Les jeunes sont cyniques par rapport à la politique. Voilà une pensée commune au sein de la société québécoise. Malgré le mouvement étudiant de 2012, cette perception envers les jeunes demeure toujours d’actualité. Bien qu’il s’avère impossible de confirmer ou d’infirmer les fondements de cette pensée, des solutions peuvent tout de même être mises de l’avant afin de contrer les effets néfastes du désintérêt des jeunes envers la politique.

Il faut d’abord signaler qu’il existe un problème de distinction entre les termes cynisme et désintérêt politique. Selon Charles A. Carrier, professeur en science politique au cégep Garneau, il faut bien distinguer ces deux notions, afin d’élaborer les bonnes stratégies pour amener les jeunes à changer leur perception envers la politique.

Toutefois, il existe déjà au sein de la société québécoise, de nombreux moyens mis en place au fil des années pour amener les citoyens à se conscientiser et à lutter pour des projets de société. Il suffit de penser aux associations étudiantes, les Forums jeunesse, le bénévolat dans des organismes, etc.

Ces nombreuses implications peuvent  amener les jeunes à se poser davantage de questions par rapport à la politique et ses impacts sur la société. De plus, ces petites implications peuvent parfois mener à de grands bouleversements, comme le souligne Agnès Maltais, députée péquiste dans Taschereau.

 

Fabien Lavallée-Imhof, étudiant en science politique à l’Université Laval et ancien participant au Parlement étudiant du Québec (PEQ), juge de son côté que le militantisme politique est certes une implication difficile, mais très enrichissante pour les citoyens.

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Comprendre le système pour susciter l’intérêt

Depuis plus de cinquante ans, des centaines de jeunes participent à des simulations parlementaires comme Le parlement jeunesse du Québec (PJQ) et Le parlement étudiant du Québec (PEQ). Elles permettent d’introduire les jeunes sur la réalité du travail de parlementaire. Selon Lény Painchaud ancien participant au PJQ, cette expérience est aussi enrichissante pour nourrir l’intérêt envers la politique, que pour prendre connaissance de son rôle de citoyen.

En plus de permettre aux jeunes de développer une vision plus réaliste du rôle de parlementaire, le député libéral André Drolet croit que les étudiants participants à ces simulations peuvent devenir par le fait même des leaders pouvant expliquer la complexité du métier de député.

Certains jeunes peuvent aussi s’impliquer dans les Forums jeunesse ; des organisations régionales qui favorisent l’implication dans la vie citoyenne. Une initiative, dont le financement gouvernemental a été abandonné, situation que dénonce Raymond Hudon, professeur en science politique à l’Université Laval.

Des députés plus près des jeunes?

Les jeunes ont souvent des visions négatives du rôle de député, probablement à cause de ce qu’ils entendent dans les médias, sur Internet et dans leur entourage. Une perception négative qui malheureusement ne reflète pas toutes les dimensions de la vie d’un député.

Bien que cette vision du rôle de député soit biaisée par certaines opinions individuelles, il demeure qu’au cours des dernières années, le rôle de politicien a été entaché par des scandales et des situations peu éthiques politiquement parlant. Il n’y a qu’à penser aux révélations dévoilées lors de la commission Charbonneau.

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Malgré la gravité de ces allégations, certains députés conviennent qu’il peut être possible de regagner la confiance des citoyens en améliorant certains aspects de leur rôle, comme la présence sur le terrain, ainsi que le maintien d’un canal de communication entre les citoyens et les élus.

Toutefois, malgré cette bonne volonté de la part de représentants du pouvoir, il faudra beaucoup de travail pour changer des perceptions qui sont souvent bien ancrées chez certaines personnes comme le souligne Charles A. Carrier.

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Monsieur Carrier ajoute d’ailleurs que le cynisme et le désintérêt politique ne touchent pas uniquement les jeunes, mais bien une grande proportion de la population, comme le démontrent les chiffres du tableau ci-dessous.

Crédit tableau : L'Actualité
Crédit tableau : L’Actualité
Les médias : Un outil inefficace?

Améliorer la couverture médiatique de la politique pourrait s’avérer également une solution efficace pour lutter contre le cynisme.

En effet, la plupart du temps les grands médias accentuent leur couverture politique sur les projets de loi qui sèment la divergence et les grands débats à l’Assemblée nationale. Une situation qui peut grandement entrainer davantage de cynisme chez les jeunes, c’est du moins ce qu’avance Sébastien Proulx et André Drolet du Parti libéral.

 

 

Enseigner la citoyenneté?

Auparavant, les écoles secondaires offraient un cours d’introduction à la politique, celui-ci visait à faire comprendre aux jeunes le système politique et le rôle du citoyen. Une initiative qui pourrait s’avérer efficace si elle était implantée de nouveau au secondaire ou dans les Cégeps.

« Il faut que les jeunes comprennent qu’une démocratie fonctionne seulement quand les gens s’en mêlent. La démocratie c’est le gouvernement par le peuple, c’est lui qui élit des représentants, mais pour ça il faut que les jeunes prennent l’habitude de voter, de prendre la parole en public, de se regrouper […] Il faut que les jeunes comprennent leur univers et l’appréhendent et cela passe par l’engagement. » affirme madame Maltais.

Monsieur Raymond Hudon, pour sa part, émet des doutes sur la réelle volonté des gouvernements à vouloir former adéquatement les jeunes en tant que citoyens.

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Sur papier, ce projet de cours d’introduction à la politique semble une bonne idée pour former la jeunesse, toutefois Lény Painchaud émet certaines réserves quant à l’efficacité du cours.

En effet, monsieur Painchaud croit que les étudiants qui suivraient ce cours le verraient davantage comme une étape obligatoire pour obtenir un diplôme, à la place de le considérer comme exercice formateur pour un futur citoyen.