L’étude a été menée sur 11 sites situés dans le littoral Est du territoire français. Ces 11 sites sont constitués de marais, de dunes sableuses, des habitats terrestres afin de constater la variation de la salinité à mesure qu’on s’éloigne de la mer, connue pour sa grande salinité. Plusieurs espèces amphibies ont fait l’objet de l’étude parmi lesquels la grenouille verte ou Pelophylax sp, le crapaud épineux ou Bufo spinosus et le triton palmé ou Lissotriton helveticus pour ne citer que ces trois. Ces espèces amphibies montrent des réactions diversifiées à la salinité selon leurs milieux de vie.

L’étude révèle que les grenouilles et crapauds qui vivent dans les milieux salines développent une adaptabilité croissante avec le temps. Par exemple certaines espèces se mettent à produire plus de neutrophiles pour amoindrir les effets du sel sur leur métabolisme. Mais on observe au même moment la baisse de leurs leucocytes qui est synonyme d’une lutte interne contre les effets du sel. Plus les espèces sont exposées au sel plus leur taille diminue, de même que leur capacité à sauter. « Le sel a de nombreux effets sur la reproduction des amphibiens. Premièrement, une osmolalité élevée dans le milieu diminue la survie, la motilité et la vélocité du sperme » indique la chercheuse Lorrain-Soligon.

Conséquences de la salinité sur la grenouille

Les individus exposés à un taux de salinité élevé supérieur à 7g.l sont relativement moins fertiles. Pour les espèces qui vivent dans les milieux moins salins, leur exposition immédiate aux milieux très salés occasionne leur mort, l’étude arrive à la conclusion que les espèces qui tolèrent la salinité élevée des milieux marins ont connu une adaptation douche.

Pour la chercheuse Lorrain-Soligon, les larves n’échappent pas aux effets du sel sur leur population. Celles exposées à une salinité plus élevée connaissent une décroissance de leur population, et une réduction de leur capacité motrice et donc d’absorption d’algues.

Les espèces vivant proches des côtes ont tendance à développer une perméabilité cutanée qui leur favorise une meilleure évaporation de leurs fluides corporels affectés par la salinité. Quant aux espèces vivant loin des côtes, moins humides, le défi d’assurer à leur organisme un stock d’eau suffisant les contraint à rationaliser les pertes de fluides corporels par la régulation de leurs urines, et par la réduction de la perméabilité cutanée réduit l’évaporation cutanée.

De même, l’étude révèle que les espèces qui vivent proches des côtes présentent une physionomie moins importante par rapport à celles vivants loin des côtes. Les tests exposant les deux espèces à des milieux de salinité élevée ont révélé que celles vivant loin des milieux côtiers montrent un taux de métabolisme plus élevé et développent des défenses humanitaires en réponse à la salinité. En revanche, celles vivant proches des côtes semblent être adaptées au milieu salé qu’elles tolèrent mieux.

L’étude révèle que malgré l’adaptabilité des espèces de grenouilles, de crapauds et autres amphibies dans les milieux à forte salinité, les perturbations qui augmentent brusquement les taux de salinités entrainent un déclin de ces espèces. La chercheuse prend pour exemple les effets de l’ouragan Xynthia de 2010 sur les milieux à forte salinité en comparaison avec les milieux moins salés. On constate que parmi les perturbations de l’ouragan Xynthia il y a la montée brusque du taux de salinité dû à la déferlante des eaux marines sur les milieux déjà fortement salés occasionnant un déclin des populations d’amphibies sur la période de 2011. À mesure que le taux de salinité a baissé, la population de ces espèces a recommencé à croitre sur les années qui ont suivi.

Pour les espèces vivantes dans l’hinterland moins salé, l’ouragan Xynthia n’a pas impacté sur le degré de salinité, néanmoins on a observé au fil du temps une baisse des populations de ces espèces. Toutefois, l’étude n’explique pas la raison de cette baisse progressive, mais on note que le passage du seuil de salinité inférieur à 0.5g.l entraine la baisse progressive de la population d’amphibies. Cette observation reste néanmoins à être approfondie.

L’intérêt de cette étude réside dans l’éclairage qu’il fait sur les conséquences de la montée du niveau de la mer sur les écosystèmes côtiers. Or, il est connu que depuis quelques années, les océans reprennent du terrain grignotant les plages. De même, la récurrence des cyclones et ouragans participe à submerger des surfaces jusque-là épargnées par la forte salinité, l’eau de mer étant régulièrement envoyée dans les terres.

Les grenouilles, crapauds et autres espèces amphibies sont essentiels à l’écosystème. Les têtards sont des consommateurs d’algues quand les grenouilles et les crapauds sont des insectivores par excellence. Ensemble elles constituent un indicateur de la bonne santé des milieux naturels.« Avec le réchauffement climatique, on assiste également à des changements dans les régimes des précipitations et de l’évaporation qui vont conduire à une augmentation de la salinité », rapporte la chercheuse Lorrain-Soligon

Les effets du changement climatique qui explique en partie la montée des océans semblent plus importants que ce qui est connu jusque-là. Comme révélé par Lorrain-Soligon, les conséquences sont énormes en ce qu’elles se traduisent par des ouragans, des cyclones et des inondations qui dérèglent les écosystèmes. Cette étude ouvre la voie à la recherche de solution qui puisse protéger les espèces amphibies indispensables pour la survie des écosystèmes.