Président de la FPJQ de 2007 à 2009, François Bourque est d’avis que la période «d’âge d’or» que traverse le journalisme d’enquête est une occasion pour les médias traditionnels de se démarquer. «De la vraie enquête rigoureuse et documentée, les blogueurs n’en font pas», note François Bourque. Le journalisme d’enquête est aujourd’hui «valorisé et primé». À l’origine d’enquêtes publiques comme la commission Charbonneau et la commission Gomery, il y a eu des enquêtes journalistiques.

Ainsi, selon lui, trois choses permettent aux journaux de se démarquer : l’information locale, l’enquête et l’opinion. Le chroniqueur du Soleil demeure optimiste malgré la crise que traversent actuellement les entreprises de presse. Celui qui a été journaliste au Journal de Québec pendant près de 20 ans, puis directeur de l’information au Soleil de 2001 à 2006 est convaincu de la nécessité d’une information «sélectionnée, expliquée, vulgarisée et mise en contexte» par les journalistes. La contribution des blogueurs et des groupes de citoyens amène plus d’information et de points de vue, mais une information objective et indépendante demeure un besoin. Le travail du journaliste est donc plus pertinent que jamais.

L’ancien président de la FPJQ estime que les craintes manifestées par la FPJQ en 2008 lors de la fermeture des salles de nouvelles de TQS ne se sont pas avérées fondées. On craignait alors une diminution de la couverture de l’information à l’extérieur de la métropole. Le chroniqueur raconte que lorsque Gesca a acheté Le Soleil, il y a d’abord eu «une volonté de faire des journaux de Gesca un grand réseau». Cette tendance n’a pas duré. Comme le contenu des journaux a diminué depuis, les pages qui restent sont occupées par de la production locale, explique-t-il. Le Soleil est ainsi devenu un journal plus local qu’il ne l’était auparavant, croit-il. Quant à son compétiteur, le Journal de Québec, le chroniqueur observe que la part de contenu importé du Journal de Montréal touche des sujets généraux, comme le sport professionnel, qui n’empiètent pas sur la place réservée à l’information régionale.

Le public mieux servi par un statut professionnel et la protection des sources

La reconnaissance d’un statut de journaliste professionnel aurait été  une sorte «d’outil de marketing permettant de reconnaître l’information la plus fiable», estime François Bourque. Ce statut ne serait pas une panacée, admet-il, mais il est plus que jamais pertinent de pouvoir identifier les gens qui adhèrent à un certain nombre de valeurs dans la production de l’information.

Tout comme au temps de sa présidence à la FPJQ, la protection des sources demeure souhaitable, dit-il. En l’absence de protection, c’est la possibilité pour les journalistes d’avoir accès aux sources qui est compromise. «On ne veut pas de partie de pêche dans les salles de nouvelles ni que les gens se mettent à craindre, quand ils voient arriver un journaliste, que quelqu’un ramasse de la preuve qui sera utilisée contre eux ensuite», illustre-t-il.  Mais il n’y a pas «de crise urgente à chaque matin» à ce sujet, conclut-il. D’autres choses dans le métier sont plus préoccupantes. Comme quoi? «La rapidité à livrer!». La pression pour publier rapidement, sur diverses plateformes, s’est accentuée avec les nouveaux médias. Il est toutefois d’avis que les erreurs liées au manque de temps consacré à la vérification sont d’une certaines manières récupérées par le système : «L’info circule tellement vite qu’elle trouve à se vérifier, le contrepoids arrive très, très vite, ce qui compense probablement un petit peu pour la vitesse avec laquelle tu la diffuses».

Enfin, François Bourque réfute l’opinion voulant qu’il y ait aujourd’hui trop de chroniques dans les médias. Il convient tout de même que «ça devient épuisant de rester à jour sur tous ces points de vue». Il déplore aussi que le vocable «chronique» désigne toutes sortes de choses, dont des billets d’humeur dépourvus de toute démarche journalistique. «Il y a une différence entre de l’humeur et du Boisvert», illustre-t-il. La chronique aide à mieux comprendre l’information dit-il. Et elle sert aussi, parfois, à distraire : «Le journal là pour informer mais aussi pour divertir […]. La Presse+ a ajouté des mots croisés, les gens en veulent».