Walmart a annoncé le 29 mars 2018 la fin de son programme d’employabilité pour les personnes aux prises avec des limitations physiques et intellectuelles. Les employés de la multinationale ont eu moins d’une semaine d’avis afin de digérer la nouvelle. Malgré la décision de Walmart de faire marche arrière, des organismes et des entreprises adaptés étaient déjà mobilisées pour engager les employés à capacités limitées.

Source : Statistique Canada et l’Office des personnes handicapées du Québec

Pour sa part, Alexandre Girard, un ancien employé de l’entreprise Walmart qui a côtoyé régulièrement des employés avec des limitations, croit que ces personnes qui travaillent pour la multinationale sont heureux de franchir les portes du magasin à chaque quart de travail. Selon M. Girard, le fait d’avoir un emploi apporte à ces employés un sentiment d’accomplissement. L’ex-employé donne des exemples de tâches que les personnes avec des limitations effectuent dans le magasin et il explique que dans certains départements, cette aide est précieuse.

 

 

Monsieur Girard affirme également que les employés avec des limitations sont attachants et qu’ils avaient les qualités nécessaires pour bien effectuer leurs tâches.

 

 

Francine Julien-Gauthier, professeure agrégée au Département des fondements et pratiques en éducation, n’est pas surprise par cette déclaration. Selon la professeure agrégée, les personnes ayant des limitations ont plusieurs qualités que les employeurs recherchent. À titre d’exemple, elle évoque le fait que « les personnes qui ont des déficiences intellectuelles ont la réputation d’être très assidues et très stables au travail ».

La professionnelle de l’intégration sociale des personnes handicapées explique que dans le contexte actuel dans lequel la pénurie de main-d’œuvre et la rétention du personnel sont des problèmes importants, l’embauche de travailleurs ayant des limitations est une excellente alternative dans les domaines non spécialisés. Elle ajoute aussi que les employés qui ont des handicaps sont généralement très fidèles à l’entreprise et qu’ils privilégient l’aspect humain dans leur milieu de travail.

 

Un arrêt brusque pour les employés

 

Selon Madame Julien-Gauthier, la situation dans laquelle se sont retrouvés les employés de Walmart ayant des handicaps est bien malheureuse. Selon la professeure agrégée du Département des fondements et pratiques en éducation, il est convenable que certaines modifications soient effectuées dans ce genre de programme d’employabilité. Toutefois, dans le cas de Walmart, le changement a été apporté de façon trop brusque, sans avertissement pour les employés concernés et sans explication. Madame Julien-Gauthier explique que selon elle, « il aurait été préférable que les dirigeants de Walmart prennent le temps de s’asseoir avec les gens des services sociaux et de voir comment ils pouvaient modifier le mode de fonctionnement ». Elle ajoute que si aucune entente n’est possible entre les deux parties, un arrêt de travail progressif sera plus facile à accepter pour les employés qui ont des limitations. C’est d’ailleurs ce manque de communication et de transparence qui a autant indigné la population québécoise à l’égard cette décision prise par Walmart.

 

Les organismes d’aide à l’emploi de la ville de Québec

 

Francine Julien-Gauthier soutient toutefois que les personnes ayant un handicap ont plusieurs ressources afin de se trouver un emploi. Elle mentionne tout d’abord ÉquiTravail, un organisme d’aide à l’emploi qui favorise l’intégration des personnes ayant des limitations sur le marché du travail. Dans le même ordre d’idées, le service de réintégration au travail La Croisée offre des services similaires à ÉquiTravail. La Croisée offre aussi des services d’orientation et des cours d’informatique pour les personnes ayant des limitations physiques ou intellectuelles.

 

Le Groupe TAQ : un employeur potentiel

 

Madame Julien-Gauthier a aussi abordé le fait qu’il y a des entreprises adaptées dans la ville de Québec qui cherchent des travailleurs ayant des limitations afin de les engager. C’est notamment le cas du Groupe TAQ, qui offre des solutions de sous-traitance et d’envoi postal pour les entreprises québécoises. Johanne Leclerc, directrice des ressources humaines au Groupe TAQ, explique la mission de l’entreprise :

 

Madame Leclerc ajoute que les organismes qui ont le mandat de recommander les candidats au Groupe TAQ sont ÉquiTravail et La Croisée. La directrice des ressources humaines explique que le processus de sélection des candidats est assez complexe:

 

 

Johanne Leclerc croit que les employés du Groupe TAQ ont un sentiment d’accomplissement au travail. La directrice des ressources humaines explique que les employés « apprennent à socialiser entre collègues de travail, qu’ils apprennent à faire la préparation de leurs repas et qu’ils ont une prestation de travail à donner », ce qui s’apparente à la réalité d’un employé régulier. Elle admet toutefois que les employés à capacité limitée ont besoin d’écoute et de patience afin de se développer.

 

Madame Leclerc a soutient que le Groupe TAQ a une charge de travail importante. Elle est prête à embaucher des employés avec des limitations qui souhaitent relever de nouveaux défis : « Nous avons du travail et des besoins, alors c’est certains que nous sommes prêts à les accueillir ! », affirme-t-elle.