La guerre civile en Syrie, qui perdure depuis 9 ans, a déclenché, en 2015, une vague de plus de 5,6 millions de réfugiés dans le monde. Alors que le Canada a accueilli plus de 60 000 réfugiés syriens au cours des dernières années, plus de la moitié des parrainages nécessaires à leur accueil ont été faits par des organismes du secteur privé comme la congrégation des Sœurs Oblates Franciscaines de Saint-Joseph.

Sœur Pierrette Bertrand, Directrice Générale de la congrégation religieuse, estime que depuis le début de la crise humanitaire syrienne en 2015, les Sœurs Oblates ont parrainé plus de 475 personnes réfugiées. « Il y a des familles de deux, il y a des familles de cinq, à travers ça il y a [des personnes seules], mais c’est l’équivalent d’à peu près 100 familles. »

« Notre rôle commence surtout lorsqu’ils mettent les pieds à Montréal. Souvent il faut aller faire un examen de santé, il faut se rendre dans différents postes, alors [notre objectif premier] est de les stimuler à compléter les premières démarches une fois arrivés et à les guider vers les bonnes institutions. » – Soeur Pierrette Bertrand

Résidantes de Cartier-Ville à Montréal, la communauté des Sœurs Oblates Franciscaines de Saint-Joseph (OFSJ) travaille à réaliser sa mission depuis 1945 : « être visage d’Évangile dans les milieux où les sœurs sont présentes : santé, éducation, évangélisation et présence dans les milieux défavorisés. » Fondée par Marie-Anne Lavallée, la communauté a pour principaux projets de veiller au respect des droits humains et des droits environnementaux, d’autonomiser la jeunesse, d’accompagner les malades et de parrainer les personnes immigrantes.

Accompagner les nouveaux arrivants lors de la première année d’intégration

Les sœurs accompagnent les nouveaux arrivants qui cherchent à trouver un logement, allant parfois jusqu’à payer le premier mois de loyer afin d’assurer la légitimité du bail. Elles s’engagent également comme garants des familles de réfugiés qu’elles parrainent et leur offrent un soutien financier. « Pendant un an, on les aide beaucoup. »

« On insiste beaucoup pour l’intégration, affirme Sœur Pierrette. » Pour ce faire, « on va organiser des rencontres, des piqueniques, des voyages, des repas, des activités qui leur font connaître le Québec et qui leur ouvrent l’esprit à une réalité plus grande que celle de Montréal. » La communauté essaie également de proposer du travail en région aux nouveaux arrivants, explique la directrice de la congrégation : les Sœurs réfèrent les nouveaux arrivants principalement vers Saint-Jean-Sur-Richelieu, où elles travaillent conjointement avec un organisme de la région,  L’ANCRE.

La plus grande difficulté rencontrée au niveau de l’intégration reste « la langue, soupire Sœur Pierrette avant de préciser : la langue et le travail. » Selon elle, plus un immigrant arrive avec un haut diplôme de son pays d’origine, plus il lui semble difficile de trouver du travail au Québec. « Ils n’ont pas envie de retourner en arrière et de recommencer au bas de l’échelle », résume Sœur Pierrette, qui observe également que les femmes acceptent plus facilement de faire « des petits travaux » que les hommes.

L’équipe des Sœurs et de Madame Kalif accompagnent les nouveaux arrivants dans tout le processus légal de l’installation au Canada. « Ça peut être pour l’allocation familiale des enfants, [mais] on les accompagne constamment pour les mettre aux faits des lois du Québec. » La communauté des Sœurs Oblates organise de nombreux événements d’information qui servent de formations pour les nouveaux arrivants. Ces rencontres ont pour objectif premier d’aviser les réfugiés de leurs droits et de leurs obligations comme sujets de la loi Canadienne et Québécoise.

Assurées par les moyens et les ressources des Sœurs, ces séances de formation suivent différentes formules. Parfois, elles sont basées sur la communication en français et le développement des capacités à converser en français. D’autres fois, elles suivent une formule plus magistrale où le droit des femmes, le droit des enfants et les composantes de la culture québécoise sont enseignés.

Une soirée de formation à l’Église Saint-Joseph-de-Bordeaux. (Courtoisie de Hakima Kalif)

Offrir un appui légal aux démarches d’immigration

Hakima Kalif, Consultante en immigration travaillant auprès de la congrégation des Sœurs OFSJ, intervient au niveau des démarches légales du processus d’immigration de ces nouveaux arrivants. Elle est la contacte principale de la congrégation avec le Ministère de l’Immigration et de la Citoyenneté du Canada (CIC) et le Ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration du Québec (MIFI). Elle précise que : « les réfugiés n’ont pas le droit de s’inscrire au programme d’aide sociale pendant toute la première année d’engagement avec l’organisme de parrainage » en dehors d’un soutien du gouvernement du Québec pour la francisation. Dès lors, comme parrains, les Sœurs s’engagent à veiller à tous leurs besoins : « il y a une année d’engagement de prise en charge complète des réfugiés quand il est question du parrainage dans le secteur privé. »

Avant l’arrivée des réfugiés sur le sol québécois, Madame Kalif veille à l’établissement des dossiers d’immigration au niveaux fédéral (CIC) et provincial (MIFI). « Lorsqu’ils arrivent ici, on essaie de voir le plus vite possible s’ils ont les papiers, si tout est à jour. » Les tâches à accomplir au plus vite sont d’inscrire les parents aux classes de francisation, d’inscrire les enfants à l’école et d’amorcer les démarches pour la carte d’assurance maladie et la carte de résidence permanente.

Au-delà du parrainage

Les Sœurs ont parrainé des réfugiés syriens en provenance de multiples pays de refuge premier comme le Liban, la Turquie, l’Arabie Saoudite et les Émirat Arabes Unis. Les pays de refuge premier se qualifient comme les premiers pays d’accueil temporaire suite au départ de la Syrie où les réfugiés ne bénéficient d’aucun droit. « Ils n’ont aucun droit de citoyenneté ou de travail avant d’arriver à leur pays d’accueil [officiel], ici, le Canada », affirme Madame Kalif. La consultante en immigration ajoute que les Sœurs Oblates ont également parrainé des familles Rwandaises en provenance du Burundi.

« Ils nous enrichissent, ça va dans les deux sens, s’enthousiasme la Directrice Générale de la congrégation. » Sœur Pierrette Bertrand estime qu’elle apprend beaucoup des nouveaux arrivants qu’elle côtoie. Ils partagent avec elle leur culture d’origine et l’aident à dépasser ses préjugés.

« Ce sont des gens qui ont de belles qualités et, moi, ils m’interpellent de ce côté-là et ça enrichit un pays, mais ça les québécois prennent du temps à le comprendre. » – Soeur Pierrette Bertrand