Dans les rues de Québec, les itinérants se font rares. En plein hiver rigoureux, ils n’ont d’autres choix que de chercher des places où se mettre au chaud. La maison de Lauberivière accueille chaque année plusieurs sans-abris.

Située dans la rue des Prairies à Québec, l’entrée de la maison de Lauberivière se fait discrète. Seuls quelques horaires accrochés sur une petite porte permettent de deviner où l’on se trouve.  Une fois ce passage franchi, c’est dans le monde des itinérants que nous pénétrons. En pleine discussion, ou bien regardant la télévision, chacun semble se sentir à l’aise dans ce grand hall.

Dans sa définition commune, donnée par le Réseau Solidarité Itinérance du Québec, l’itinérant est celui qui n’a pas d’adresse fixe ni l’assurance d’un logement stable, sécuritaire, pour les jours à venir. Le tout additionné à un revenu très faible et parfois à des problèmes occasionnant une désorganisation sociale (santé mentale, alcoolisme, toxicomanie…). Ils sont de plus en plus nombreux à sombrer dans un cercle vicieux et à tenter de retrouver leur place dans la sphère sociale.

Joël fait partie des très jeunes itinérants. Après une rupture amoureuse, il a décidé de quitter Montréal pour un endroit plus tranquille : Québec. Dans l’attente de retrouver un emploi, avec Emploi Québec, ou encore avec le programme de l’Aube de l’Emploi, il s’occupe de la plonge. Un travail qui lui permet de ne pas devoir d’argent au refuge.

Le facteur drogue

L’addiction est un des facteurs sociaux majeurs qui provoquent l’itinérance. Frédéric fait partie de ces hommes qui ont sombré dans le cercle de l’addiction. Sans domicile depuis 4 ans, il tente de se sortir de la drogue pour retrouver une vie plus stable.

Un rapport de 2011, intitulé « La judiciarisation des personnes en situation d’itinérance à Québec : point de vue des acteurs socio-judiciaires et analyse du phénomène » explique l’actuelle  politique judiciaire face aux sans-abris. Se basant sur une théorie américaine (« Broken Window Theory »), la judiciarisation des personnes itinérantes s’inscrit dans le contexte de l’adoption de politiques municipales de luttes aux incivilités débutées dans les années 1990 et chercherait à  montrer aux délinquants potentiels que la communauté se préoccupe de préserver l’ordre.

Pourtant dans la pratique,  ce raisonnement ne fait pas vraiment ses preuves. Il a surtout « pour conséquence de criminaliser des personnes qui n’avaient pas d’antécédents […]. L’application de cette théorie a généré un ressentiment parmi certains groupes d’individus qui sont particulièrement visés par ces pratiques et qui font l’objet d’une surveillance accrue, telles les personnes itinérantes, mais également les membres de communautés ethniques », soutient le rapport.

À Québec, ce sont des milliers d’itinérants, majoritairement des hommes, qui se cachent pour ne pas se faire coller des amendes  ou pour éviter d’être embarqués par les forces de l’ordre.