Le quartier Saint-Roch, situé dans la basse ville de Québec, a fait l’objet de deux projets de revitalisation majeurs depuis 1992. Toujours vu comme un des quartiers les plus défavorisés de la ville, il est cependant considéré comme «branché». Le milieu semble maintenant aisé puisque de nouveaux commerces continuent de s’y installer, mais certains commerçants et habitants sont toujours vulnérables.

Le quartier populaire de Saint-Roch a fait l’objet du projet RevitalisAction en 1992 et du processus de revitalisation de 1999 dans le but de redorer l’image du secteur de la ville. Anciennement considéré comme «malfamé», le quartier a progressé devenant «tendance» avec l’arrivée de commerces variés et innovateurs.

Les projets de revitalisation ont porté fruit, faisant croître le quartier économiquement et démographiquement. Selon le service de l’aménagement du territoire de la ville de Québec, le nombre de ménages a augmenté de 18 % entre 1991 et 2011 et le chiffre d’affaires de 60% des entreprises a augmenté.

Les entreprises privées et la ville ont investi massivement pour créer un environnement plus sain et attrayant. Au total, la Ville de Québec a déboursé près de 500 millions de dollars entre 1992 et 2010 dans les secteurs privés et publics, aux fins de développer le quartier Saint-Roch. Au niveau privé, le promoteur immobilier Cromwell supervise en ce moment la construction de « Fresk », un immeuble en verre qui surplombera le quartier. Il offrira 169 logements sur 20 étages.

Selon la sociologue Andrée Fortin, la gentrification d’un quartier se fait en deux étapes. Tout d’abord, il y a des artistes qui s’installent dans un quartier plus démuni parce que des ateliers et des logements sont plus abordables. Le processus peut s’enclencher rapidement au sein de la communauté artistique qui suit le mouvement et le quartier commence à changer.

Ensuite, un deuxième processus est jumelé au changement de Saint-Roch. Andrée Fortin affirme que, dans le cas présent, une volonté politique de revitaliser le quartier était très forte.

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Le commerce : activité prospère à Saint-Roch

Aujourd’hui baptisé le « Nouvo Saint-Roch », ce quartier s’inscrit dans un renouveau urbain encouragé par la Ville de Québec. En moins d’une dizaine d’années, ce quartier est devenu l’un des centres névralgiques de la vie culturelle, gastronomique et commerciale de la Vieille-Capitale. Des commerces nouvellement ouverts tels que le Noctem, Rituels ou encore District Saint-Joseph témoignent de cet attrait pour le quartier.

Les nouveaux commerces prennent une grande place dans le quartier qui a complètement changé d’apparences au cours des 15 dernières années. Par exemple, 56% des entreprises sont installées sur la rue Saint-Joseph depuis moins de 10 ans d’après le dénombrement de la division de la gestion du territoire de la ville de Québec.

Établissements qui se sont implantés ces dix dernières années sur la rue Saint-Joseph :

 

D’autres entreprises ont pignon sur rue depuis des générations. Elles ont évolué avec le quartier et se sont adaptées pour satisfaire à la demande. C’est le cas de la Tabagie de la Place implantée depuis trente-quatre années.

Ce métissage entre les anciens et les nouveaux commerces crée une dynamique propre au quartier. Leur objectif commun est de faire de Saint-Roch un « quartier de destination ». L’idée est d’attirer tant la population de la ville de Québec que les touristes.

 

Un quartier concurrentiel?

Le domaine où la compétition est la plus marquée concerne la restauration, secteur qui compose la majorité des commerces, a souligné en entrevue le propriétaire de Noctem. Il a d’ailleurs expliqué que pour subsister dans le quartier, il faut avoir une clientèle solide et savoir faire la différence avec le voisin dans les prestations offertes.

L’autre difficulté à laquelle doivent faire face les commerçants de Saint-Roch concerne les taxes et le coût des loyers. En entrevue à L’Exemplaire, le propriétaire de la Tabagie de la Place a soutenu que certains commerces nouvellement établis payent des loyers mensuels à cinq chiffres. Outre les baux, les autres grosses dépenses concernent les taxes dont sont frappés les commerçants. Ces dernières années, elles n’ont cessé de croître.

En dépit du succès de certains commerces de proximité, d’autres vivent une réalité plus amère. Au cours des deux dernières années, certaines entreprises ont été contraintes de mettre la clé sous la porte. Au cours de l’année 2014, Yuzu et Balthazar ont cessé leurs activités. En janvier 2016, c’est la poissonnerie Jef qui a dû fermer en raison du manque de rentabilité.

Un quartier où les inégalités sociales persistent

Malgré les changements apportés, Saint-Roch reste un quartier où la population est plus défavorisée. L’omniprésence de la pauvreté dans les rues contraste avec l’économie prospère des entreprises environnantes. Les commerces «tendance» proposant de la marchandise de grande valeur ne sont pas adaptés aux phénomènes sociaux de Saint-Roch où la pauvreté, l’itinérance et la toxicomanie sont des réalités encore bien présentes.

Selon Statistique Canada, la médiane du revenu des ménages est de 18 637 $ par année pour le quartier , ce qui est plus de 20 000$ inférieur à la moyenne pour l’ensemble de la ville de Québec. Saint-Roch fait également partie des quartiers de la ville où le taux de chômeurs et de prestataires de l’assistance-emploi est le plus élevé.

Les centres d’aide communautaire situés à Saint-Roch ou à proximité témoignent des difficultés subies par une fraction de la population. C’est le cas de la Maison Lauberivière qui propose des services aux sans-abris et aux personnes en réinsertion sociale. Toujours dans l’esprit d’entraide avec les personnes défavorisées, la Coopérative de solidarité Notre-Dame de Jacques Cartier est omniprésente dans le quartier. Le Café Rencontre du Centre-Ville propose également de nombreux services aux plus démunis tels que le don de vêtements et la soupe populaire à moindre coût.