Pour certains, la politique est un sujet très important. Pour d’autres, elle fait partie de l’ADN familial. C’est le cas de la famille Boudreault, qui a vu trois générations s’impliquer, travailler et militer au sein du même parti politique. 

Pour la famille Boudreault une chose est certaine, on est de grand fervents du même parti politique depuis 3 générations. Le premier a s’être impliqué est Louis-Georges Boudreault qui a milité très jeune au parti. « À l’époque, mon père s’était fait refuser un emploi à la poste parce qu’il était rouge et que le gouvernement était l’Union nationale, donc bleu. […] Plus tard, je suis allé m’impliquer pour venger mon père ».

 

(Logo de gauche : Parti libéral du Québec et logo de droite : Union nationale). Dans les années 60, deux partis politiques étaient populaires. C’était le Parti de l’union nationale (les bleus), ainsi que le Parti libéral du Québec (les rouges). L’ancien chef de l’Union nationale est Maurice Duplessis et l’une de ses phrases fétiches est : « le ciel est bleu, l’enfer est rouge ». Les gens qui votaient libéral à cette époque pouvaient vivre plusieurs injustices. Crédit photo : Parti libéral du Québec et Parti de l’Union nationale

 

Il a travaillé sur des dizaines d’élections partielles et a été organisateur en chef de son parti politique sous plusieurs chefs. « Vous savez, c’est rare que j’aie perdu des élections partielles, peu importe où j’allais. […] On savait que lorsqu’il y avait une élection partielle, c’était Louis-Georges l’organisateur ». Il est d’ailleurs très fier que ses enfants et que ses petits-enfants s’intéressent à la politique, mais il précise qu’il ne les a jamais forcés à militer.

C’est en voyant son père être organisateur lorsqu’il était jeune que son fils, Mario Boudreault, a voulu faire comme lui. Lui a d’abord débuté son implication au sein de l’aile jeunesse de son parti politique et a par la suite travaillé à la permanence du dit parti à Montréal. Il a d’ailleurs jamais été très intéressé à travailler dans d’autres instances comme à l’Assemblée nationale, car pour lui « la stratégie tu la fait au parti ».

Toutefois, Mario s’est aussi impliqué pour d’autres raisons : « À 18 ans j’étais entrepreneur. Mon implication me permettait de rencontrer les gens d’affaires et de me bâtir mon réseau ». Pour l’anecdote, il était à un Congrès-Jeunes de l’aile jeunesse du PLQ à La Pocatière lorsqu’il a dû retourner à Montréal pour l’accouchement de son premier enfant. C’est le président de l’aile jeunesse à l’époque qui l’y a conduit.

Au fil des ans, Alexandra Boudreault affirme que son père lui a souvent recommandé de s’impliquer au sein de l’aile jeunesse du parti, mais ce n’était pas quelque chose qui l’intéressait. C’est une de ses amies, qui travaillait à l’Assemblée nationale, qui l’a convaincu de venir s’impliquer avec elle. Elle affirme qu’elle a tout de suite aimé. « J’y ai rencontré des amis en or et je me suis fait beaucoup d’expérience ».

 

Alexandra Boudreault faisait partie de l’organisation du plus grand événement politique de son aile jeunesse. Elle s’impliquait pour le comité des communications et était responsable de la régie lors de l’événement. Crédit photo : Samuel-Olivier Roy Lopez

 

Lors de la campagne électorale provinciale de 2018, Alexandra s’est impliquée pour le candidat de sa formation politique dans La Peltrie pour qui elle faisait les communications. Elle a ensuite fait des communications dans l’organisation d’événement de son aile jeunesse. C’est à la fin de son baccalauréat en communication publique à l’Université Laval qu’elle a été engagée pour faire des communications pour la députée de Saint-Laurent. « Ce que j’aime en politique, comparé à mon grand-père et à mon père, c’est que j’aime le côté de la communication politique et moins la stratégie lors de campagne ».

L’implication politique dans les familles : un mouvement qui tend à changer

Même si encore aujourd’hui nous voyons des familles comme les Boudreault s’impliquer en politique active de génération en génération, le militantisme au Québec continue d’être sur une pente descendante. Selon Jean-François Daoust, chercheur à l’Université McGill en science politique, les temps ont changé : « maintenant, les gens disent : j’ai voté pour le PQ, j’ai voté pour le PLQ, mais sans avoir d’attachement au parti. À l’époque, tu étais un péquiste ou un libéral et tu votais toujours pour le même parti ». Selon le chercheur, il y a toujours plus de chances qu’un enfant ait une certaine couleur politique lorsque toute sa famille a la même.

Néanmoins, même au sein de familles très politisées, on constate un changement chez les jeunes. En effet, considérant que la nouvelle génération remplace de plus en plus la l’ancienne, il y a moins de militantisme au sens traditionnel, explique M. Daoust. « Les plus jeunes vont avoir tendance à militer de manière différente. Il est vrai qu’il y a une certaine cohérence qui va rester dans l’unité familiale, mais les façons de s’impliquer vont changer et donc ça va être de plus en plus rare qu’une famille au complet s’implique de la même façon ». Les jeunes d’aujourd’hui vont beaucoup plus s’impliquer pour « une cause » et seront plus enclins à aller manifester dans les rues, par exemple, pour partager leur mécontentement, un peu comme nous le voyons actuellement avec l’environnement.

 

 

Crédit information : Jean-François Daoust, chercheur à l’Université McGill en science politique et Éric Montigny, Directeur de programmes 2e et 3e cycle en science politique à l’Université Laval, professeur adjoint et chercheur associé à la Chaire de recherche sur la démocratie et les institutions parlementaires.