Des milliers de québécois et québécoises composent au quotidien avec une maladie auto-immune chronique. Un dysfonctionnement du système immunitaire dont les causes peuvent être multiples et les contraintes nombreuses.

« J’ai gagné le gros lot », plaisante Fabrice Métiver. Âgé de 24 ans, cet étudiant de l’Université Laval est atteint de deux maladies auto-immunes. Depuis quelques années, il a appris à vivre avec un diabète de type 1 ainsi que la maladie de crohn. Cette dernière est une maladie inflammatoire chronique intestinale (MICI) pouvant atteindre n’importe quelle partie du tube digestif.

Suivi régulier chez le gastroentérologue et chez l’endocrinologue, une alimentation saine, des soins quotidiens… Les contraintes et les rendez-vous ponctuent le quotidien du jeune homme qui reste pourtant positif. « Il s’agit d’une motivation à rester en santé, à bouger et à bien manger ». Au Québec, comme Fabrice, 468 262 personnes ont du diabète selon une étude de Statistiques Canada, datant de 2014. Un peu plus de deux millions de personnes seraient touchées au Canada.

Des causes multiples

Les maladies auto-immunes se manifestent lorsque le système immunitaire se met à attaquer ses propres organes et tissus. Elles peuvent toucher tous les organes du corps. Malgré un nombre important de personnes atteintes d’une maladie auto-immune au Canada, elles sont encore mal comprises.

 Mieux saisir le mécanisme de ces maladies est la quête du Dr. Fawzi Aoudjit, de l’unité de recherche sur les maladies infectieuses et immunitaires du Centre Hospitalier de l’Université Laval (CHUL).  « Leurs causes sont multifactorielles, dans lesquelles les facteurs génétiques sont très importants, explique-t-il. Certaines maladies peuvent se  déclencher des suites d’une infection aussi.  Mais il reste énormément de recherche à faire sur le sujet ». L’importance des facteurs environnementaux apparaît non négligeable dans le processus de formation de ces maladies.

La sclérose en plaques, très fréquente au Québec

Environ 5 % de la population serait atteint de la sclérose en plaques (SEP), maladie auto-immune qui touche le système nerveux, selon le Dr. Aoudjit. Les cas seraient plus nombreux au Québec et en Amérique du Nord comparé au reste du monde. « En comparant le nombre de cas de sclérose en plaques dans d’autres pays occidentaux industrialisés, il est possible de remarquer que le nombre de cas est plus important au Canada, par exemple, beaucoup plus important qu’en Europe ou que chez nos voisins aux États-Unis », explique le chercheur.

La société canadienne de la SEP note que le Canada est reconnu pour avoir un des taux de sclérose en plaques les plus élevés du monde. 55 000 à 75 000 canadiens vivent avec la SEP. « La prévalence de la sclérose en plaques est habituellement considérée comme élevée lorsqu’elle est supérieure à 30 cas pour 100 000 habitants » explique-elle. On compterait « 180 cas sur 100 000 habitants au Québec ».

Quelles sont les causes de cette abondance? Les scientifiques évoquent plusieurs hypothèses. Selon le Dr. Aoudjit, une hypothèse non vérifiée, qui mériterait plus d’investigation, est « le fait qu’au Québec on soit situé plus au Nord, ceci apporte souvent un manque de vitamine D et de soleil pour la population ».

 En août dernier, une étude génétique publiée dans la revue américaine PLOS, sous la direction de Brent Richards, de l’université de McGill au Canada, a confirmé un lien entre un faible niveau de vitamine D et un risque plus élevé de développer la sclérose en plaques. Les chercheurs ont analysé  des niveaux de vitamine D génétiquement plus faibles et la probabilité de développer une SEP parmi 14.498 malades atteints de la maladie et 24.091 personnes en bonne santé. Les personnes ayant des niveaux de vitamine D génétiquement plus faibles auraient un risque deux fois plus grand de développer une SEP, qui est diagnostiquée entre les âges de 20 et 50 ans. Une avancée importante pour la recherche.