Alors que récemment, une enquête dans plusieurs cliniques de la région de Montréal a démontré qu’une journaliste pouvais obtenir très facilement des prescriptions pour des médicaments traitant les troubles anxieux, le débat autour de la surmédicamentatention des troubles mentaux a aussitôt refait surface dans l’actualité. Xavier, jeune homme de 25 ans, explique la facilité avec laquelle il a pu lui aussi obtenir des médicaments pour son trouble d’anxiété généralisée

Xavier (nom fictif) avait 22 ans lorsqu’il a été diagnostiqué avec un trouble anxieux généralisé (TAG). Maintenant âgé de 25 ans, il explique comment s’est passé son diagnostic ainsi que sa prise de médicaments pour traiter son trouble. 

Le TAG touche davantage les adultes entre 45 et 64 ans. Les femmes sont statistiquement plus touchée que les hommes. (Crédit photo : Capture d’écran)

La technicienne en éducation spécialisée, Sarah Létourneau, définit le TAG comme un trouble où une personne a tendance à faire des crises de panique dès qu’elle doit sortir de sa zone de confort : « La personne peut aussi être irritable et aller même jusqu’à devenir agressive pour quelque chose d’aussi banal que beaucoup de vent dehors ». 

L’augmentation de la prise d’anxiolytiques ou d’antidépresseurs est en forte hausse au Québec. Selon les chiffres de la RAMQ, c’est un peu plus de 23 000 nouvelles personnes qui, chaque année, obtiennent des ordonnances relatives aux antidépresseurs.

Le nombre de personnes faisant des demandes de remboursement relatives à la prescription d’antidépresseurs auprès de la RAMQ augmente de plus en plus. (Crédit chiffres: RAMQ)

Les pilules viennent rapidement 

« J’ai rencontré un psychiatre qui, après quelques minutes de discussion, m’a annoncé que je semblait présenter un TAG. Nous avons parlé un peu et, environ 30 minutes plus tard, je ressortais du bureau avec une prescription. »

– Xavier, jeune homme souffrant d’un TAG

La psychiatre opérant dans la région de Montmagny, Ghislaine Daudelin, explique que, dans quelques cas, il est possible que les troubles anxieux soient trop rapidement médicamentés : « Dans l’optique où prendre des médicaments n’est jamais banal, ça peut arriver que ce soit mieux d’attendre et d’essayer d’autre chose pour traiter l’anxiété ». Elle suggère le recours à la psychothérapie, au sport ou encore à la relaxation comme alternatives aux médicaments. Madame Létourneau propose également plusieurs solutions alternatives avant la médicamentation des troubles anxieux : « On peut parler de relaxation, de yoga, de méditation, le dessin…  ou juste se trouver quelque chose qui nous aide à penser à autre chose! » 

Xavier explique que des solutions comme la psychothérapie ou encore la thérapie de groupe lui avait été offertes lors de sa consultation, mais il lui aurait suffi de dire non à cela une seule fois pour qu’on lui prescrive les pilules. Son psychiatre n’aurait jamais insisté selon lui.  

Sarah Létourneau, technicienne en éducation spécialisée, croit que la meilleur façon d’éviter la surmédicamentation est de faire un bon suivi après la prescription de tels médicaments : « Ça peut être soit avec le travailleur social, l’éducateur, l’infirmier, le médecin, etc. C’est sûr que c’est plus facile en région où ils [les médecins] tendent à avoir moins de personnes à leur charge. »

Xavier, lui, explique toutefois que personne n’a fait de suivi après qu’il ait obtenu ses médicaments : « La psychiatre m’a simplement dit que je pouvais le mentionner à mon médecin de famille quand je le reverrais. Personne ne m’a jamais recontacté et on ne m’a jamais demandé de revenir pour un autre rendez-vous ».

Le jeune homme explique aussi que, selon son expérience, il est assez facile d’obtenir ces médicaments dans une clinique sans rendez-vous. Lorsqu’il n’en avait plus et qu’il voulait en reprendre, il prétend n’avoir eu qu’à dire qu’il ressentait beaucoup d’anxiété au médecin et qu’il a tout de suite reçu une prescription. 

« En même pas 10 minutes, j’avais mes pilules cette fois. Sérieux, si tu les veux vraiment les pilules, tu n’as pas besoin de demander longtemps au sans rendez-vous. »

– Xavier, jeune homme souffrant d’un TAG

Sarah Létourneau croit que la rapidité à laquelle les médicaments sont prescrits dans un sans rendez-vous peut être expliqué par le quota de patients que les médecins doivent voir par jour dans ce type de clinique.

Y’a-t’il d’autres solution?

« J’ai pris les pilules pendant quelques mois, j’en suis vite devenu dépendant, explique Xavier. J’en prenais de plus en plus, car je m’habituais aux effets après un bout donc j’augmentais ma dose. » Il explique aussi qu’un jour il a réalisé à quel point il devenait dépendant à ses cachets et a décidé de trouver une autre solution pour soigner son trouble. 

« J’étais tanné de me sentir comme un zombie… c’est à ce moment-là que j’ai commencé à faire de la méditation. Depuis, je n’ai plus retouché à ces pilules. »

– Xavier, jeune homme souffrant d’un TAG

Qu’on soit touché de près ou de loin par les troubles anxieux ou la dépression, madame Létourneau souligne l’importance de parler à ses proches ou à un intervenant. Selon la technicienne, parler des problèmes vécus peut faire le plus grand bien aux personnes souffrant d’un trouble anxieux.    

Plusieurs sites ou centres d’aide sont disponibles partout au Québec pour les gens qui ont besoin de parler à quelqu’un :