Pour pallier les nombreuses lacunes perçues des chemins cyclables dans la ville de Québec, l’administration dit préparer des mesures pour rattraper son retard et faciliter la vie aux usagers des transports actifs. Si la vie des cyclistes est améliorée avec les mesures provinciales pour réduire l’emportierage et sécuriser les dépassements des voitures, les améliorations prévues par la ville de Québec se faisaient attendre par les cyclistes.

Crédit vidéo: Francis Beaudry et Érik Chouinard

La Ville de Québec aurait appris de ses erreurs

La démarche de réforme des procédés en matière de réseau cyclable est le fruit de la science et de consultations avec des groupes pertinents, selon Julie Lemieux. «Nous avons consulté l’organisme Vélo-Québec  au courant du processus, leurs recherches nous ont permis de comprendre qu’il existe un bon bassin de cyclistes qui seraient prêt à aller au travail en vélo si les infrastructures le permettaient», explique-t-elle.

Un autre facteur du changement de mentalité à la ville de Québec, selon Julie Lemieux, est le partenariat avec l’université McGill qui a permis de mieux comprendre les habitudes de vie des cyclistes et les besoins de ceux-ci. «À cause de l’étude, on a vu qu’il y avait un potentiel de développement des cyclistes à Québec, mais que beaucoup de gens n’osaient pas parce qu’ils ne se sentaient pas en sécurité et que le réseau n’était pas adapté à leur besoin»,relate-t-elle.

Selon elle,les ajustements qui ont découlé de cette consultation d’experts ont profondément changé comment la ville perçoit l’implantation des pistes cyclables, maintenant consciente qu’elle avait du rattrapage à faire. «Auparavant, lorsqu’on tentait de faire du développement cyclable à Québec, on pouvait tomber sur des obstacles comme des rivières, des pentes ou des terrains occupés et ça pouvait arrêter la ville puisque les fonds n’étaient pas toujours prévus pour traverser ces obstacles; maintenant, on s’est donné les moyens d’agir», affirme-t-elle.

La carte suivante permet de visualiser les pistes cyclables et routes adaptées pour les vélos sur le territoire de la ville de Québec. Les infrastructures actuellement présentes pour les cyclistes sont en bleu et les aménagements cyclables planifiés pour les prochaines années sont en rouge. Utilisez la souris pour cliquer et parcourir le réseau cyclable de la ville de Québec.

 

Le cyclisme comme mode de vie

Caroline Sigouin milite en faveur du cyclisme dans la ville de Québec. Par son implication dans le milieu, elle est devenue secrétaire pour la Coop Roue-Libre et a cofondé un blogue sur le vélo. Elle est d’avis que le réseau cyclable de Québec doit être amélioré.

Crédit vidéo: Francis Beaudry et Érik Chouinard

La Coop Roue-Libre a grandement aidé Mme Sigouin, lorsqu’elle commençait à se déplacer en vélo en arrivant à Québec de son Abitibi natale. «J’ai découvert la Coop qui donne des formations mécaniques et des formations sur le vélo hivernal donc ça m’a encouragée à poursuivre là-dedans», se rappelle-t-elle. Ça fait maintenant quatre ans qu’elle fait presque tous ses déplacements en vélo, été comme hiver.

Cette expérience lui a permis de découvrir les lacunes du réseau cyclable de Québec. «J’ai découvert les infrastructures progressivement, je dirais que le vélo boulevard qui relie l’université à la colline est bien, mais il manque de lien entre les fragments du réseau», note-t-elle.

La coop Roue-Libre offre des services d’atelier et de ventes de pièces pour les cyclistes
Crédit photo: Érik Chouinard

Selon cette étudiante en linguistique, parfois, les liens entre les pistes cyclables ne sont pas les plus sécuritaires. «Pour me rendre sur la piste de la rivière St-Charles, je dois passer par la rue Calixa-Lavallée sur laquelle il y a des portières d’autos stationnées, des autobus qui circulent et généralement beaucoup de trafic», déplore-t-elle, mentionnant qu’elle attend justement la création d’un lien cyclable entre la côte de la Pente-Douce et le vélo boulevard de l’axe Père-Marquette.

La blogueuse qui roule à vélo à l’année critique aussi les périodes d’ouvertures des voies cyclables. Selon elle, certains tronçons ont le potentiel d’être accessibles aux cyclistes toute l’année. «Pour beaucoup de pistes, c’est simplement que l’on empêche le stationnement l’été et qu’on le permet l’hiver, ça serait simple d’interdire le stationnement à l’année et que ça soit toujours des pistes cyclables», soutient-elle.

Mme Sigouin croit aussi que plus de mesures doivent être prises auprès des automobilistes pour améliorer la sécurité des cyclistes et le réseau dans son ensemble. «Je ne comprends pas qu’en 2017, la limite de vitesse dans les quartiers résidentiels ne soit pas à 30 km/h», s’insurge-t-elle.

Côte de la Pente-Douce avec sa bande cyclable. Crédit photo: Érik Chouinard

Pour contrôler la vitesse, elle suggère que des aménagements, tels que des points giratoires aux intersections et des dos d’âne le long de la voie, soient implantés. «Ces aménagements réduisent l’espace des autos et les forcent à aller moins vite; c’est connu qu’ils aident à éviter les collisions et à réduire le risque de mortalité et de blessures graves», rappelle-t-elle.

La blogueuse critique aussi les périodes d’ouvertures des voies cyclables. Selon elle, certains tronçons ont le potentiel d’être accessibles aux cyclistes toute l’année. «Pour beaucoup de pistes, c’est simplement que l’on empêche le stationnement l’été et qu’on le permet l’hiver, ça serait simple d’interdire le stationnement à l’année et que ça soit toujours des pistes cyclables», soutient-elle.

Rues conviviales

Un autre projet qui semble être dans les cartons de la ville de Québec en matière de partage de la route est celui des «rues conviviales». S’inscrivant dans un mouvement nord-américain, les rues conviviales sont «des rues sur lesquelles tout le monde peut se sentir confortable que ça soit des cyclistes, des piétons, des personnes à mobilité réduite ou automobilistes», selon Julie Lemieux. Dans cette optique, la ville de Québec organise depuis quelque temps des consultations publiques dans l’objectif de faire connaître les projets de rues conviviales.

Extrait des diapositives d’une présentation de la ville de Québec sur les rues conviviales

Un autre objectif de ces consultations: «faire comprendre aux gens que les rues conviviales doivent parfois venir avec des sacrifices. Que ce soit au niveau des places de stationnements ou du nombre de voies sur la chaussée», explique Julie Lemieux. Ces consultations qui auront lieu un peu partout où ces rues seront implantées sont une affaire de long terme selon elle. «Les projets de rues conviviales n’ont pas d’objectifs finaux dans le temps, à chaque fois qu’on va avoir à retravailler une rue à Québec, le plan est toujours de voir s’il y a moyen de la rendre plus conviviale», ajoute-t-elle.  

Selon Anne Guérette, cheffe de Démocratie Québec le parti d’opposition à l’hôtel de ville, les annonces récentes en matière de transport actif de l’administration Labeaume sont un symptôme de l’élection qui s’en vient. «C’est certain qu’on est bien content de voir ce type d’annonces faites, l’administration annonce enfin un allongement des pistes cyclables et des rues conviviales, c’est certain que c’est positif, mais la réalité c’est qu’on est en année électorale et qu’ils n’ont rien fait dans les années passées.»