Les gens, et plus précisément les jeunes, continuent de se mobiliser pour apporter des changements à des choses qui en ont besoin. Les exemples de leur implication sont nombreux: les marches pour le climat, la campagne « Sans oui, c’est non » sur le consentement sexuel en parallèle avec le mouvement #MeToo ou encore le groupe féministe FEMUL de l’Université Laval. Militantes et chercheur.es font le point sur les raisons de cet engagement.

Nora Legrand, étudiante à l’Université Laval et membre de l’association Féministes en mouvement de l’Université Laval (FEMUL) « pense que la nouvelle génération a beaucoup à apporter aux mouvements sociaux. On peut le voir avec les jeunes qui ont porté des jupes à l’école en soutient aux jeunes filles qui se font refuser l’accès aux cours à cause de leur tenue vestimentaire ».

Elle croit que « les jeunes devraient militer, car ils apportent un regard neuf [sur les] luttes et les font avancer. – Nora Legrand, étudiante à l’Université Laval et membre de FEMUL

Militer consiste en un exercice intellectuel constant, affirme Rosalie Drainville, étudiante à l’Université Laval et militante contre le racisme et pour l’environnement. C’est de rencontrer des gens qui n’ont pas la même opinion que nous, ce qui nous amène à devoir solidifier notre argumentaire et à apprendre à faire face à la critique, explique-t-elle.

« Militer quand on est jeune, c’est une très belle école de la vie. Tu rencontres des gens qui comme toi, ont envie de changer la société. Tu apprends à défendre tes idées, mais surtout à écouter celles des autres ». – Rosalie Drainville, étudiante à l’Université Laval et militante contre le racisme et pour l’environnement

Selon Éric Montigny, professeur à l’Université Laval en science politique spécialisé dans le domaine du militantisme, les jeunes doivent militer pour façonner le monde dans lequel ils vivent de la manière qu’ils le souhaitent. Cependant, ils ne le font pas de la même façon que les autres générations, explique-t-il, qui elles militent de manière traditionnelle, c’est-à-dire en s’engageant auprès d’une organisation. Les jeunes s’engagent plutôt auprès d’une cause, affirme le politicologue.  

Josianne Millette, professeure à l’Université Laval en relations publiques et spécialisée dans l’application des relations publiques par les groupes militants, explique plus en détails pourquoi les jeunes devraient s’impliquer dans la société. 

« Les jeunes sont des citoyens et sont donc tout aussi appelés que les autres à s’intéresser aux enjeux et controverses qui les touchent et qui concernent plus largement le type de société dans laquelle ils et elles souhaitent vivre » – Josianne Millette, professeure à l’Université Laval en relations publiques spécialisée dans l’application des relations publiques par les groupes militants

De plus, on leur attribue « un idéalisme et une énergie qui paraît propice à militer plus activement, de même que des sensibilités parfois plus ouvertes aux idées nouvelles et au changement », ajoute-t-elle.

Pourquoi militer?

Les gens doivent militer, parce qu’« il y a beaucoup trop d’injustices et de failles dans le système [et parce que] les discours racistes et xénophobes sont encore trop présents » dans la société, souligne Rosalie Drainville.

« Je pense qu’il y a tellement de cause que ce n’est pas éthique de ne pas s’impliquer pour au moins l’une d’entre elles. Et s’impliquer ce n’est pas seulement manifester, c’est parfois aussi agir au quotidien à notre échelle. Si on veut que les choses changent, chacun doit faire sa part ». – Nora Legrand, étudiante à l’Université Laval et membre de FEMUL

« Les gens militent pour deux raisons : pour changer les choses, pour faire avancer une idée, une cause ou un enjeu qui leur tient à cœur, [mais aussi] pour socialiser, pour entrer en lien avec un groupe, être partie prenante d’une organisation [et] pour faire avancer les choses pour la cause qui leur tient à cœur ». – Eric Montigny, professeur à l’Université Laval en science politique spécialisé dans le domaine du militantisme

Les gens militent en général pour des causes ou des problématiques qui rejoignent leurs valeurs et leurs idéaux lorsqu’ils jugent qu’il est temps d’agir, renchérit Mme Millette. Ils se joignent à d’autres personnes qui partagent leur intérêt pour une cause, dit-elle. Il est important de savoir « que ce n’est pas tout le monde qui a une cause à cœur qui milite, ni qui le fait de la même façon », précise-t-elle.

Militer : un droit ou un devoir?

Voir le militantisme comme un droit ou un devoir « dépend des gens », résume M. Montigny. Le chercheur précise que cela peut être vu comme un droit, appuyé par la Charte canadienne des droits et libertés, dans laquelle il est clairement indiqué que tout citoyen a le droit de s’associer et de s’exprimer. Par ailleurs, militer est aussi une « façon de se sentir représenté, d’avoir une société qui répond à ce que l’on veut, à ce que l’on aspire, une forme d’engagement » ajoute-t-il. Le militantisme fait ainsi partie intégrante de la démocratie, énonce-t-il.

Pour Josianne Millette, militer est aussi un droit dans le sens où la liberté d’expression et le droit à la manifestation sont des droits fondamentaux. Elle nuance cependant cette affirmation : militer est un droit dans la mesure où « ils ne briment pas d’autres droits et libertés ». Du point de vue des militants, ajoute la professeure, militer est surtout un devoir, un avis partagé par Rosalie Drainville :

« militer est un droit et non pas un devoir. Le devoir du citoyen est selon moi de ne pas être ignorant face aux différents enjeux/débats de la société. Le devoir est de s’informer, se forger une opinion et de voter. Mais militer reste selon moi un droit que le citoyen peut choisir de pratique ou non. » – Rosalie Drainville, étudiante à l’Université Laval et militante contre le racisme et pour l’environnement