Les méthodes de contraception ont beaucoup évolué et se sont multipliées au fil des ans. La pilule est le moyen de contraception le plus utilisé auprès des jeunes. Une étude PIXEL menée par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) en 2013-2014 montre que sept participantes sur dix utilisent un moyen de contraception hormonal, dont 60% utilisent la pilule. Toutefois, plusieurs personnes décident de changer de méthodes en raison de problèmes de santé.

D’ailleurs, des chiffres de la Régie de l’assurance maladie du Québec montrent que les nouvelles ordonnances de pilules contraceptives et les renouvellements d’ordonnance sont en chute depuis 2015.

Mélia Boivin, 24 ans, a fait une croix sur la contraception hormonale après avoir souffert de nombreuses complications de santé, comme une embolie pulmonaire et une phlébite.

La jeune femme a commencé à prendre la pilule à l’âge de 16 ans «parce qu’un peu tout le monde dans mon entourage commençait à la prendre». Puis, à 18 ans, elle décide de changer pour l’anneau vaginal puisque le fonctionnement de la pilule ne lui convenait pas. «J’oubliais des fois de la prendre ou encore je ne l’avais pas toujours sur moi», dit-elle.

S’en est suivi, il y a deux ans, d’une série de visite à l’hôpital pour Mélina en raison de maux inexplicables. Une échographie et d’autres tests révéleront finalement des caillots de sang dans une de ses jambes, entre la cheville et l’aine, et dans un de ses poumons. Les professionnels de la santé lui mentionnent «que c’est fort probablement lié à la contraception».

Elle «qui était tannée de prendre une pilule à tous les jours» doit maintenant prendre deux à trois comprimés quotidiens de Coumadin, un anticoagulant, pour prévenir la formation de caillots dans son sang.

Mélia Boivin, 24 ans, a fait une croix sur la contraception hormonale après avoir souffert de nombreuses complications de santé, comme une embolie pulmonaire et une phlébite. (Crédit photo : Flore Bibeau)

Mélia a donc choisi ensuite de se tourner vers le stérilet, mais l’expérience n’a pas du tout été concluante, explique-t-elle.

L’enseignante de comédie musicale et adjointe administrative a finalement décidé d’abandonner les contraceptifs hormonaux au profit du condom et de la symptothermie. Cette dernière méthode permet de déterminer la période de fertilité en se basant sur la température, les modifications de la glaire cervicale et les caractéristiques du col de l’utérus.

«Je suis mon cycle naturel à l’aide d’une application sur mon cellulaire qui me permet de comprendre à peu près mes jours de fertilité. Ça me permet de reconnecter avec mon corps aussi», ajoute-t-elle.

La symptothermie permet de déterminer la période de fertilité en se basant sur la température, les modifications de la glaire cervicale et les caractéristiques du col de l’utérus. Il est possible de suivre son cycle grâce à des applications mobiles ou à l’aide d’un calendrier régulier. (Crédit photo : Flore Bibeau)

Pour cette jeune femme, l’esprit critique et les discussions doivent être au centre de la prise de décision en ce qui concerne le choix d’une future contraception. Sa sœur, qui a aujourd’hui 16 ans, se questionnait à son tour sur une possible méthode de contraception. Mélia a cru nécessaire de lui exposer son point de vue et certaines recommandations quant à ses choix. Elle explique sa position dans cette entrevue :

Encore de l’éducation à faire

Devant la multitude de choix qui s’offrent à la population en matière de contraception, l’éducation est la clé. L’organisme Sexplique se promène dans les écoles secondaires pour présenter toutes les méthodes disponibles en énonçant leurs avantages et leurs inconvénients, ainsi que pour abattre les préjugés que les jeunes pourraient avoir.

«Beaucoup pensent que la pilule contraceptive va permettre de prévenir les ITSS, que c’est la solution miracle, alors que ce n’est pas le cas», explique Vedran Halaj, sexologue et intervenant pour Sexplique. «Dans les formations, on va voir aussi que certains ne sont pas capables de mettre un condom comme il faut, vont le déchirer avec leur dent, vont l’étirer, etc. […] En ce qui concerne la pilule, certaines adolescentes pensent que [la pilule] peut donner des boutons, faire grossir, etc. C’est certain que si on commence à prendre la pilule lors de l’adolescence, le corps est déjà en changement, donc l’apparition de boutons n’est pas nécessairement liée», ajoute-t-il.

L’organisme mise aussi sur la promotion d’une égalité entre les hommes et les femmes relativement à la contraception.

On veut que les garçons aient un rôle à jouer dans la contraception. Souvent c’est beaucoup mis sur les épaules de la fille, mais on agit à titre égalitaire, on veut que les deux partenaires puissent prendre part à la contraception. On vise beaucoup sur la responsabilité et l’autonomie des personnes.
— Vedran Halaj, sexologue et intervenant pour Sexplique

Le sexologue affirme qu’il n’y a pas que l’efficacité qui doit être prise en compte lors du choix d’un moyen de contraception. Puisqu’il s’agit de quelque chose de «très personnel» et parce que «chaque personne est différente», il vaut mieux choisir selon ce qui est le plus confortable pour chacun, conclut-il.

Des avancées vers un condom invisible

Des chercheurs de l’Université Laval travaillent depuis de nombreuses années à développer un condom invisible pour les afin de leur donner plus de contrôle sur leur santé sexuelle.

Le produit a montré une assez bonne efficacité, si bien que le Centre de recherche en infectiologie de l’Université Laval a décidé de le tester sur une trentaine de couples.

Cette invention prend la forme d’un gel incolore, inodore et soluble dans l’eau qui s’applique à l’intérieur du vagin, peut-on lire dans la fiche de la technologie. «Liquide à la température de la pièce et gélifié une fois à l’intérieur, le condom invisible sert à la fois de barrière physique qui empêche les microbes et les spermatozoïdes de pénétrer à l’intérieur de l’organisme et de barrière chimique dans la mesure où le microbicide qu’on a ajouté tue les maladies sexuellement transmissibles», précise le docteur Michel G. Bergeron.

Voyez ici son fonctionnement en images (en anglais).

(Crédit vidéo: Université Laval)