Univert Laval demande à l’administration de l’Université Laval de revoir sa position sur l’eau embouteillée. L’association environnementale étudiante, qui mène une bataille en ce sens depuis maintenant cinq ans, s’étonne que l’eau en bouteille soit encore en vente sur le campus lavallois alors qu’une dizaine d’institutions d’éducation au Québec l’ont banni de leurs établissements.

Dans la province de Québec, pas moins de cinq universités et six cégeps ont pris ce virage dans une optique de développement durable, dont les universités de Montréal, Concordia, de Sherbrooke et McGill. « Ces établissements envoient un signal fort à l’industrie de l’eau embouteillée, notamment leur capacité à se passer de ce bien de consommation pratique, mais qui n’a absolument pas sa raison d’être à l’époque actuelle », exprime Univert Laval dans un manifeste qu’elle a récemment remis au vice-recteur exécutif de l’Université Laval, Éric Bauce.

À l’Université de Montréal, où l’eau embouteillée est introuvable depuis bientôt deux ans, le coordonnateur au développement durable Stéphane Béranger dresse un bilan « très positif » de l’opération. « C’est un franc succès et on ne reviendrait pas en arrière », assure-t-il. L’initiative touche 85 000 personnes, étudiants et employés et a permis de réduire de 80 000 le nombre de bouteilles d’eau sur le territoire de l’université montréalaise.

M. Béranger explique que l’idée de retirer l’eau embouteillée est d’abord venue des étudiants, qui ont fait parvenir à la direction de l’Université une pétition et qui ont obtenu l’appui des syndicats d’employés. Un long processus s’est ensuite enclenché afin de préparer la communauté, notamment par de l’affichage et en mettant en valeur les fontaines d’eau. Aujourd’hui, dit-il, les bienfaits pour l’environnement sont notables.

Stéphane Béranger admet toutefois que le contexte était alors favorable pour un changement radical, puisque les concessions alimentaires de l’Université de Montréal sont gérées à l’interne et que son contrat avec un grand embouteilleur venait à échéance à l’époque. La situation est différente à l’Université Laval, où les concessions alimentaires sont gérées par plusieurs entités à l’externe.

Se responsabiliser

Pour justifier son refus d’abolir les bouteilles d’eau, la direction de l’Université Laval affirme que le maintien de saines habitudes de vie est plus important que l’abolition d’un produit spécifique. Suivant ce raisonnement, abolir les bouteilles d’eau reviendrait peut-être à faire la promotion d’autres produits moins santé.

D’un autre côté, pour favoriser l’utilisation de l’eau publique, des fontaines et des verres sont désormais disponibles dans tous les points de vente sur le campus depuis le dernier renouvellement des ententes avec les concessions. Sans faire l’apologie de l’eau en bouteille, la direction refuse finalement toute approche coercitive dans ce dossier.

«L’Université souhaite amener les gens à se responsabiliser dans leurs choix individuels, en incitant à la consommation d’eau publique et à la réduction de l’utilisation de l’eau embouteillée », peut-on lire sur le site web de l’Université.

Univert Laval persévère

De son côté, malgré les échecs de ses efforts de mobilisation contre la vente de bouteilles d’eau, Univert Laval conserve des appuis importants au sein de la communauté lavalloise. Le récent manifeste de l’association étudiante a reçu le soutien de 14 des 17 doyens de faculté, ainsi que des associations représentant les étudiants de premier cycle (CADEUL) et des cycles supérieurs (AELIÉS). Une pétition initiée par Univert Laval afin d’inciter la direction à changer les politiques de l’université sur l’eau a également récolté plus de 4000 signatures.

Jean-Sébastien Gauthier, coordonnateur général de l’association environnementale, reconnaît que l’Université Laval a fait des progrès importants en faisant la promotion de l’eau publique, mais l’enjoint néanmoins à faire plus. Elle lui demande d’intégrer des mesures concrètes dans son plan d’action 2015-2018.