Le sans gluten est partout et est de plus en plus accessible. La tendance qui s’est accompagnée de ce mode d’alimentation a permis de lever le voile sur la maladie cœliaque et l’intolérance au gluten de personnes qui ignoraient l’origine de leurs maux.

Depuis quelques années, on constate dans les supermarchés et sur les cartes de restaurants la présence de plus en plus fréquente d’une alimentation sans-gluten. Pourtant, la maladie cœliaque, à l’origine de l’intolérance au gluten, ne date pas d’hier comme l’explique Amélie Charest, nutritionniste à l’Université Laval : « Ce qu’il faut comprendre c’est que les statistiques sont vraiment stables depuis ces dernières années. Il n’y a pas eu d’augmentation de la maladie cœliaque qui est l’allergie au gluten. Ça touche 1% de la population canadienne. »

Selon la fondation québécoise de la maladie cœliaque (FQMC), cette maladie est « une affection permanente et systémique qui fait partie des maladies auto-immunes complexes, polygéniques et multifactorielles. »

Amélie Charest détaille : « un malade cœliaque doit éviter le gluten car sinon ça va être dangereux. Pour cœliaque, il va y avoir des symptômes et à chaque exposition au gluten, le risque de faire des réactions va aller en augmentant sévèrement. L’allergie est relativement stable mais il y a un meilleur diagnostic ou prise de conscience qui se fait plus rapidement. »

En effet, une personne ne doit pas nécessairement être diagnostiquée cœliaque pour être intolérante au gluten mais les symptômes ne seront pas aussi poussés : « Quand on est juste intolérant, même si y’a des traces de gluten, on ne va pas avoir une réaction allergique mais plutôt des problèmes gastriques et des inconforts. Cela ne va pas être dangereux mais juste moins confortable. » argumente la nutritionniste.

 

« La vraie allergie c’est quand on doit couper toute source de gluten. » Amélie Charest, nutritionniste de l’Université Laval/ Photo de courtoisie

 

Afin de s’assurer de ne pas trouver la présence de gluten dans ses aliments, il existe maintenant des rayons entiers dans les supermarchés dédiés au sans-gluten. La multiplication de ces produits peut s’expliquer par un « effet de mode » alimentaire. Cependant, on assiste, comme l’explique Amélia Charest, à une diminution d’adeptes de la tendance du sans-gluten depuis ces dernières années : « J’ai l’impression qu’on a atteint le pic de cette mode de sans gluten. Sur les réseaux sociaux, il y a beaucoup moins de consultations qu’il y avait il y a quelques années. Elle demeure, quand même, populaire puisqu’il y a une plus grande place dans les supermarchés. Alors, peut-être que dans quelques années le rayon sera moins grand mais il y a des produits qui sont populaires qui vont le rester parce qu’ils ont justement bon goût. De plus en plus de personnes achètent ces produits sans y être sensibles. »

En plus des rayons de supermarchés, la présence de restaurants et d’épiceries dédiés au sans-gluten est de plus en plus marquée. A Québec, c’est le Veravin qui est une référence en cette matière.

 

 

« Quelques années après l’ouverture du restaurant on a eu une demande de personnes qui étaient intolérantes au gluten ou atteintes de la maladie coeliaque, alors on a changé tout le menu pour que ce soit accessible à tout le monde » explique Patrick Op de Beeck, propriétaire du Veravin. (Crédit photo : Amandine Cardonnet)

 

Grâce à sa formation de chef, Patrick Op de Beeck a su garder les nutriments importants présents dans les aliments, même si ceux-ci sont sans gluten. « Ceux qui sont atteints de la maladie cœliaque représentent à peu près 20% de la clientèle. Tout le reste, ce sont des personnes normales qui mangent sans gluten et ne voient pas la différence. L’avènement depuis peut-être un an ou deux, c’est que les gens qui mangent sans gluten qui nous découvert, ont aussi découvert qu’ils pouvaient être en sécurité au niveau alimentaire. »

 

Le témoignage d’une personne intolérante au gluten

 

Florence Retoret auxiliaire puéricultrice a subi ce changement brutal alimentaire lorsqu’elle était adulte. Un souci de santé qu’elle a au début eu du mal a géré en raison du manque d’informations : « Je suis intolérante au gluten depuis l’âge de 35 ans, j’en ai actuellement 52. Au début, je ne comprenais pas vraiment ce que j’avais. Ça a commencé par une douleur très vive à l’estomac vers 2/3h du matin qui a fini par se calmer en fin de nuit en restant assise et non allongée. Puis la douleur a disparu quelques années et est réapparue ensuite. »

« J’ai voulu comprendre seule la situation. » déclare Florence Retoret, intolérante au gluten depuis 17 ans. (Crédit photo : Amandine Cardonnet)

 

Les médecins n’ont pas pensé que cela pouvait venir de l’alimentation mais bien d’un simple problème gastrique assez fréquent. « J’ai consulté un gastroentérologue qui m’a diagnostiqué une œsophagite. Avec un traitement de 3 mois, tout est rentré dans l’ordre. Mais à la fin du traitement les douleurs sont revenues. Plutôt que de me gaver de médicaments, je me suis posée la question : et si cela venait de mon alimentation ? ».

S’est mis alors en place un long chemin pour Florence, basé sur une totale réorganisation de son régime alimentaire, grâce à un expérience assez unique. Elle explique : « J’ai constitué un journal sur trois mois dans lequel j’inscrivais ce que j’avais mangé et quand les douleurs revenaient. Je me suis aperçue que c’était à chaque fois qu’il y avait du  blé et ses semblables. Je n’ai pas fait de test car ceux-ci étaient encore trop chers. Aujourd’hui, je prépare tous mes repas en remplaçant la farine de blé par d’autres. Au début c’était difficile, surtout lorsqu’on est invité ou que l’on mange à l’extérieur. Mais ensuite, on s’y habitue et on ne s’en porte que mieux. »

Pour Florence, la hausse d’intolérants depuis quelques années est bien présente et elle s’en rend compte durant son travail.  « Actuellement, avec nos modes de vies « à 100 à l’heure », nos repas très déséquilibrés, les OGM partout et la modification de l’industrie agroalimentaire, il y a de plus en plus d’intolérances alimentaires. Je travaille dans une crèche depuis 27 ans et depuis quelques années, nous avons de plus en plus d’enfants allergiques ou intolérants. »