L’été 2019 tire à sa fin et la saison touristique estivale a été un franc succès, notamment pour les restaurateurs et hôteliers du Vieux-Québec. Dans les dernières années, le tourisme à Québec est en forte croissance et les performances de 2018 ont fait d’elle une année record et ce, à l’échelle provinciale. Les acteurs de l’industrie touristique se disent donc satisfaits de l’année qui s’achève, malgré une légère baisse des activités comparativement à l’année dernière. Ils continuent néanmoins de mettre sur pied des stratégies visant à attirer la clientèle internationale, été comme hiver.
Jenna Dubé, conseillère en communication et aux relations publiques à l’Office du tourisme de Québec (OTQ), estime que les performance touristiques estivales de 2019 se situent au niveau de celles de 2017, en légère baisse par rapport à l’année record enregistrée en 2018.
Les performances touristiques de l’année dernière avaient en effet atteint des records à l’échelle de la province et non seulement à Québec. Pour Jenna Dubé, la fréquentation touristique est généralement cyclique et a culminé pour atteindre son apogée en 2018. En cause selon elle, les efforts de promotion de la part de l’OTQ ainsi que des autres acteurs de l’industrie (Alliance de l’industrie touristique du Québec, ministère du Tourisme, Destination Canada ainsi que les autres Associations touristiques régionales) qui ont été réalisés dans les dernières années.

La conseillère cite également l’influence jouée par Goblin, cette série coréenne qui est un énorme succès, dont certaines scènes-clés ont été tournées à Québec en 2016 et diffusées qu’en 2017 puis 2018. Depuis, l’augmentation de touristes coréens est notable dans la région et les retombées de ces visiteurs n’avaient d’ailleurs pas été anticipées dans les prévisions de l’office. Mme Dubé précise qu’il est d’autant plus important de maintenir des actions de promotion auprès de cette clientèle afin de s’assurer que le cycle ne « retombe pas ».
Madame Dubé précise néanmoins qu’il est difficile pour l’OTQ d’évaluer la provenance des touristes parce que le tout se calcule par les entrées aux douanes dont la majorité est comptabilisée à l’aéroport de Montréal.
Autre facteur d’explication possible pour les performances exceptionnelles de 2018, les festivités du 150e anniversaire du Canada en 2017 et la tenue du G7 en 2018. Madame Dubé souligne à cet égard que le G7 a permis non pas d’augmenter les taux d’occupation, qui sont habituellement très bons dans la région, mais plutôt d’augmenter le tarif moyen hebdomadaire des habitations touristiques (264 $/nuitée) qui a atteint des sommets dans la Ville de Québec depuis les quinze dernières années.
Miser sur le tourisme d’hiver
Depuis 2017, l’OTQ fait du développement de l’expérience hivernale l’une de ses priorités. Il a été convenu de développer une « Vision hivernale » pour rallier toutes les parties prenantes autour d’une approche fédératrice afin de stimuler les activités touristiques de décembre à mars. L’Office a donc mis en place la Table hivernale, qui regroupe plus d’une trentaine de personnes issues du milieu touristique hivernal (notamment des gestionnaires de sites naturels et les organisateurs d’événements), de la ville et, évidemment, de l’OTQ. L’objectif est de rallier un maximum de partenaires régionaux derrière un plan d’action commun, en vue d’atteindre une augmentation de 15,4 % de touristes à destination par rapport à l’année 2017, durant la saison hivernale.
« L’hiver fait partie de l’ADN de notre destination et c’est pour cette raison que l’OTQ cherche à mener l’expérience hivernale offerte à son plein épanouissement et vise à offrir une expérience hivernale, intégrée, attractive et mémorable », indique Jenna Dubé. Pour ce faire, l’office cherche à mettre en place et à soutenir des événements propices à augmenter la fréquentation touristique en période hivernale.
En effet, à Québec, l’achalandage des touristes reste plus élevé en été qu’en hiver. Principal outil pour mesurer l’achalandage, le taux d’occupation des hôtels dans la région touristique de Québec varie beaucoup d’une saison à une autre. Selon les statistiques de l’OTQ, le nombre de chambres réservées dans les hôtels en janvier 2019 atteignait 160 877, comparativement à 330 181 en août de la même année.
La titulaire de la Chaire de Tourisme de l’Université Laval, Pascale Marcotte, voit d’un bon œil cette initiative visant à diversifier l’offre et étendre la saison touristique jusqu’en hiver :
« Puisque la saison estivale commence à être saturée [miser sur le tourisme hivernal est] une opportunité économique, mais aussi d’une perspective plus durable, cela permet de diminuer la pression durant l’été. »
– Pascale Marcotte
De son côté, Jean-Mathieu Tremblay, gérant du restaurant Le Sapristi, sur la rue Saint-Jean dans le Vieux-Québec, se dit très satisfait de l’été qui s’achève et note une croissance notable de l’achalandage de son restaurant. Pour la première fois cette année, il a retardé d’un mois sa période d’embauches, puisqu’il note un prolongement de la saison estivale, qui empiète largement sur le mois de septembre. La terrasse est ouverte un mois de plus, ce qui a des répercussions positives sur ses recettes durant la saison hivernale. S’il constate que novembre et janvier sont ses deux mois les moins achalandés, il compte sur plusieurs événements durant cette période, comme le nouveau Toboggan Fest, le Carnaval de Québec, le tournoi pee-wee et les fameux partys de bureau du temps des fêtes pour maintenir le volume de sa clientèle. Il précise néanmoins que celle-ci est principalement locale en saison hivernale.

Cibler la clientèle internationale
Les stratégies de promotion du tourisme hivernal de l’OTQ ciblent les touristes étrangers. Parmi celles proposées lors de la Table hivernale, une campagne publicitaire numérique est déployée en France via sept capsules vidéo, qui mettent en vedette la chef française Amandine Chaignot. À travers soit l’histoire et le patrimoine, l’art de vivre et la culture, et le plein air, on y suit la cheffe durant son périple de quatre jours à Québec. Une campagne similaire a aussi été déployée aux États-Unis avec la collaboration de l’artiste américain Timothy Goodman.
Madame Marcotte est d’avis que le tourisme hivernal connaît une « belle croissance » depuis une vingtaine d’années : « Il se développe des produits très particuliers à Québec, comme le Carnaval et l’Hôtel de Glace, qui attirent une clientèle différente et qu’on n’avait pas il y a 25 ans. » Traditionnellement, la clientèle touristique était composée de Québécois, mais la chercheuse constate l’émergence d’une nouvelle clientèle européenne, attirée par l’exotisme hivernal.
Selon elle, les touristes internationaux visitant le Québec durant l’hiver sont originaires de France, d’Allemagne et du Royaume-Uni. Ayant déjà visité le Québec durant l’été, ils ont eu envie de revenir durant la saison froide :
« Cela doit être rare de voir des touristes à Québec pour la première fois en hiver. Je pense plutôt qu’ils viennent dans le cadre d’un second voyage dans la province. »
– Pascale Marcotte

Au cours des prochaines années, le tourisme dans la région de Québec ne devrait pas s’essouffler, été comme hiver. En effet, non seulement les statistiques démontrent une croissance constante, mais le gouvernement fédéral a également annoncé le 28 août 2019 qu’il octroyait 2 millions de dollars pour stimuler le tourisme international à Québec.
En 2016, le Ministère du Tourisme a dressé un portrait de l’industrie touristique dans la province et a constaté que les principaux marchés internationaux au Québec sont les bassins de touristes en provenance des États-Unis (46,9 %) et de France (14,8 %). La Chine constituait seulement 2,4 % de la part des marchés internationaux à Québec, mais en forte croissance. Tourisme Québec note une augmentation de 111,4 % du nombre de touristes chinois au Québec entre 2014 et 2016.
Selon madame Marcotte, plusieurs raisons expliquent la croissance du tourisme à Québec. Le principal facteur vient du fait que le nombre de touristes dans le monde augmente, il est donc normal que cette croissance se manifeste à Québec. Elle mentionne également le travail de l’industrie touristique qui depuis de nombreuses années fait beaucoup de promotion pour attirer la clientèle dans la région, ainsi que l’apparition des marchés chinois, indiens et mexicains, qui pour des raisons économiques ou politiques étaient moins présents auparavant. De plus, elle mentionne que la ville de Québec a aussi reçu plusieurs prix pour la qualité de son accueil et de ses infrastructures et est reconnue pour son caractère à la fois sécuritaire et pittoresque qui lui donne un certain avantage. « Tous ces facteurs font que la croissance à Québec est au rendez-vous », constate-t-elle.
Mme Marcotte note également que la valeur du taux de change canadien peut influencer le tourisme, comme le décourager, dépendamment du pays de provenance dudit touriste. Les visiteurs américains « de proximité », c’est-à-dire du nord-est américain, ont tendance à venir au Canada de manière plus spontanée, ne prévoyant pas nécessairement leur voyage à l’avance.
En effet, elle remarque que moins de Canadiens se rendent aux États-Unis en raison de la valeur du dollar désavantageux. En ce qui concerne les Européens, la chercheuse précise que depuis un bon moment déjà, l’euro est plus avantageux que le dollar canadien, il est donc plus difficile de remarquer un impact de ce côté.


















