Les problèmes environnementaux sont présentement parmi les préoccupations de plusieurs personnes. L’un des défis importants pour la protection de l’environnement est le traitement des eaux usées au Québec. Au cœur de cet aspect se retrouvent les infrastructures qui effectuent cette action. Celles-ci présentent plusieurs défis selon Paul Lessard, professeur au département de génie civil et de génie des eaux de l’Université Laval.

L’une des composantes essentielles du traitement des eaux usées au Québec est la gestion des infrastructures. Paul Lessard explique que les installations d’assainissement des eaux sont assez récentes au Québec : « Avant 1975, il n’y avait presque aucune infrastructure pour le traitement des eaux usées. Le gouvernement en 1978 a instauré le programme d’assainissement des eaux. C’est finalement autour du milieu des années 1990 que la plupart des villes québécoises avaient un système d’égouts». Ainsi, la majorité des installations de traitement des eaux est plutôt en bon état en raison du jeune âge des constructions.

Les efforts des différents gouvernements provinciaux depuis les années 1970 ont permis de moderniser les infrastructures de traitement des eaux des villes québécoises. Par contre, certaines villes comme Montréal et Québec ont des parties de leur réseau qui sont anciennes. Il faut alors parfois effectuer des travaux de maintenance et d’inspection des canalisations les plus vétustes.

Un des enjeux qui retient l’attention dans l’actualité est le déversement volontaire d’eaux usées non-traitées dans les cours d’eau, l’épisode le plus célèbre étant celui s’étant déroulé à l’automne 2015 à Montréal qui a été surnommé le « flushgate». Cet événement avait suscité la colère de nombreux groupes écologistes et avait mis à l’avant-scène l’enjeu de la protection de l’eau. Pour Paul Lessard, il s’agit pourtant d’un mal nécessaire : « Les stations d’épuration sont construites pour traiter un certain débit. Passé ce débit, la station ne peut pas le prendre et on va envoyer les surplus vers les cours d’eau.» La situation est la même pour les réseaux d’égout, ceux-ci peuvent déborder lorsqu’il y a d’importantes pluies. Selon M. Lessard, pour augmenter la capacité des systèmes de traitement d’eau, il faudrait des investissements majeurs de la part des gouvernements. 

Crédit: Vincent Rioux-Berrouard

Des différences à travers la province

Bien que les grandes villes soient dotées d’infrastructures pour le traitement des eaux usées, 93 municipalités du Québec  rejettent toujours des eaux non traitées dans les cours d’eau faute de disposer des installations adéquates, selon la Fondation rivières. « Les installations qui restent à faire sont dans de petites, très petites municipalités de quelques centaine de personnes pour lesquelles construire ce type de système représente des coûts faramineux», ajoute M. Lessard. Il existe des programmes gouvernementaux pour ces villes et villages.

Il existe plusieurs municipalités au Québec où les citoyens ne sont pas raccordés à un réseau d’égouts. Ces personnes doivent alors être équipées d’une fosse septique. Patrick Gagnon est directeur général de Campor Environnement, une compagnie qui effectue la vidange des boues septiques dans ce type d’installation. Le traitement de ces matières est important pour ne pas nuire à l’environnement. M. Gagnon nous explique la façon de faire pour traiter les boues septiques : « Tout d’abord, on laisse reposer la matière pour séparer le liquide et le solide. Ensuite, la matière solide, après avoir été traitée, sera utilisée comme matière fertilisante». Il s’agit d’une technique qui permet de protéger l’environnement parce que l’eaux usées n’est pas rejeté dans la nature.

Évidemment pour assurer une surveillance de la conformité environnementale de toutes les techniques de traitements des eaux usées, il y a le ministère de l’Environnement du Québec. Le travail que cette institution a effectué est énorme en raison du grands nombres d’acteurs qui œuvres dans le domaine que ce soit les municipalités ou les entreprises. D’ailleurs, M. Gagnon affirme qu’il y a parfois des délais assez longs avec le ministère, ce qui n’est pas une situation idéale pour son entreprise.

Les défis à venir

Dans la lutte pour la protection de l’environnement, le traitement des eaux usées est capital.Il s’agit d’un domaine qui apporte toujours de nouveaux défis. La plupart des stations d’épuration ont été construites pour traiter les polluants qui existaient à l’époque. Ainsi, l’un des enjeux dans les prochaines années pour Paul Lessard concernant les systèmes de traitement des eaux sera de traiter de nouvelles matières polluantes utilisées dans le cadre des techniques de traitements de l’eau actuelles. Le professeur au département de génie civil et de génie des eaux de l’Université Laval explique : « Au cours des prochaines années pour les stations municipales, on va commencer à traiter des substances comme le phosphate et l’azote».

L’azote et le phosphate sont des composantes difficiles à éliminer en raison des systèmes de traitement actuels. Comme l’explique M. Lessard, au Québec, nous avons des bassins aérés pour le traitement des eaux usées. Or, ces bassins n’ont pas été conçus pour retirer de telles substances. Le phosphate est l’élément qui est responsable de la prolifération des algues bleues. 

Le retrait des polluants de l’eau est un secteur dans lequel il y a beaucoup de recherche dans les milieux universitaires. M. Lessard dit: « On a des collègues qui travaillent à l’enlèvement des métaux. Il y en a d’autres qui travaillent sur les contaminants émergents ou sur le phosphate et l’azote». Ainsi, le secteur du traitement des eaux usées en est un qui est en constante évolution.

Pour sa part, Patrick Gagnon mentionne que le domaine du traitement des eaux en est un dans lequel il y a toujours des développements technologiques. Il s’agit donc d’un défi pour sa compagnie de suivre toutes les nouvelles innovations qui permettent d’améliorer l’efficacité du traitement des eaux usées.