La pénurie de main-d’œuvre qui affecte présentement le Québec, et surtout le milieu de la restauration, se fait également ressentir dans les produits livrés aux clients. En effet, comme l’explique le chef exécutif des hôtels Jaro, Martin Tremblay, il devient difficile pour les cuisiniers d’effectuer l’ensemble de leurs préparations avec la même attention que ce à quoi ils ont été habitués avant l’avènement de la pénurie.

Martin Tremblay mentionne que cette pénurie d’employés dans le secteur de la restauration impacte directement la qualité des restaurants. « Les restaurateurs se voient obligés de faire des choix alternatifs sur leur menu en raison de coûts ou de temps manquant par l’absence de personnel, a signalé Martin Tremblay. De plus, l’offre de restaurant est beaucoup trop grande par rapport à la demande réelle. Il y a tout simplement trop de restaurants sur le marché pour la demande présente. On le voit par la fermeture constante d’une multitude de restaurants dans l’ensemble du Québec. »

Le chef Martin Tremblay présente, dans l’extrait suivant, les manoeuvres et contraintes qui sont apparues dans l’industrie avec l’émergence de la pénurie de main-d’œuvre.

 

 

Selon Marc Sirois, sous-ministre associé aux finances au gouvernement du Québec, certains facteurs démographiques peuvent aussi expliquer la cause de cette pénurie. « Le contexte démographique actuel est défavorable envers les secteurs tels que la restauration qui engage particulièrement des jeunes », a expliqué Marc Sirois. Il y a 20 ans, on dénombrait approximativement 500 000 jeunes âgés de 15 à 19 ans, aujourd’hui, ils sont 423 000. Il ajoute : « ainsi, pendant que la croissance économique augmente et que le marché nécessite de plus en plus d’emplois, l’offre, dans son cas diminue fortement, ce qui crée d’importantes pénuries. »

Selon Restaurants Canada, le secteur de la restauration embauche en général un jeune sur cinq âgé entre 15 et 24 ans. Entre autres, ce secteur génère 280 600 emplois au Canada et représente 6,6 % de la main-d’œuvre totale au Québec.

L’apport de l’immigration

En même temps, pour répondre à ces pénuries, depuis les 10 dernières années, on remarque une forte augmentation de l’immigration. Celle-ci a contribué à près de 50 % des nouveaux emplois créés au Québec. « L’immigration semble être une bonne solution dans un contexte de pénuries de main-d’œuvre, les statistiques le démontrent », selon M. Sirois.

Fabien Costantini, serveur à l’hôtel Le Bonne Entente depuis six mois, est arrivé de France pour combler un poste dans le personnel. « On m’a embauché parce que le Canada est en gros manque de personnel, que ce soit en cuisine ou dans les autres métiers, donc le pays va beaucoup chercher en France parce que, chez nous, la main-d’œuvre, il y en a pas mal, ce n’est pas le même problème chez nous », a-t-il expliqué.

Une tendance observée

En effet, la France s’est retrouvée avec un problème opposé à celui du Québec alors qu’il n’y avait pas assez d’emplois pour le nombre de travailleurs dans le pays. Cette crise de l’emploi s’est depuis résorbée, mais, depuis, un nombre important de Français viennent s’installer au Québec afin de trouver un emploi plus facilement. Au deuxième trimestre de 2018, le taux de chômage se chiffrait toujours à 9,1 % en France.

Le premier ministre François Legault a annoncé, en voyage en France au début de l’année 2019, qu’il désire accueillir plus d’immigrants français et européens au Québec dans les prochaines années malgré sa promesse de réduire le taux d’immigration québécois. Selon le premier ministre, en augmentant la proportion de Français qui viendraient s’installer au Québec, on élimine la barrière de la langue ainsi que des qualifications.

Selon l’institut de la statistique du Québec, la proportion de travailleurs à temps plein dans l’industrie de l’hébergement et de la restauration était de 55,4 % en 2018. En 2001, c’était une proportion de 61,7 % des travailleurs qui y œuvraient à temps plein. Il s’agit d’une baisse de 6,3 %. De plus, on dénombrait 270 200 employés dans l’industrie de l’hébergement et de la restauration en 2018. Il s’agit d’une diminution de 13 800 employés depuis 2016.

 

Les serveurs doivent souvent attendre après les cuisiniers qui ont de la difficulté à fournir en cuisine.
Crédit photo : Charles-Antoine Sirois