La Ville de Québec tient compte de la montée en popularité du phénomène des minimaisons. Elle analyse présentement la situation afin d’apporter des modifications à la réglementation actuelle qui ne permet pas l’établissement de ces habitations sur son territoire.

« La réglementation de la Ville de Québec stipule qu’un bâtiment principal doit avoir une superficie de 50 mètres carrés [540 pieds carrés] et doit avoir 6 mètres de façade en excluant tout bâtiment accessoire attaché, un garage par exemple », explique Mireille Plamondon, conseillère en communication division conseil et marketing à la Ville de Québec. Elle précise cependant que des superficies inférieures sont permises dans certains cas en raison de «droits acquis».

Des modifications dans la réglementation actuelle sur les plans du zonage et de la construction seraient nécessaires pour légaliser les minimaisons. Bien que ces petites demeures économiques représentent l’avenir de l’habitation pour plusieurs, le flou juridique qui les positionne entre la maison mobile et la propriété standard persiste.

Selon le Mouvement mini-maison Québec, une maison moyenne au Canada possède une superficie d’environ 1950 pieds carrés tandis que celle d’une minimaison est environ quatre fois inférieure, soit moins de 500 pieds carrés. Le coût de ce type d’habitation, incluant le terrain, avoisine les 80 000$.

«C’est sûr qu’il y a un marché [pour les minimaisons à Québec]. Ça fait longtemps que les gens demandent des petites maisons», affirme Philippe Beaudoin, propriétaire de Minimaliste. Cette entreprise est l’unique fabricant de minimaisons dans la région de Québec.

François Dufaux, architecte et directeur de la Maîtrise en design urbain à l’Université Laval, se questionne, quant à lui, sur la direction que prendrait le marché des minimaisons à Québec si la Ville en permettait l’établissement.

[soundcloud url= »https://api.soundcloud.com/tracks/233915682″ params= »color=ff5500&inverse=false&auto_play=false&show_user=true » width= »100% » height=’20’ iframe= »true » /]

Un changement souhaité

Philippe Beaudoin, l’entrepreneur derrière Minimaliste, souhaite que les règles soient modifiées pour s’adapter davantage à la demande et permettre aux gens de s’installer dans une minimaison à Québec. Il souligne que le meilleur scénario serait que les municipalités abaissent la superficie minimale des constructions à 350 pieds carrés.

«Pour les micromaisons sur roues, j’aimerais que la Ville réorganise un peu la loi qui interdit d’habiter dans une roulotte à l’année», ajoute M. Beaudoin. Il croit que des changements pourraient s’effectuer dans un avenir rapproché. «Plus le mouvement avance, plus les lois changent», mentionne-t-il. Preuve à l’appui, la ville de St-Nicolas, sur la rive-sud de Québec, a récemment accepté le projet d’une cliente de Minimaliste, lui permettant de vivre à l’année dans une micromaison sur roues.

Les règles actuelles peuvent nuire au développement d’entreprises de fabrication de minimaisons à Québec selon Philippe Beaudoin. «C’est sûr que ça freine mon entreprise d’une certaine façon. Aussi, ça va freiner les autres entreprises à se lancer dans le même domaine», soutient-il.

 

 

Un avantage pour Québec ?

Selon l’architecte François Dufaux, les minimaisons s’imbriqueraient bien dans le paysage de la Capitale. Il estime d’ailleurs sain pour une ville d’avoir des types d’habitations diversifiés en ses sols.

[soundcloud url= »https://api.soundcloud.com/tracks/233916019″ params= »color=ff5500&inverse=false&auto_play=false&show_user=true » width= »100% » height=’20’ iframe= »true » /]

«En ayant des petites maisons, on montre qu’on vit comme les gens à Londres, New York ou Paris. Donc, c’est un peu un phénomène de mode comme on pourrait le voir dans les vêtements et les chaussures», résume M. Dufaux.

Le mouvement des minimaisons (Tiny Houses) a débuté en l’an 2000 aux Etats-Unis. C’est avec la crise immobilière américaine de 2008 que le phénomène a pris de l’ampleur.