Depuis mars 2020, la pandémie de la Covid-19 impose une nouvelle pratique : la distanciation sociale. Jules Gosselin-Beaudet est co-fondateur de GrosJoueurs, une entreprise à Montréal spécialisée dans la création d’événements centrés autour des jeux vidéo. Il explique que, contrairement aux critiques, les jeux vidéo sont un vecteur de socialisation et permettent aux gens de rester en contact à travers le confinement.

Jules Gosselin-Beaudet témoigne que le jeu en ligne rejoint beaucoup de joueurs parce qu’il est attrayant, accessible et abordable. Il souligne que le développement de jeux multiplateformes permet aux joueurs munis de différentes consoles de jouer ensemble. Selon l’expert, dans le contexte du confinement, le temps de jeu des joueurs habituels a augmenté et davantage de novices se sont prêtés au jeu. La raison selon lui : « Les jeux vidéo offrent le contact social manquant et les citoyens ont plus de temps libre. »

Avec de l’expérience professionnelle en travail social, le co-fondateur de GrosJoueurs estime qu’une barrière psychologique retenait les gens de jouer par peur de tomber dans le stéréotype de geek. Toutefois, il soutient que la transition en ligne de plusieurs sphères sociales a permis aux joueurs non habituels de franchir la limite. « Le jeu vidéo s’est démocratisé, les gens ont plus envie de jouer et de jouer ensemble », affirme M. Gosselin-Beaudet.

Le co-fondateur rappelle que, depuis 2012, les jeux vidéo sont juridiquement reconnus comme le 10e art en raison de leur composante gameplay. Il indique que, par définition, les jeux vidéo sont interactifs puisqu’ils requièrent une interaction entre le joueur et la console. Il explique que l’aspect social a longtemps été critiqué, mais qu’en réalité le premier jeu multi-joueurs, Pong, est sorti en 1972 et que l’aspect social des jeux vidéo est exploité depuis maintenant 48 ans.

Vers les consoles de salon

Le co-fondateur explique que l’industrie des jeux vidéo s’est adaptée aux réalités sociales avec la transition des jeux arcades vers les consoles de salon. Ce développement a permis au public d’accéder à des jeux vidéo à caractère physique, comme Dance Dance Revolution et Rock Band, à partir de la maison.

Tout comme les jeux vidéo, GrosJoueurs devra s’adapter aux nouvelles réalités du consommateur. Le co-fondateur admet que « la pandémie [leur] enlève tout [leur] edge » puisque les événements physiques ne sont plus possibles. GrosJoueurs a, entre autres, développé des installations de jeux pour la Nuit Blanche et pour la Vitrine culturelle de Montréal.

L’entreprise a aussi un volet éducatif et a réalisé des capsules sur l’histoire des jeux vidéo pour les bibliothèques de Laval. L’objectif post-pandémie est de transposer le volet éducatif sur le web. L’équipe compte produire du contenu informatif et vulgarisé sur les jeux vidéo pour continuer à les rendre accessibles au grand public à partir de la maison.

« Le plus gros clivage entre les générations c’est d’avoir une manette intuitive. La Wii a permis une grande révolution dans le domaine », affirme Jules Gosselin-Beaudet. (Crédit photo : Dina Jehhar)
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« Les jeux indépendants ont forgé le terrain pour la transition vers les jeux en ligne », soutient Jules Gosselin-Beaudet. (Crédit photo : Dina Jehhar)