Depuis le début du XIXe siècle, la rivalité Québec/Montréal ponctue l’histoire de la région. Toujours d’actualité, elle est aujourd’hui un argument de vente, voire un argument électoral pour les politiciens et entrepreneurs. Cette rivalité entretenue et médiatisée pourrait tout de même constituer un point de rencontre, de liaison, entre les deux villes.

La rivalité Québec-Montréal ne date pas d’hier. La configuration même de la Vallée du Saint-Laurent, avec ses deux pôles urbains importants, prédisposait à une certaine compétition entre les deux villes. Pour Gilles Laporte, historien et professeur d’histoire à l’Université du Québec à Montréal, cette rivalité est donc «pratiquement un phénomène inévitable, à la limite banal, prévisible et plutôt trivial.»

Plus de deux cents ans plus tard, si cette rivalité Québec/Montréal est toujours d’actualité, c’est notamment parce qu’elle est nourrie par les entreprises privées et les acteurs politiques, selon l’historien québécois. Elle est utilisée à des fins commerciales, ajoute-t-il.

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D’ailleurs, Gilles Laporte souligne que depuis le début des années 2000, grâce aux fusions municipales, Québec est devenue la deuxième ville en importance dans la région. «Ça a contribué à revaloriser la position de Québec, qui souffrait de son morcellement municipal», explique-t-il. Depuis, la rivalité Québec/Montréal a donc repris du galon.

La raison de cette tension persistante entre les deux principales villes de la région semble aussi être la responsabilité des médias, plus particulièrement des leaders d’opinion, comme l’indique Hugo Langlois, animateur radio à Énergie.

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Une compétition logique et saine

Quoi qu’on en dise, la rivalité Québec/Montréal semble aujourd’hui être un phénomène peu exceptionnel. Si cette compétition entre les villes fut historiquement plus sérieuse, elle est aujourd’hui normale, voire même amicale, selon Hugo Langlois.

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Philippe Cantin, journaliste sportif à La Presse et auteur de l’ouvrage Le Colisée contre le Forum, soulève également l’idée d’une rivalité devenue plus compétitive, mais plus saine entre les deux villes.

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Quant au retour des Nordiques, M. Cantin voit plutôt le désir de Québec de réintégrer la ligue nationale non pas pour animer la rivalité avec Montréal, mais simplement pour revenir au plus haut niveau du hockey professionnel nord-américain.

«On a souvent pensé que la valorisation d’un se faisait nécessairement au détriment de l’autre, alors que ce n’est pas vrai ça, il faut valoriser les deux. C’est important pour le Québec dans son ensemble que Montréal soit forte et que Québec soit forte aussi», ajoute-t-il.

Cependant, la rivalité n’est pas loin. «Elle couve», précise le journaliste, et la construction du centre Vidéotron à Québec en est une illustration. En effet, le projet a été critiqué à Montréal en raison de l’apport financier du gouvernement à hauteur de 200 millions de dollars.

 Vers une rivalité édulcorée ?

Cantin souligne un fait nouveau dans l’histoire politique du Québec, à savoir le dialogue qui s’est instauré entre les maires de Québec et Montréal, Régis Labeaume et Denis Coderre. Pour lui, il est important que les deux villes soient capables de travailler ensemble, notamment quand vient le moment d’intervenir auprès du gouvernement provincial et national.

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Ainsi, on assiste peut-être à une atténuation progressive de cette rivalité, selon le journaliste sportif. Reste maintenant à savoir si cette «atténuation» est simplement due à une certaine connivence entre les maires de Québec et Montréal.