nos matières au Québec, de créer et de développer des entreprises performantes. Elle représente aussi une source d’innovation et propose une solution durable pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et les impacts environnementaux liés au transport et à la production, ajoute-t-il. Bref, Charles Leclerc croit que l’on est gagnant à tous les niveaux en donnant de la valeur à nos matières à chaque étape de leur cycle de vie.

Réseau Environnement est le plus important regroupement de spécialistes en environnement au Québec qui agit comme catalyseur de solutions innovantes pour une économie verte auprès des différentes entreprises québécoises. (Photo courtoisie : RECYC-QUÉBEC)

Comme nous pouvons l’observer dans le schéma précédent ainsi que sur le site internet de RECYC-QUÉBEC, l’économie circulaire a comme objectif de faire repenser nos modes de production et de consommation ainsi que d’optimiser l’utilisation des ressources qui circulent déjà dans notre société. Ce système peut se définir de la façon suivante :

« un système de production, d’échange et de consommation visant à optimiser l’utilisation des ressources à toutes les étapes du cycle de vie d’un bien ou d’un service, dans une logique circulaire, tout en réduisant l’empreinte environnementale et en contribuant au bien-être des individus et des collectivités. » – RECYC-QUÉBEC

Recyclage et économie circulaire: la définition même de Société VIA

Au Québec, les entreprises œuvrant dans le domaine de l’environnement sont nombreuses. L’une de ces compagnies qui s’est démarquée au cours des dernières années sur le plan de la réutilisation est l’entreprise Société VIA. Fondée en 1977, Société VIA, (pour Vie, Intégration et Apprentissage), a comme mission d’avoir un impact sur le plan environnemental en plus « de créer des emplois adaptés et de favoriser l’intégration et la formation de personnes ayant une limitation fonctionnelle » comme le précise Alexandra Dupéré, chargée de projet au sein de l’entreprise.

« Recyclage, intégration et économie circulaire sont trois mots décrivant parfaitement l’identité de notre entreprise. » – Alexandra Dupéré

L’entreprise œuvre dans le domaine du tri des cinq types de matières recyclables. Ensuite, ces matières récupérées sont transformées dans d’autres entreprises de la région et finalement valorisées dans l’objectif de leur donner une deuxième vie. Alexandra Dupéré illustre ainsi que « des bouteilles d’eau sont transformées en chandails, des bouteilles de savon à linge sont changées en bancs, des canettes d’aluminium peuvent être transformées en cadres de vélo, le papier est recyclé en nouveau papier et le verre devient un système de filtration à piscine ou de nouvelles bouteilles de verre. »

L’impact environnemental de ce type d’entreprises est grandissant en offrant un service en pleine expansion, ajoute Madame Dupéré. Pour elle, la façon dont fonctionne l’établissement dans lequel elle travaille est « à la base même du principe d’économie circulaire », alors qu’il permet à la collectivité d’agir efficacement et collectivement pour un environnement sain et viable à long terme, une façon de faire ne pouvant qu’être bénéfique pour le bien de la planète.

« Nos cinq centres de tri permettent de recycler annuellement plus d’une centaine de milliers de tonnes de matières résiduelles que la population et les entreprises déposent dans leur bac bleu. Ces matières sont ensuite vendues à nos partenaires qui les recyclent afin de leur donner une seconde vie. » -Alexandra Dupéré

Société VIA a présentement a son actif quatre établissements en fonction à Lévis, Québec, Rivière-du-Loup et Dégelis. (Crédit photo: Facebook de Société VIA)

Alexandra Dupéré a espoir que le centre de tri où elle travaille puisse continuer à aider les gens dans le besoin en leur offrant un emploi adapté à eux dépendant de leurs capacités. Sur le plan environnemental, Société VIA a comme objectif de poursuivre sa mission en ouvrant d’autres centres de tri dans les prochaines années, dont un à Rivière-du-Loup qui devrait être prêt d’ici juin 2021. Quant aux collaborations à venir avec les entreprises de la région de Québec, Mme Dupéré a confirmé que l’entreprise Société VIA développe présentement un nouveau partenariat avec Fibres Sustana qui permettra de recycler les contenants multicouches qui sont principalement des contenants constitués de papier cartonné auquel on ajoute de fines couches de polyéthylène.