Au moment où Loto-Québec a annoncé que le Salon de jeux de Québec allait déménager d’ExpoCité au centre commercial Fleur de Lys, plusieurs ont émis de sérieuses réserves quant au choix du secteur Vanier comme nouvel environnement.

La Direction régionale de santé publique de la Capitale-Nationale avait notamment déploré la situation, puisque le Salon de jeux « est maintenu dans un quartier défavorisé » là où les populations sont plus vulnérables à la séduction des paris et jeux d’argent. Or, dans l’année qui a suivi le déménagement,  entre la date de son déménagement, en novembre 2014,et le 31 mars 2015, « le Salon de jeux de Québec a vu son achalandage augmenter de 66 % et ses revenus de 36 % », indique la page 3 du rapport financier 2014-2015 de la société Loto-Québec. Les craintes se sont-elles réalisées ?

Pour l’année 2014-2015, le Salon de jeux de Québec a généré un produit d’un peu plus de 23 millions de dollars, alors que le produit 2013-2014, c’est-à-dire la recette engendrée par la vente de services, était d’un peu plus de 20 millions de dollars.

En termes de résultat net, c’est-à-dire en termes de bénéfices restant après impôt et paiement des charges d’activités, des trois secteurs d’activités de Loto-Québec, les établissements de jeux représentent la source la plus importante de profit, soit 49,2 % de la recette.

Mises en garde

C’est au début de l’année 2014 que la société d’État Loto-Québec annonçait le déménagement de son Salon de jeux de Québec. Le Salon de jeux allait passer d’ExpoCité dans la Cité-Limoilou au centre commercial Fleur de Lys dans le secteur Vanier.

Au conseil de quartier de Vanier, le 4 juin 2014, des citoyens exprimaient leurs craintes, notamment en ce qui concerne le fait « que le nouvel emplacement donne beaucoup plus de visibilité au Salon de jeux, ce qui va attirer davantage de joueurs ».

Dans un communiqué de presse, la Direction régionale de santé publique de la Capitale-Nationale énonçait trois recommandations sur le choix de l’emplacement du Salon de jeux : 1.) Éviter la proximité des secteurs de forte défavorisation ; 2.) Privilégier les secteurs touristiques ; 3.) Retirer les sites de loterie vidéo dans un rayon de 2,5 km du nouvel emplacement.

Loto-Québec, qui détient pourtant la plus haute certification internationale en matière de jeu responsable, soit la certification de niveau 4 du cadre général de jeu responsable de la World Lottery Association, n’a respecté que la dernière de ces recommandations.

Portrait du quartier Vanier

Selon une enquête du Centre de santé et des services sociaux de la Vieille-Capitale de 2011, Portrait de défavorisation du territoire du Centre de Santé et des services sociaux de la Vieille-Capitale, Vanier est l’un des quartiers les plus défavorisés de Québec. Aussi, le nouvel emplacement du Salon de jeux de Québec se situe dans la zone de Vanier où la défavorisation, tant matérielle que sociale, est la plus élevée.

La proportion de personnes sans diplômes d’études secondaires est environ deux fois plus élevée dans Vanier que dans le reste de la Vieille-Capitale, soit 34,1 % comparativement à 15,4 %. Le revenu moyen par personne y était de 24 187 dollars comparativement à 33 122 dollars pour l’ensemble de CSSS en 2011, soit 27 % moins élevé en moyenne.

Sur le plan démographique, toujours selon l’enquête, Vanier compte 4 % plus de personnes âgées de 60 à 74 ans que dans l’ensemble du territoire du CSSS. Un peu plus de 53 % de la population de Vanier est constituée d’individus de plus de 45 ans.

Dans son Plan stratégique 2014-2017, la société d’État mentionne que réussir « à intéresser une clientèle adulte de moins de 35 ans constitue l’un des principaux défis de Loto-Québec. Les produits de la société d’État, très populaires auprès de la génération des « baby-boomers », attirent moins les 18 à 35 ans ». La clientèle principale de Loto-Québec est donc âgée de plus de 35 ans.