A l’approche de l’hiver, les organismes qui viennent en aide aux personnes en situation d’itinérance se concertent pour pallier à la demande en hébergement d’urgence.

Selon les derniers chiffres du recensement, environ 150 000 canadiens connaitraient l’itinérance au cours d’une année. Au Québec, les dernières données recensées datent d’une dizaine d’années et à l’époque, on estimait environ 11 000 personnes itinérantes à Québec et 28 000 à Montréal. Les spécialistes distinguent trois types d’itinérance qui varient selon la durée et la fréquence des périodes d’itinérance : situationnelle ou transitoire, épisodique ou cyclique, et chronique.

Pour Magalie Parent, organisatrice communautaire pour l’aide aux itinérants de Québec (RAIIQ), on peut parler d’itinérance quand une personne vit dans un processus de désaffiliation sociale. L’association RAIIQ regroupe 37 organismes communautaires qui œuvrent auprès des personnes en situations d’itinérance ou des personnes qui sont à risque de vivre une situation d’itinérance.

Dormir dehors en hiver

Les centres d’hébergement comme la Maison de Lauberivière ou le Squat Basse-Ville reçoivent beaucoup de demandes pendant la saison hivernale. L’objectif principal de ces organismes est de réduire au maximum le nombre de refus aux personnes qui sont en demande d’un hébergement d’urgence.

Magalie Parent fait état d’une triste réalité : « certaines personnes en situation d’itinérance vont davantage s’isoler, elles vont faire preuve d’un très grand décrochage de leur propre vie ». Parfois ces personnes vont se retrouver à dormir à l’extérieur en hiver, pendant plusieurs jours, et vont refuser l’aide ou simplement ne pas aller la chercher. « C’est un suicide à petit feu », explique l’organisatrice communautaire.

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À Québec, il y aurait plusieurs squats de personnes qui dorment dehors même en hiver, témoigne Magalie Parent. « J’ai vu plusieurs abris sous les bosquets près de la rivière Saint-Charles, je n’avais jamais remarqué, les gens sont bien cachés ». Elle ajoute que certaines personnes vont aller s’installer près du Palais de Justice puisqu’il y a un endroit bétonné bien à l’abri. Elles y installent des tentes pour dormir que personne ne peut voir.

Des mesures mises en place

« Ça prend de l’argent pour répondre à la demande » admet Véronique Girard, Directrice générale du Squat Basse-Ville, organisme qui ouvre ses portes 7 soirs sur 7 pour les jeunes entre 12 et 17 ans. Selon elle, depuis quelques années, l’organisme qu’elle dirige a effectué un retour en arrière, puisqu’à une époque le Squat Basse-Ville était ouvert 24h sur 24. Elle craint que par manque de financement, leur organisme ne puisse pas fournir toute l’aide nécessaire auprès de la clientèle des jeunes mineurs qui ont besoin d’un toit d’urgence.

En 2012 un plan d’action pour pallier aux débordements a été mis en place, « les  procédures sont réfléchies et écrites pour tenter de construire un filet de sécurité pour empêcher que des gens dorment dehors», ajoute Magalie Parent.

L’Assemblée nationale a adopté, le 7 février 2015, la Loi modifiant l’organisation et la gouvernance du réseau de la santé et des services sociaux. La réorganisation du système de santé confit soit à un centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) ou à un centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) la majorité des services de santé et de services sociaux au cœur d’un réseau territorial de services (RTS). Selon le gouvernement, « cette réorganisation est une occasion d’harmoniser les pratiques, tout en assurant une meilleure fluidité des services offerts par la fusion des diverses installations, et ce, au profit des usagers et de la population ».

Une exposition pour sensibiliser

Jusqu’à la fin du mois d’octobre se tenait au Tam Tam Café, une exposition photo Trajectoires, axée sur l’hébergement d’urgence et les services d’aide alimentaire ou vestimentaire. Les photos d’Isabelle Houde montrent la solitude des personnes itinérantes mais soulignent aussi le fait « que les utilisateurs des services sont dépouillés d’espace personnel quand ils ont besoin d’hébergement d’urgence », explique Léa Fisher-Albert sur le site Monsainsauveur.

Le 16 octobre dernier, la Nuit des sans-abris, organisé par la RAIIQ à Québec avait aussi pour but de sensibiliser la population à la question de l’itinérance. Des dizaines de personnes ont passé la nuit dehors, comme des milliers de personnes au Québec chaque année.