Les travailleurs étrangers représentent depuis la pénurie de main-d’oeuvre un second souffle et sont de plus en plus présents dans la ville de Québec. Mais les démarches administratives sont longues pour ces nouveaux arrivant et parfois compliquées dans la mesure où chaque cas est différent.  Alors comment sont-ils sélectionnés et quel est le rôle des entreprises québécoises qui les accueillent, dans ce processus de recrutement international ?

Line Lagacé  est Vice présidente au sein de Québec International, son rôle est simple : prospecter les travailleurs étrangers et endosser tous les enjeux en rapport avec la croissance des entreprises. «  Notre mandat  se porte sur les étudiants étrangers et sur les travailleurs internationaux. Pour l’année dernière, ce sont 1107 recrutements qui ont été effectués. Notre travail, c’est de seconder l’employeur durant le processus.»

Voilà déjà 11 ans que Québec international travaille sur l’insertion des travailleurs étrangers et développe des actions pour les inciter à répondre présent. « Nous avons compris que pour les intéresser nous devions leur faire de réelles offres d’emploi avec de bonnes opportunités. Nous secondons les entreprises pour cibler un bassin international de recrutement. Les candidats sont sélectionnés sur CV.»

Mais avant ce recrutement c’est un long travail d’équipe qui s’opère entre Québec internationale et les différentes entreprises qui font appel à eux. « Nous  recrutons 6 mois à l’avance les entreprises qui souhaitent faire appel à nous puis nous validons ou non leurs offres d’emploi, ensuite nous commençons une campagne de promotion sur les territoires en ciblant les individus. Puis les entreprises prennent une décision parmi les CV sélectionnés et triés. »

Pour intégrer chaque candidat dans une démarche active, en les rendant acteurs de leurs avenir professionnel,  Québec international a aussi mis en place un système virtuel pour permettre à certaines personnes de passer  des entretiens d’embauche via Skype. Si l’entretien est une réussite, Québec international opte pour le permis de travail temporaire comme l’explique Line Lagacé. « En général c’est plus simple et rapide, on passe par le permis de travail temporaire qui permet à l’individu de pouvoir déposer une demande qui correspond à une offre d’emploi. » En cas de questions, l’agence a aussi développé un système de questions-réponses sur son site  pour aider au maximum les travailleurs étrangers.

L’augmentation du budget offert à l’organisme cette année permet à Québec international de doubler ses missions concernant le recrutement de travailleurs étrangers. Un moyen efficace de combler le déficit causé par la pénurie de main-d’oeuvre.

Pour Québec International, les étudiants étrangers représentent une partie de l’avenir financier de Québec. « Ça fait un an qu’on travaille sur rétention des étudiants internationaux. Notre étude a confirmé que 72 % des étudiants internationaux ont manifesté un intérêt à vouloir rester sur le territoire s’ils avaient une opportunité d’emploi. Ce qui les attire, c’est la qualité de vie, l’aspect culturel, ce qui les retient c’est vraiment les opportunités d’emploi. » déclare Line Lagacé. Photo de courtoisie.

Marilou Bleau est directrice aux ressources humaines pour l’entreprise de service-conseil  d’informatique Systématix depuis bientôt 14 ans. Selon elle, les travailleurs étrangers représentent une ressource importante. « 38% de notre main-d’œuvre provient de  19 pays différents, ce qui est une belle richesse culturelle qu’on va chercher tant au niveau des valeurs, des façons de travailler qui sont autres et peuvent nous amener à évoluer dans les nôtres ou a échanger et collaborer avec leur façon de travailler. Au niveau des technologies qui sont aussi parfois différentes ça nous permet de gagner en qualité du travail qu’on fait. »

Mais le recrutement de ces travailleurs étrangers n’est pas toujours simple notamment au niveau des papiers d’immigration« Il y a des portions de démarches qui doivent absolument être faites par l’employeur, payées par l’employeur aussi et ensuite il y a la portion qui est faite par le futur employé. Malgré tout, le travailleur doit avoir une certaine somme sur son compte que requiert l’immigration. Nous tâchons d’être un soutien pour ces travailleurs en les aidant tout au long de leur parcours mais aussi à leur arrivée à Québec. »

Une pénurie qui ouvre au multiculturel

Cet engagement vers le recrutement international fait aussi suite aux conséquences de la pénurie de travailleurs qui se fait sentir au Québec. « En 2008, la pénurie se faisait déjà sentir. Aujourd’hui, c’est de plus belle, ce qui fait qu’on n’a pas le choix d’aller chercher ces gens-là à l’international. Maintenant la pénurie touche un grand nombre de secteur et l’arrivée de ces travailleurs étrangers permet de combler un peu ça. »

Dans la mesure où Systématix n’est pas une multinationale, Marilou Bleau est aidée par des associations telles que Québec international pour développer une certaine visibilité sur le marché du travail étranger et ainsi faire connaitre ses offres d’emploi, notamment lors de journée spéciales développées à l’étranger spécialisées dans l’offre d’emploi québécoise comme les Journées Québec. « Ça fait 11 ans qu’on participe à des missions de recrutement international organisées par Québec international, mais ce recrutement  a toujours fait partie des valeurs et des fibres de Systematix depuis le début. Il faut avoir une logistique pour le voyage et des contacts de ce fait en faisant affaire avec les missions que Québec international organise, c’est plus simple car pendant qu’ils permettent une visibilité, moi je peux me concentrer sur le recrutement ».

Pour combler à la pénurie de main-d’oeuvre, les entreprises québécoises font donc désormais appel à un appel d’offre international diffusé par des associations comme Québec International.

Marilou Bleau admet que les travailleurs étrangers représentent un enrichissement culturel fort. « L’association avec Québec international me permet d’avoir des contacts précis et de référer chaque travailleur étranger à la bonne personne selon ses questions une fois arrivé au Québec mais aussi avant. » Crédit photo /Amandine Cardonnet

Christelle Gaché a tenté l’expérience Québec il y a un an avec toute sa famille au sein de l’entreprise Systématix. Elle admet que les conditions de travail répondent plus à ses attentes au Québec en général et ne regrette pas d’avoir quitté son emploi en France pour démarrer une nouvelle vie professionnelle.