Bien conscientes des préjugés qui existent concernant leur profession, les sage-femmes prennent malgré tout de plus en plus de place dans l’univers de la santé, mais aussi au sein des familles québécoises. Le nombre grandissant de maisons de naissance au Québec démontre d’ailleurs que cette pratique plait aux Québécois. 

Pour Carine Martineau, le choix était clair : elle voulait être accompagnée d’une sage-femme pour ses deux grossesses. « J’ai une phobie des hôpitaux et l’idée d’accoucher dans un hôpital me faisait faire de l’anxiété », confie celle qui ne voyait pas de solution avant de prendre connaissance du métier de sage-femme.

Après avoir vécu des complications lors de l’accouchement de son premier enfant, elle louange maintenant les professionnelles qui ont su la rassurer lors de ce moment. « Si je n’avais pas eu de sage-femme avec moi, je n’aurais pas eu de deuxième enfant », affirme la mère de famille.

Depuis près de 20 ans, les sage-femmes sont reconnues par le Gouvernement du Québec comme étant des professionnelles de la santé. (Crédit photo : Anne-Sophie Maltais)

Faire le choix

Outre le stress relié aux hôpitaux, il existe d’autres raisons qui poussent les femmes à être suivies par une sage-femme. Entre autres, le côté humain et le service personnalisé offerts aux femmes enceintes constituent des motivations.

Marie-Andrée Morisset, une sage-femme d’expérience, assure que tous les suivis sont différents. « Les décisions leur appartiennent, on essaie de donner l’heure juste », affirme-t-elle. Celle qui a travaillé pour faire avancer la cause des sages-femmes au Québec ajoute que les futures mères sont guidées afin de faire des choix éclairés. « On leur dit les avantages et les inconvénients d’une décision à chaque étape du suivi », dit Mme Morisset.

Dans chaque chambre de la Maison de naissance de la Capitale-Nationale, tous les équipements nécessaires à l’accouchement sont à la disposition du personnel. (Crédit photo : Anne-Sophie Maltais)

Le service de suivi s’étend sur plusieurs mois. Dès le début de la grossesse jusqu’à six semaines après l’accouchement, la mère est encadrée par une sage-femme. En tout temps, la mère peut rejoindre sa sage-femme pour obtenir des réponses à certaines questions. Les sujets abordés sont diversifiés. Par exemple, la sage-femme aborde la nutrition, les malaises courants, les tests disponibles, l’échographie, le dépistage prénatal, mais aussi la vie sexuelle ou les problèmes économiques.

Après l’accouchement, la professionnelle de la santé se rend chez les nouveaux parents au premier, troisième et cinquième jour. Par la suite, la fréquence des visites dépend des besoins de chaque mère. « On est là tant que ça ne va pas », affirme Marie-Josée Morisset. Après trois semaines, c’est au tour des nouveaux parents de rendre visite à la sage-femme dans la maison de naissance choisie.

Pour Carine Martineau et son conjoint Alain Bérubé, l’expérience avec une sage-femme a été favorable.

Cette démarche a pour but de répondre à la philosophie des sage-femmes, basée sur le respect de la grossesse et de l’accouchement comme processus physiologiques normaux, porteurs d’une signification profonde dans la vie des femmes. Celles qui choisissent cette option doivent toutefois répondre à de nombreux critères. En effet, pour être suivie par une sage-femme, la grossesse ne doit pas être à risque. Autrement, la future mère doit être suivie par un médecin.

Les femmes peuvent choisir d’accoucher à l’endroit qui leur convient le plus, dépendamment de leurs préférences et de l’état de la grossesse.

Formation

Au Québec, l’Université du Québec à Trois-Rivières est le seul établissement scolaire à offrir le baccalauréat en pratique de sage-femme. À la suite d’une formation universitaire de quatre ans et demi, la sage-femme peut pratiquer son métier. Lucie Hamelin, directrice du programme de baccalauréat en pratique de sage-femme, indique que plus de la moitié de la formation des sages-femmes québécoises est constituée de stages. « Il y a cinq stages dans les milieux sages-femmes, un en centre hospitalier et un en milieu communautaire » explique-t-elle.

La première cohorte de diplômées de l’Université du Québec à Trois-Rivières a gradué en 2003. (Crédit photo : Anne-Sophie Maltais)

La directrice affirme que le taux d’inscription est constant d’année en année. Annuellement, environ 80 personnes s’inscrivent au programme. De ce nombre, 40 sont sélectionnées pour aller en entrevue et 24 sont admises au programme. Elle affirme cependant que le contingentement n’a pas encore été atteint, « par manque de places de stage ».

Questionnée sur le taux de placement du baccalauréat en pratique de sage-femme, Mme Hamelin affirme que la majorité des étudiantes finissantes trouvent une place sur le marché du travail dès la fin de leurs études. « Comme dans beaucoup d’autres métiers, elles n’ont pas un poste permanent au départ, mais elles ont des postes de remplacement », explique la principale intéressée.

Depuis 1999, 176 sages-femmes ont gradué de l’Université du Québec à Trois-Rivières.