L’évidence parle d’elle-même pour expliquer la résilience de la diaspora haïtienne face aux nombreux problèmes qui sévissent dans leur pays d’origine. À court terme, les transferts de fonds envoyés par la communauté hors pays soutiennent les achats nécessaires à la survie de la population sur place, évitant ainsi le pire. À plus long terme, les problèmes associés à cette générosité se manifestent de différentes façons et créent une impasse difficile à surmonter.  Un changement de mentalité s’impose…  

 

La directrice générale de la Mission Corail-Haïti (organisme à but non lucratif situé à Québec), Annie Larochelle, salue la solidarité des Haïtiens envers leurs proches. « La résilience du peuple haïtien est bien présente au sein de la diaspora québécoise. Elle se manifeste par des transferts de fonds vers leur pays d’origine », mentionne-t-elle avec enthousiasme. Elle continue, « pour le reste, c’est d’abord et avant tout un travail de fond, d’accompagnement à la communauté qui stimulerait le changement de mentalité nécessaire à la prise décision, favorisant ainsi la pérennité du développement économique de leur pays », précise-t-elle.   

 

Ceci étant, les transferts de fonds de la diaspora haïtienne, de par le monde vers Haïti, totalisent 20% du PIB du pays, selon une étude menée par la Banque interaméricaine de développement. Comme mentionné plus haut par la directrice de la Mission, cette générosité provenant de la diaspora apporte son lot de soulagement au sein de la communauté en difficulté, certes.

 

Elle s’interroge cependant, « Qu’en est-il des efforts au quotidien pour stimuler le développement économique local (en Haïti) ? Les transferts de fonds remplissent bien leurs fonctions de base, assurer la survie à court terme. Par ailleurs, ceux et celles qui ont quitté leur pays d’origine et qui ont acquis une formation professionnelle, ne devraient-ils pas utiliser les fonds envoyés pour promouvoir le transfert de connaissances ? »  Enfin, poser ces questions, c’est finalement y répondre, assure la directrice générale de la Mission Corail-Haïti, Annie Larochelle.

 

Selon le premier ministre haïtien, Jean-Max Bellerive, 80%, du financement du pays provient de l’international. Des investissements directs associés au lobbyisme et l’ingérence d’États internationaux cristallisent la possibilité d’un dynamisme économique souverain créé par la population. Cette façon de faire est intégrée dans les communautés haïtiennes depuis trop longtemps et devenue, à force, un réflexe culturel qui nécessite une réhabilitation, selon le discours du premier ministre.

 

En attendant un revirement de situation, Annie Larochelle continue son travail en amassant des fonds par le biais de la Mission Corail-Haïti. L’an dernier fût marqué par de nombreuses réalisations, dont l’établissement d’un partenariat avec l’école St-Jean-Bosco, ainsi que la création d’une cantine pour nourrir les élèves. Madame Larochelle se dit très fière du travail accompli, sans quoi, l’école qu’elle parraine ne pourrait pas tenir le coup sans l’aide financière de la Mission.

 

Le travail d’Annie Larochelle ainsi que le labeur d’autres organismes à travers la province permettent à des centaines d’enfants d’avoir le privilège d’aller à l’école, de porter des vêtements adéquats, ainsi que de posséder un matériel scolaire en bonne et due forme pour leur éducation. C’est tout de même un baume sur la plaie en attendant une certaine mobilisation de la diaspora conclut, Annie Larochelle.