Dans la province du Québec, les personnes dites «itinérantes» sont nombreuses, or l’hiver approche, il est donc important pour ces personnes d’échapper aux températures glaciales. La nuit des sans-abris s’est déroulée le 18 octobre dernier, son rôle était de rassembler les personnes itinérantes mais aussi de les informer sur des solutions de logement. Or, d’après les bénévoles sur place, peu sont les itinérants qui se tournent vers un logement autre que ceux d’urgence proposés par de nombreuses associations.
Lorsque l’on est itinérant et que l’on recherche un logement d’urgence, il est possible de composer le 211 qui est un service d’aide téléphonique. Louise Simard était présente lors de la nuit des sans-abris le 18 octobre dernier, place de l’Université. Sur le stand du service téléphonique, son rôle était d’informer les itinérants sur ce numéro d’urgence.
«On compose le 211, on exprime son besoin, et à partir de là on va trouver les ressources disponibles pour répondre à ce besoin », explique Louise Simard. Trouver un hébergement d’urgence pour les personnes en situation d’itinérance fait partie des missions selon l’éditrice de base de données : « On va trouver les ressources disponibles en hébergement d’urgence pour répondre aux besoins autant des hommes que des femmes. » Enfin, celle qui assure la fiabilité des coordonnées conclut à propos du réel problème dans l’aide sociale aujourd’hui : «Les grands enjeux qu’on a ces temps-ci dans le communautaire et dans l’hébergement d’urgence, c’est le manque de personnel. »
Un logement plus pérenne
Le passage dans les logements d’urgence fait état d’une situation de grande précarité et est insatisfaisante pour les individus qui n’ont pas d’adresse fixe. Or, selon les bénévoles présents lors de la nuit des sans-abris, ne pas avoir d’adresse fixe est un réel handicap dans nos sociétés car cela rend très difficile de nombreuses démarches administratives, telles que la recherche d’un travail ou une demande d’aides financières. Les Maisons de Chambre sont des logements privés, proposés à prix bas afin d’aider les personnes en situation d’itinérance à sortir de la rue de manière durable. Ce sont donc des alternatives plus durables que le logement d’urgence tel que les refuges. À Québec il y a environ 1300 chambres appartenant à des propriétaires privés qui sont utilisées comme des maisons de chambre.
Ces habitations sont disponibles pour toutes personnes qui en feraient la demande, sans aucun engagement de leur part. Isabelle Descoteaux, membre du Comité Maisons de chambre dit: «C’est une option très importante pour que les gens puissent se loger. S’il n’y avait pas de maisons de chambre, des gens seraient à la rue ». Les personnes dans le besoin peuvent donc contacter le Comité Maisons de chambre par téléphone ou bien en se rendant dans les locaux situés rue Saint-Joseph, afin qu’ils soient référés à des services telles que l’association Accroche-Toit. « Quand les gens sont assez autonomes pour faire les démarches, on les réfère dans des ressources qui font vraiment de l’accompagnement dans la recherche de logement. » explique Isabelle Descoteaux.
En effet, le rôle principal du comité n’est pas de trouver des logements mais c’est plutôt « d’améliorer les conditions de vie des chambreurs. » La membre du comité explique : « On fait des démarches en collaboration avec la Ville de Québec. Au niveau de la réglementation il y a des choses qui sont mises en place afin de mieux protéger les gens logés en maisons de chambre. » En effet, les personnes qui sont en chambre ne signent pas de bail, ce sont des ententes verbales, elles pensent donc qu’elles n’ont pas de droits. Cet aspect des maisons de chambre fait partie « des volets sur lesquels on travaille, le but c’est de faire connaître leurs droits aux chambreurs » explique Isabelle Descoteaux.
La Maison de chambre est donc une étape à franchir avant de sortir de la rue. En effet, avec ce système la transition se fait plus doucement car les personnes ont encore les salles d’eau, ainsi que les cuisines qui sont communes. Isabelle Descoteaux explique: « Pour quelqu’un qui sort de la rue ça prend beaucoup d’accompagnement pour l’entourer. La chambre peut donc servir de transition. Souvent, pour des gens qui n’ont pas été en logement depuis longtemps, le fait d’avoir une chambre est plus adapté à leur réalité et à leurs besoins. » De plus, l’esprit communautaire des maisons de chambre peut contrer la solitude parfois ressentie dans des périodes difficiles. La membre du comité dit: « Il y a beaucoup de personnes qui vivent de solitude et d’isolement, et quand ils tombent sur une bonne maison de chambre avec un esprit communautaire, il y a des liens qui vont se créer. »
Le parcours après être passé par les maisons de chambre varie énormément en fonction des personnes : « Il y en a qui vont se stabiliser et habiter là pendant 15-20 ans. Et puis il y en a d’autres qui vont vivre des périodes d’itinérance, des séjours en prison ou en hôpital pour des difficultés en santé mentale. C’est assez instable comme parcours » explique Isabelle Descoteaux. Mais le bilan est tout de même positif la majorité du temps : « Il y en a quand même beaucoup qui sont en chambre pendant une période de leur vie et qui après réussissent à se remettre sur pied. »
La Politique nationale de lutte à l’itinérance définit l’itinérance comme « un processus de désaffiliation sociale et une situation de rupture sociale qui se manifestent par la difficulté pour une personne d’avoir un domicile stable, sécuritaire, adéquat et salubre en raison de la faible disponibilité des logements ou de son incapacité à s’y maintenir et, à la fois, par la difficulté de maintenir des rapports fonctionnels, stables et sécuritaires dans la communauté ».
Selon le site officiel du gouvernement du Québec, les itinérants sont principalement des hommes adultes qui se retrouvent dans les abris et les refuges. Mais il y a également de nombreuses femmes, même si leur présence dans la rue est moins apparente, alors que leur nombre est en croissance. Cela est dû au fait que les femmes développent des stratégies de survie qui les rendent moins visibles. Les personnes en situation d’itinérance vivent dans des conditions extrêmes et insalubres. Elles sont souvent mises à l’écart et méprisées par la société. On remarque cette mise à l’écart par exemple lors des périodes d’élections où il est difficile pour elles de voter.