Depuis une dizaine d’années, les magasins d’occasion fleurissent dans le centre de Québec. Le « seconde main », un plaisir de dénicher le vêtement, l’objet « vintage » ou tout simplement, une bonne manière de faire des économies ? Une chose est sûre, les friperies ont du succès auprès des Québécois.

Rue du pont, numéro 305. En entrant dans le magasin, il est facile de se rendre compte qu’il ne s’agit pas d’un commerce comme les autres. Sur la gauche, les jouets pour enfants enchevêtrés, un panier rempli de peluches par-ci et un chariot présentant des jeux de société par-là. Contre la fenêtre, quelques livres sont empillés. A quelques mètres, les robes et les gillets de petites filles côtoient les gros blousons d’hiver. Les clients trouvent un peu de tout et de rien à la friperie du Café-rencontre. Tant des vêtements que des casques de moto, des livres et des vieux DVD, « le tout à des prix défiant toute concurrence ! » s’exclame Renée Huot, gérante de la friperie. Occupée à la gestion des derniers dons dans l’arrière boutique, elle n’hésite pourtant jamais à saluer les clients.

« La friperie du Café-rencontre fonctionne par des dons. Nous travaillons en association avec le Café-rencontre, situé rue Saint-Joseph, un organisme non lucratif qui offre la soupe populaire aux habitants de Québec. Tous les bénéfices réalisés au sein de la friperie sont reversés à l’association et ça marche très bien ! » confie Renée Huot.

En effet, en quelques minutes, plusieurs nouveaux clients viennent d’entrer. L’image de la personne ayant des faibles revenus qui vient s’habiller dans les magasins de seconde main est, tout de suite, effacée. Ici, la clientèle est diversifiée.

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Tout le monde « fripe »

D’après une étude réalisée par l’Observatoire ESG UQAM de la consommation responsable, en 2013, près de 74% des Québécois ont pratiqué l’achat d’occasion dans la dernière année. Ces sondés sont motivés, pour la majorité, par le respect de l’environnement. Ils désirent utiliser les objets qui peuvent encore servir au lieu d’acheter du neuf. L’opposition au système de consommation traditionnel vient sur la deuxième marche du podium. Enfin, le désir d’une chasse au trésor et la nostalgie des modes passées motivent également les « brocanteurs ».

Ce qui fait du bien à la nature, fait également du bien au portefeuille, pour Julie (nom d’emprunt), la raison de sa venue dans une friperie est essentiellement économique.

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Un peu moins ancrée dans les moeurs, la vente de produits déjà utilisés se fait plus rare à Québec : 41% des sondés ont pratiqué la vente de produits d’occasion dans la dernière année. Les Québécois seraient-ils plus enclins à donner? « On reçoit des sacs remplis de vêtements chaque semaine, ça n’arrête pas » explique Renée Huot. De plus, la friperie possède une soixantaine de bacs de récupération situés un peu partout sur le territoire de la ville de Québec. Un plus dans la récolte de ces biens si précieux. Renée Huot passe son temps, aidée de bénévoles, à trier ces nombreux vêtements. Elle garde, ainsi, les moins usés pour le magasin. Pour le reste, une firme située à Montréal achète à la Livre, afin de récupérer le tissu et de réaliser de nouveaux chefs-d’oeuvre. Rien ne se perd, tout se transforme.

L’ancien est à la mode

« La mode est un éternel recommencement » et les propriétaires du Rétro Bordello l’ont bien compris.  Collée à un restaurant cubain, l’étroite boutique du 185 rue St-Joseph attire directement par sa vitrine haute en couleur. Il suffit de pousser la porte pour se retrouver propulsé une bonne vingtaine d’années en arrière.Quel joyeux bazar ! Des poupées rétro cotoient des drapeaux d’équipes de hockey sur glace et des objets d’électro ménager tout droit sorti des Trentes Glorieuses. Le brouhaha de la rue tranche directement avec l’ambiance particulière de la boutique. Le grondement des voitures laisse place à un vinyle de Blues et les gazs d’échappements sont remplacés par une légère odeur d’encens.

« Nous avons lancé le magasin il n’y a même pas un an, s’enthousiasme Mathieu, propriétaire des lieux. Le magasin est né d’une passion. Fuiner dans les vides garages afin de dénicher l’objet unique qui nous plaira ». Ici, il n’est donc pas question de dons, comme c’était le cas au Café-recontre. « Mais certains cliens savent ce qu’on recherche et nous vendent des objets » tempère Annie, co-propriétaire qui se réjouit également du succès du Rétro Bordello. 

Selon le couple de propriétaires, les clients recherchent souvent des objets particuliers, qu’on ne retrouve pas ailleurs. « Beaucoup de personnes viennent de Montréal car les prix sont plus abordables. Mais avant tout, les clients viennent pour l’amour du rétro ».

Le centre de Saint-Roch est en plein essor, un lieu parfait pour cette nouvelle boutique qui ne cesse de s’épanouir. Mais qui dit objet rétro, dit chasse aux trésors, ces jeunes propriétaires auraient-ils bon flair?

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De 7 à 77 ans

De la première Nintendo, à la machine à écrire, en passant par des sacs à main datant des années 70, le magasin est fait pour tous les âges « comme les bons vieux jeux de société, de 7 à 77 ans » sourit Mathieu. L’ancien serait-il à la mode alors ? Le « seconde main », certainement. Les motivations changent en fonction des personnes et des âges. Alors que certains pourront dépenser une soixantaine de dollars pour un téléphone « vintage », d’autres payeront leur robe de soirée deux pièces. Dans ces magasins bien rangés ou plein à craquer, les « brocanteurs » de quelques heures sont là pour dénicher la perle rare. Dans tous les cas, les friperies ont dépassé l’image poussiéreuse qu’elles trainaient et sont de plus en plus populaires auprès des Québécois.