Malgré les déclarations chocs du journaliste d’enquête Fabrice de Pierrebourg au sujet d’un potentiel «foyer de radicalisation» à l’Université Laval, Québec peut se targuer d’être l’une des villes les plus sécuritaires au pays. Le titulaire de la Chaire de recherche du Canada en surveillance et construction sociale du risque, Stéphane Leman-Langlois, est même d’avis que la ville est près de la menace «0».

L’universitaire souligne que Québec ne constitue pas une cible de choix pour les organisations terroristes. La portée symbolique de la ville n’est pas aussi grande que celle de Bruxelles ou Paris, les dernières villes touchées par des attentats terroristes de grande ampleur.

C’est plutôt du côté d’Ottawa ou de Toronto, respectivement les capitales politique et financière du pays, où les groupuscules pourraient sévir, selon M. Leman-Langlois. Les capitales provinciales comme Québec sont davantage visées par des «terroristes locaux». Cependant, même à l’époque où le Front de Libération du Québec était encore en activité, l’expert en criminologie rappelle que «90% des activités de l’organisation se concentraient à Montréal ou en Montérégie».

Il ajoute que ce risque terroriste presque nul induit toutefois des effets pervers. Bien que diverses mesures de sécurité existent, «on ne sait pas si elles sont véritablement efficaces puisqu’on ne s’en sert jamais», rappelle M. Leman-Langlois. D’où l’importance des simulations. Bien qu’elles soient utiles, l’expert en criminologie questionne l’efficacité de ces dernières.

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L’état d’urgence locale

La ville de Québec s’est tout de même donné les moyens pour intervenir en cas de sinistre majeur sur son territoire et peut donc déclarer l’état d’urgence en cas d’attentat terroriste par exemple. Or, dans de telles circonstances, l’état d’urgence est nécessaire puisque les autorités municipales ne sont pas en mesure d’assurer la sécurité des citoyens «dans le cadre des règles de fonctionnement habituelles»,selon la section 2 de la Loi sur la sécurité civile.     

La Ville est alors en droit de s’octroyer des pouvoirs extraordinaires. Elle peut notamment contrôler l’accès aux voies de circulation de son territoire, accorder des dérogations aux règlements municipaux en vue de faciliter le travail des autorités ou ordonner l’évacuation de résidents si elle le juge nécessaire.

En vertu de la déclaration de l’état d’urgence, les membres du Conseil municipal bénéficient d’une immunité et ne peuvent donc pas être traînés en justice pour «un acte accompli de bonne foi dans l’exercice de leurs pouvoirs».

Bien que Québec ait été épargnée dans le passé par les organisations terroristes, il n’en demeure pas moins qu’elle a connu des épisodes violents. Le 8 mai 1984, le caporal Denis Lortie a fait irruption à l’Assemblée nationale et tué 3 personnes. Sans être qualifiée d’«attentat terroriste», cette tuerie demeure tout de même l’un des moments les plus violents de l’histoire de la ville.

Une responsabilité partagée

En cas d’attentats, M. Leman-Langlois indique que le Service de Police de la Ville de Québec (SPVQ) pourrait se voir contraint de passer le flambeau à d’autres corps policiers selon l’évolution de l’enquête. En effet, le plan de sécurité civile de la ville de Québec prévoit que, tout dépendamment de l’ampleur du sinistre dont il est question, d’autres intervenants pourraient prendre le relais, notamment l’organisation de la sécurité civile du Québec ou de la sécurité publique du Canada.  

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D’ailleurs, afin d’assurer un meilleur dialogue entre les différents corps policiers, il y a de cela 18 mois, un bureau des Équipes Intégrées de Sécurité Nationale, chapeauté par la Gendarmerie Royale du Canada, a élu domicile dans la capitale nationale. Auparavant, seulement les grandes villes du pays disposaient de leur bureau d’EISN.

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Stéphane Leman-Langlois rappelle cependant que le SPVQ jouera toujours le rôle de premier répondant sur son territoire, et ce, même s’il s’agit d’un acte «terroriste».

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Une menace persiste

Mme Aurélie Campana, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les conflits et le terrorisme, souligne que la menace la plus importante qui pèse contre le Canada, c’est celle des «loups solitaires», comme ceux ayant sévi à St-Jean-sur-Richelieu ou au parlement canadien. Les attentats de Paris et de Bruxelles pourraient d’ailleurs servir d’éléments incitatifs pour ces individus, selon Mme Campana

La politologue soutient que, même si des sommes colossales sont investies dans la lutte contre le terrorisme, cette menace constitue une fatalité puisqu’elle évolue très rapidement et reste donc complexe à saisir pour les autorités. «Des attentas comme ceux de Paris, il y en aura d’autres»,  se résigne Mme Campana.

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