Le «Grand collisionneur de particules» situé à Genève en Suisse, vient d’améliorer une mesure qui compare la matière à l’antimatière avec une précision inégalée. Selon un article paru dans la revue Nature le 5 janvier 2022, l’équipe de scientifiques du CERN, l’organisation européenne pour la recherche nucléaire, a réussi à produire des mesures quatre fois plus précises que celles obtenues par le passé.

Selon la théorie du modèle standard de la physique des particules, certaines caractéristiques de l’antimatière comme le ratio de la charge électrique et de la masse d’un antiproton devraient être identiques à son équivalent dans la matière ordinaire, soit celui du proton. Les résultats montrent une mesure identique à prêt de 16 parties sur mille milliards. «C’est la mesure la plus précise concernant la masse et la charge de l’antimatière à ce jour,» selon Stefan Ulmer, le porte-parole du projet pour CERN.

De plus, l’équipe a démontré que les protons et les antiprotons subissent les effets de la gravité terrestre de la même façon. Ce qui est aussi en accord avec les prédictions de la théorie. Mais pourquoi investir autant d’efforts pour étudier cette curiosité qu’est l’antimatière?

Selon la théorie du Big bang et celle du modèle standard de la physique des particules, il y a 13,8 milliards d’années, le début très énergétique de notre univers a produit une quantité égale de matière et d’antimatière. Les deux viennent ensemble et il est impossible de contourner cette étape. Une fois l’univers suffisamment refroidi, la rencontre de l’antimatière et de la matière aurait dû les anéantir pour les reconvertir en rayonnement. L’univers ne devrait donc pas avoir d’étoiles ni de planètes et nous ne devrions pas être là pour en discuter.

À ce jour, les meilleures observations couvrant l’ensemble de l’univers observable démontrent que l’antimatière est presque inexistante. La science n’arrive toujours pas à expliquer pourquoi la matière a survécu à ce cataclysme. C’est la raison pour laquelle les scientifiques produisent de l’antimatière en laboratoire. L’objectif est d’étudier ses caractéristiques afin d’identifier ce qui la distingue de la matière ordinaire dont nous sommes constituées. Pour une raison qui demeure encore inexpliquée, l’univers semble favoriser l’existence de la matière.