Avec l’arrivée de l’hiver, un premier test grandeur nature pour le projet pilote d’une piste cyclable hivernale a été annoncé par la ville de Québec. La mise sur pied de ce projet vise à déneiger une partie du réseau cyclable pendant l’hiver 2019-2020. La section de la piste cyclable située sur la rue Père-Marquette, reliant l’Université Laval au Vieux-Québec, a été retenue pour ledit projet évalué à 110 000 $. Même si les organisations promouvant le vélo dans la ville se réjouissent, elles souhaitent toutefois que l’administration en fasse davantage.
Le tronçon est-ouest de la voie cyclable Père-Marquette retenu par la Ville fait plus de 7 km. Selon Martial Van Neste, président de la Table de concertation vélo des conseils de quartier de Québec (TCV), cet axe a été choisi en raison du grand volume de cyclistes qui y circulent déjà durant l’été. Ce trajet a également toutes les configurations requises pour tester les techniques de déneigement, préconise M. Van Neste.
Selon Julien Roy, propriétaire du magasin Vélos Roy-O sur la rue Saint-Jean, le projet pilote « a le mérite de démontrer la volonté de la ville de faire une place pour le vélo d’hiver dans les prochaines années. L’endroit choisi est un bon, puisqu’il existe différents types d’aménagements tout au long du parcours. »
Le même enthousiasme se fait sentir auprès de Vélocentrix, un organisme ayant pour mission de soutenir la culture du vélo urbain et utilitaire dans la ville de Québec. « Il est certain que le déneigement de Père-Marquette est une bonne nouvelle. Ce sera l’occasion pour la ville de tester de nouvelles techniques de déneigement pour les cyclistes hivernaux », souligne son président par intérim, Michaël Gosselin.
Un accueil mitigé mais prometteur
« Pour le moment, le projet semble bien lancé. La voie est libre, bien dégagée, mais il faudra qu’on fasse un effort supplémentaire sur le campus pour que tout soit accessible aisément en vélo. Ça va venir ! », résume Guillaume Pinson, doyen de la Faculté des lettres et des sciences humaines de l’Université Laval, qui utilise la piste cyclable Père-Marquette tous les jours de la semaine. Même s’il est optimiste, il déplore le fait que la ville retire les points d’attache des vélos durant l’hiver : « Déneiger est un aspect essentiel, mais pour les vélos comme les voitures, il faut qu’on puisse les « stationner » quelque part. »
M. Roy, se dit lui « plutôt insatisfait » du déneigement effectué sur la piste cyclable jusqu’à maintenant :
« Le déneigement est souvent incomplet dans les endroits spécifiques aux vélos. Soit il y a des sections oubliées, soit les remblais laissés par les déneigeuses viennent créer de nouveaux obstacles. »
– Julien Roy, propriétaire du magasin Vélos Roy-O
De son côté, M. Van Neste explique que ces quelques problèmes sont liés au fait qu’il s’agit des débuts du projet :
« Jusqu’à maintenant, il n’y a eu qu’une seule tempête de neige et au début de la saison, c’est donc normal qu’il y ait eu quelques ratés. »
– Martial Van Neste, président de la Table de concertation vélo des conseils de quartier de Québec
Pour corriger les écueils éventuels, M. Gosselin rappelle que les usagers peuvent appeler le 311 afin d’informer les autorités lors de tout manquement au déneigement de la piste cyclable Père-Marquette.
En faire plus pour le vélo d’hiver
Par contre, les différents acteurs consultés sont unanimes : la ville aurait pu en faire plus pour le vélo d’hiver, y compris au niveau du projet pilote.
« À l’annonce du projet pilote, j’ai été déçu de voir que c’est seulement cet axe qui serait déneigé. On aurait facilement pu ajouter la piste bordant la rivière St-Charles, la piste sous les bretelles de l’autoroute Dufferin-Montmorency, celle de la pente douce (reliant la haute-ville et la basse-ville) et la piste cyclable de la 8e avenue dans Limoilou. […] J’aurais aimé que la ville ait plus de courage », se désole M. Gosselin.
Créé en 2015, cela fait maintenant quatre ans que la TCV fait pression pour que soit créé un réseau blanc dans la ville de Québec.
« On comprend que ce n’est pas tout le réseau cyclable qui va devenir blanc du jour au lendemain. [Le projet pilote] est encourageant, mais c’est sûr que ça ne va pas aussi vite qu’on le voudrait. »
– Martial Van Neste, président de la Table de concertation vélo des conseils de quartier de Québec
Tant la TCV que Vélocentrix déplorent le manque de volonté politique, qui retarde selon eux l’implantation d’un réseau blanc dans la ville. « Les politiciens ne considèrent pas cet enjeu assez important, puisqu’il n’y a pas assez de demandes. Mais on remarque que lorsqu’il n’y a pas d’infrastructures, les gens ne font pas de vélo l’hiver », conclut M. Van Neste.
Une nouvelle politique à l’automne 2020
En février 2019, à la demande de la Ville de Québec, l’organisme Vélo Québec a réalisé et publié une étude sur la conception d’un réseau cyclable hivernal. Leur rapport émettait plusieurs recommandations, dont la mise en place d’un projet pilote pour qu’une partie du réseau cyclable soit déneigée au cours d’un hiver complet. Selon les résultats du projet, l’implantation d’un réseau cyclable hivernal pourrait alors être envisagée à plus grande échelle.
À plusieurs reprises durant l’automne, la TCV a rencontré des responsables du projet pilote de déneigement pour échanger sur l’approche retenue et les étapes du déploiement avant discuter avec Marie-Josée Savard, vice-présidente du comité exécutif, autour notamment de la question du vélo d’hiver et l’allongement de la saison d’ouverture des pistes. Selon M. Van Neste, d’autres rencontres seront prévues avec des responsables de la ville au cours de l’hiver.
Selon le site de la Ville de Québec, la Ville déposera un projet de politique de déneigement révisée au printemps 2020, et tiendra à cette occasion des séances publiques d’information. Les différents acteurs pourront également déposer des mémoires sur le projet de politique avant l’ouverture de consultations publiques à l’automne 2020.